lundi 16 février 2009

Le français dans la francophonie

La langue française, héritée de la colonisation, a donné la base à de nouveaux dialectes de plus en plus enracinés dans la culture locale des capitales francophones. J'ai découvert ce site qui offre un lexique bien fourni de nombreux mots et expressions que l'on entend tous les jours dans les rues d'Abidjan, de Libreville, de Conakry, etc. J'en relève quelques-uns pour vous donner une idée. Je me lasse pas d'en lire !

http://www.unice.fr/ILF-CNRS/ofcaf/


Revue numéro 16 et 17 – Le français en Cote d'Ivoire

abana ! interj. (du mandenkan , "il a fini" ), vieilli , oral, écrit, fam. Terminé ! Fini! Plus question ! Abana ! je n'en parle plus, j'ai compris. (Militaire, Bouaké, 1977). Moi, les taxis*-brousse après ça ? Abana ! (Enseignante, Daloa, 1984).

accélérateur, n.m. Fréq., oral, mésolecte, basilecte. V. KANKANKAN*. Aphrodisiaque. Le vieux là, il cherche le bon accélérateur parce qu'il va marier* encore. (Etudiant, Abidjan, 1976). Des accélérateurs, tu en trouves partout sur le marché. Il y a beaucoup d'hommes qui en achètent, tu sais. (Informateur, Abidjan, 1984). Un accélérateur, c'est bon pour un homme quand il a des problèmes pour faire* beaucoup et souvent avec sa go*. (Infirmier, Abidjan, 1987).
SYN.: cancan*, chargeur* de batterie, coup* de démarreur, démarreur*, kankankan*, poudre* cancan, poudre* de démarreur.

accorder la route, loc.verb. Fréq., (calque de nombreuses langues locales), acrolecte, recherché. Donner à un invité l'autorisation de se retirer. Chef, accorderas-tu la route à tes amis ? (Conversation, Adzopé, 1983). L'usage veut que le visiteur fasse la demande trois fois avant que l'hôte lui accorde la route. (Notes d'un informateur, Odienné, 1986).
SYN.: donner la route*. demander la route*.

acharnément, adv. Dispon., vieilli, oral, écrit, mésolecte. Avec acharnement. Je travaille toujours acharnément et je n'arrive pas pour la moyenne. (Etudiant, Abidjan, 1978). Il s'est battu acharnément mais l'autre était plus fort. (Lycéen, Bingerville, 1989).

gahou, [gau], n.m. V. GAOU*. Gaou/gahou ; paysan, nigaud. Première leçon de français de Moussa*. Jeune Afrique, 24/30.07.1996 : 95.

gâter, v.tr. Usuel, oral, écrit, surtout mésolecte, basilecte.

1- Verbe outil qui peut remplacer tout autre verbe impliquant l'idée de destruction : détruire, démolir, endommager, pourrir, gâcher, abimer, etc. Maintenant que je suis une moitié d'homme, que je n'ai plus de membres, que j'ai un oeil gâté, vous n'allez plus m'aimer. Anoma Kanié, 1978 : 294. Ce grand garçon que les études n'avaient pas gâté irrémédiablement [.]. Du Prey, 1979 : 38. Moi je dis que le monde est gâté, Grand Dieu, y a plus d'enfants ! Oussou-Essui, 1979 : 22. Kouassi, il me semble que tu parles trop, c'est la France qui t'a gâté comme ça ? A. Kouadio, 1983 : 60. Il m'a demandé d'amener [: le magnétophone] à la maison [.] parce que l'appareil est gâté. FM., 15.04.1983. Vraiment mon petit frère* il est gâté, il est foutu. Otitro, 1984 : 64. Chemin faisant, je me dis : "Mais ils sont gâtés, ils sont perdus... Je ne me droguerai jamais." Otitro, 1984 : 47. Notre pays est gâté. L'Afrique est gâtée. Guenaman Colbert, 1985 : 31. "Regarde téléphone !"-" C'est gâté ! Jano, 1987 : 8. Tout l'argent est gâté!!! Jano, 1987 : 2. Les autres surveillaient les troupeaux pour ne pas qu'ils aillent gâter le mil [.]. Deniel, 1991 : 49. Quant au verbe gâter, il s'emploie à l'infini aux sens propre et figuré et toujours sans pronom. Synonyme d'abîmer, nuire, pourrir, rater, détruire, endommager, casser, compromettre, user, dénigrer, calomnier, c'est un mot clef dont les aléas de la vie ivoirienne imposent souvent l'usage : c'est gâté y a rien à faire. Krol, 1994 : 210. [.] parce que l'hôpital, il faut voir son état, c'est gâté, la maternité comme le reste. Krol, 1994 : 74.

2- Entre dans la composition d'un certain nombre de locutions :

a)- gâter l'affaire, faire échouer une entreprise. Bon ca va pour aujourd'hui mais silence hein? Ne gâtez pas mon affaire! Krol, 1994 : 21.

b)- gâter la réputation, médire. Tu demandes pourquoi ? Ben parce que tu as gâté la réputation de sa moitié.[.] Signaler une secrétaire à son patron ! Tente de le faire [.]. Guenaman Colbert, 1985 : 29.

c)- gâter la tête, influencer qqun dans un mauvais sens, faire perdre tout bon sens. Certaines familles refusent farouchement d'envoyer les filles à l'école, soit pour garder le fruit de leur travail, soit pour qu'elles n'aient pas la tête gâtée par les études. Du Prey, 1962 : 188. Sa vieille toupie de tante lui avait-elle gâté la tête [.]. Du Prey, 1979 : 100. Votre race* tient beaucoup à l'argent, l'argent a gâté votre tête, comme on dit ! A. Kouadio, 1983 : 85.

d)- gâter le nom, ruiner la réputation d'une personne, faire perdre la face. Tu vois, tout ça par terre : manger, boissons, c'est gaspillage d'argent que tu as fait comme ça... ça au moins ce sont de bonnes funérailles*, ton nom ne sera pas gâté ! Bolli, 1977 : 36. Qui est parti* gâter mon nom comme ça ? Les gens mentent, ils racontent des choses à mon sujet ? C'est faux ! A. Kouadio, 1983 : 75. J'en ai assez de supporter la vie avec les escrocs, les voleurs et les gaspilleurs d'argent qui ont gâté mon nom partout ! Ekra, 1985 : 65. Mais maintenant je comprends qu'on gâte notre nom ici, on a mauvaise réputation, on nous prend pour des voleurs, coupeurs* de tête, tout ça*. A. Touré, 1985 : 66. Notre nom est gâté, dit Moussa. A la moindre chose les gens nous critiquent. Bonnassieux, 1987 : 121. Comme c'est mon frère*, il va peut-être gâter mon nom en disant que j'ai pris sa place. Deniel, 1991 : 146. /faut pas gâter ça /gâter notre nom-o /tu arrives chez quelqu'un /il te connait pas mais déjà il est fâché-o / parce qu'il ne sait pas /si tu es venu-o / pour chercher sa fille-o (Chanson "Anango plan". Groupe Didier et les parents* du campus., corpus T., 1994), Si tu m'avais dit que tu es découragée parce que ton homme t'a menti, je pourrais comprendre. Mais parce qu'il est ghanéen, vraiment*, tu gâtes ton nom. Top Visages, 30.03-05.04.1995. Les parents*, savez-vous que vous gâtez votre nom? Ivoir'Soir, 02/03/04.05.1997. Tu n'es pas fatigué d'interpréter les chansons des autres? Tu gâtes ton nom dè*. Ivoir'Soir, 28/29/60.11.1997. Elle est gentille comme ça et les gens gâtent son nom pour rien. (BD) Ivoir'Soir, 21.04.1998.

DER.: gâteur*.

e)- gâter le temps, faire perdre le temps (à qqun).Toi, quitte *là, tu gâtes mon temps! (Boy, Abidjan, 1981).

f)- gâter le ventre, faire avorter. Le gbass* a gâté son ventre ! (Revendeuse, Abidjan, 1981).

g)- ça gâté pas !, argot estudiantin, ça ne rate jamais ! [.] ça réussit toujours / ah ouais hein / ça gâté pas. (Corpus T., Abidjan, 1994). Tu sors avec un gars, ça gâté pas, tu gagnes* un ventre*! C'est ça moi, je te dis. (Revendeuse, Abidjan, 1990).

COMP.: gâté complet*, gâté fini*.

h)- gâté complet, (être ----), gâté fini (être ----), loc.verb. Fréq., oral, mésolecte, basilecte, fam., plaisant chez les intellectuels. Marque le point de non-retour de la destruction. "Etre totalement fichu". Ya pas courant !, ya pas téléphone, ya pas l'argent, Abidjan là c'est gâté complet ! (Gardien, Abidjan, 1982). Son enfant là, il prend ganja*, pépékallé*, tout ça là, trop même. Il est gâté fini ! (Chauffeur, Abidjan, 1983).


Revue numéro 14 – Le français au Gabon

gars, [gar] n.m. Usuel.
- Mec. Le gars que tu veux sensibiliser sur le sida il ne sait même pas quel médicament il faut prendre s'il a le palu*.(Jeune, étudiant, Libreville, 1998). Regarde cette fille en face de nous, gars, elle te fait des gestes*, moi à ta place je saute sur l'occasion.(in Bagouendi-Bagère, 1999).
- Petit ami. Tu as des pèbs* avec ton gars c'est ça ?(BD Boom, n°1, 10/1997 : 13). Salut, Pépé, je te présente Rat-Costar, mon gars ! (BD Boom, 1999 : 16). Dans la vie si je dois avoir un gars il faut qu'il soit comme dans les clips là*. (Etudiante, Libreville, 1998).

gazer, v.
- v.tr. Fréq., oral, argot urbain. Fatiguer. Au lit, je vais bien la gazer.(Lycéen, 20 ans, 1994). Le sport, ça gaze beaucoup. (Jeune, Port—Gentil, 1994).
- gazer la citrouille, loc.verb. Dispon., oral, fam. Assommer, raser.La vérité est toute simple : il y a bien longtemps que notre équipe nationale de foot a fini par me gazer la citrouille !(Le Bûcheron, 09-15/04/1997).

go, n.f., (du mandenkan),V. DJAG*. Comment ?… Ce que je fais là dans la merco* de mon boss*, devant ce lycée attendant la sortie des cours pour blazer* les go… (BD Boom, n°3, 4/1998).

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