Bon, en Occident la plupart des gouvernements font des subventions monstres pour soutenir des industries qui ne sont pas compétitives sur le plan international et qui tue les secteurs correspondants qui se trouvent dans ce qu'on appelle le Tiers-Monde et qui, objectivement parlant, sont plus productifs. On se souvient notamment du cas du coton qui revient toujours sur la table lors des réunions de l'OMC.
Mais de nos jours, on parle de plus en plus de Quart-Monde. Qu'est-ce que le Quart-Monde ? Petit tour sur Wikipédia et on peut lire: "Le quart-monde est cette couche de population la plus défavorisée, ne disposant pas des mêmes droits que les autres, et qui existe dans tous les pays, qu'ils soient riches ou pauvres." Eh oui, ce qui se fait dans le Tiers-Monde... ce fait aussi au sein même des pays occidentaux. Et là, je me dis qu'il serait temps que les populations du Nord s'implique. J'étais hier à la dernière journée du Sommet du Millénaire de Montréal 2009. Comme d'habitude, il a été question de l'Afrique, de la pauvreté, du Sida et il faut aider. Mais quelque chose qui revenait régulièrement de la part de certains intervenants c'était: "Le Club des petits-déjeuners permet d'offrir ce repas au Québec à 15 000 enfants défavorisés chaque matin", ou "Les peuples indigènes ont une espérance de vie de 10 à 20 ans inférieure à celle des populations non indigènes dans un même pays", ou encore "J'ai fait de l'humanitaire à travers le goble pendant plusieurs années, puis je suis revenu à Montréal pour aider à éradiquer la pauvreté dans ma ville pour ensuite retourner aider ailleurs, mais la tâche est tellement lourde, il y a tellement de choses inadmissibles qui sont subies chaque jour par nos propres enfants que je pense que je n'aurai plus l'occasion d'aider ailleurs..." Je veux dire quand des enfants qui sont nés dans un pays riche et stable comme le Canada sont si nombreux à ne pas manger le matin avant d'aller à l'école, il y a un problème. C'est pour cela qu'il faut parler de Quart-Monde. La crise permet justement de mettre en relief encore plus ces situations-là.
Et pour revenir à ce qui me turlupine, à savoir le cas de cette industrie automobile aux États-Unis qui est de moins en moins compétitive et que le gouvernement américain continue de soutenir (par symbolisme ?), voici ci-dessous l'avis de Mme Elgrably-Lévy là-dessus.
Et si on laissait mourir GM
Le Journal de Montréal, p. 29 Nathalie Elgrably-Lévy, 16 avril 2009
On apprenait lundi que le Trésor américain prépare la faillite de GM. La nouvelle attriste, choque et désole. Or, même si cela peut surprendre, le dépôt du bilan est très certainement la meilleure solution pour GM, pour les investisseurs, et pour les consommateurs, d'autant plus que les déboires de l'entreprise durent depuis plus 20 ans!
Pour plusieurs, une faillite équivaut à une sentence de mort, à une fin ultime. C'est vrai pour GM, mais l'est-ce également pour l'industrie automobile? La disparition de GM implique-elle que les Américains cesseront dorénavant d'acheter des voitures et qu'ils enfourcheront leurs vélos? Si leur amour pour l'automobile ne s'éteint pas avec GM, ne faudra-t-il que d'autres constructeurs prennent la relève pour répondre à la demande?
La faillite, c'est une manière de mettre fin à un modèle d'affaires insoutenable à long terme. Un tribunal reconnaît le fait que l'entreprise est incapable de payer ses dettes, procède à la liquidation de ses actifs, et rembourse ses créanciers dans la mesure du possible. Or, qui achèterait une usine de GM ou ses équipements si ce n'est pour construire des autos? Les emplois perdus chez GM seront donc remplacés par d'autres créés par les nouveaux propriétaires. Certes, les nouveaux emplois n'offriront pas des conditions aussi avantageuses que celles actuellement offertes par le géant américain. C'est normal puisque celles-ci sont en partie responsables du gouffre financier de l'entreprise, et que la faillite permet précisément de se libérer de telles ententes pour offrir des conditions qui assureront la pérennité de l'entreprise.
De plus, tant que GM est sous respirateur artificiel, des ressources précieuses et des capitaux servent à produire de manière inefficace des véhicules que les consommateurs trouvent médiocres. La faillite est avantageuse, car elle libère ces ressources qui peuvent ensuite être redirigées vers des productions plus appréciées et des entreprises plus innovatrices. Continuer à aider GM, c'est donc non seulement récompenser des dirigeants incapables de s'adapter à la demande, mais c'est aussi pénaliser des entrepreneurs brillants en les privant des ressources nécessaires à leur croissance et en leur imposant une concurrence aussi artificielle qu'inutile. Ainsi, la fermeture de GM permettrait, par exemple, aux capitaux et aux ressources de migrer vers Tesla, le constructeur de la Roadster, un véhicule entièrement électrique plus près des préoccupations du 21e siècle que les modèles proposés par GM.
L'Économiste Joseph Schumpeter emploie l'expression «destruction créatrice» pour décrire le procédé par lequel des entreprises innovantes se substituent à celles qui sont moins efficaces, ou dont le produit est simplement dépassé. C'est ainsi que le CD a remplacé le disque de vinyle et que les caméras numériques ont détrôné les légendaires Polaroïd. Aurait-il fallu subventionner les entreprises anachroniques pour les garder en vie?
Dans un monde en perpétuelles mutations, on s'acharne souvent à préserver le statu quo, comme si l'état actuel du monde était le meilleur possible. Mais nos efforts pour figer le passé nous font perdre de vue l'avenir. Dans le dossier de GM, ce n'est pas tant la faillite qui devrait nous choquer le plus, mais bien le fait que le constructeur prolonge son agonie en tardant à déposer son bilan. Le contribuable américain a déjà dépensé 13,4 milliards pour «sauver» le constructeur, et on se retrouve au même point qu'il y a quelques mois. Ce genre d'aide équivaut à de l'acharnement thérapeutique sur un malade cliniquement mort. Les intentions sous-jacentes sont certes louables, mais si le géant américain n'est plus de son temps, ne devrait-il pas laisser la place à d'autres?
Nathalie Elgrably-Lévy est économiste senior à l'Institut économique de Montréal.
* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
2 commentaires:
Chère Ndack,
Parfois, le maintien sous assistance respiratoire a un intérêt plus important pour l'entourage que pour celui qui en bénéficie. Le capitalisme boursier fonctionne souvent à l'émotion. Quel serait l'impact pour les milieux financiers, et au de-là pour la nation américaine, de l'annonce de la faillite de l'ancien premier constructeur mondial d'automobiles? J'imagine que les équipes d'Obama planchent sur la question avant d'annoncer un avis de décès.
Cher Gangoueus,
Tu as bien raison, le mot-clé ici est "l'émotion". Il y a de bonnes chances que la question pour les politiques ne soit pas de trouver la meilleure solution, mais de trouver la meilleure solution qui fera le moins de vagues. Qui a envie de donner l'impression d'empirer les choses par les temps qui courent ? Malheureusement cela demande soit une volonté de fer (de type dictateur bienveillant), soit une intelligence rare, pour convaincre les populations à accepter de souffrir un peu plus aujourd'hui pour recouvrer la croissance dans un délai raisonnable. Ce n'est pas évident, souvent nous tombons véritablement malades en reportant toujours à plus tard nos vaccins et les effets secondaires qui les accompagnent... On croise les doigts pour que les équipes d'Obama trouvent la bonne formule.
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