lundi 29 juin 2009
Zidane et ses amis
Déjà une heure et demi avant le début du match, nous avons commencé à vendre à 30 dollars des maillots bleus avec écrit à l'arrière "Zidane" et son numéro "10" et à l'avant un petit icone avec autour "Zidane and Friends", et ils sont tous partis comme des petits pains. Nous avons tellement regretté de ne pas en avoir plus. Des fans m'ont même indiqué leur section, numéro de rangée et de siège au cas où je trouverai un autre bénévole qui en vendait encore ! Nous avions des T-shirts avec écrit au-dessus "Zidane et ses amis" autour d'un ballon et cela n'a pas été difficile aussi d'en vendre beaucoup. Sur les maillots et les T-shirts, UNICEF récupérait 10% de la vente pour les enfants. Sur les billets aussi, UNICEF récupérait un pourcentage car Zidane est un ambassadeur des Nations-Unis. Mais là où nous bénévoles nous nous sommes concentrés pendant le match, c'était sur les dons direct à l'UNICEF que les supporters pouvaient faire. Nous nous sommes donc baladés dans le stade avec nos tirelires et ça c'était assez intéressant.
À la première mi-temps, j'ai commencé à me promener dans une section mais ce n'était pas facile t'attirer l'attention des gens. Dès que Zidane touchait le ballon, c'était "ouuuaaais, bravo Zizou!"; dès que la surface de réparation était proche, tous les muscles se tendaient et les cous s'étiraient au maximum vers ce côté du terrain, mais si le but était manqué, c'était "ohhhhhhh" et on se remet droit; si le but était marqué, tout le stade se lève à grands cris. Si Zidane doit faire un corner, toutes les sections aux alentours vont se lever pour le voir et crier son nom. Dès qu'il finit l'action, il se tourne vers eux pour les saluer de la main et là c'est le délire à nouveau. J'avais jamais vu ça. On l'aurait laissé tout seul sur le terrain avec un ballon que des gens seraient venus quand même crier son nom pendant une heure trente.
Vers la fin de la première mi-temps, je me suis assise avec d'autres bénévoles au bord du terrain, juste derrière la ligne qui délimite le terrain, sur la piste d'athlétisme. C'est assez impressionnant de voir Zidane jouer d'aussi près. Il était plus grand et plus musclé que tous les autres joueurs et son jeu est tellement lent et précis, c'est fou. Il voit le jeu se dérouler à l'avance et anticipe sur l'action à venir dans tous les détails, avec le placement de ses co-équipiers et celui des joueurs adverses. Évidemment, c'est lui qui a fait la passe décisive pour presque tous les buts et les autres il les a marqués lui-même pour le grand bonheur des fans. Il y en avait un au premier rang, juste derrière nous qui ne doit plus avoir de voix ce matin. C'était continuellement "Zidaaaaane, we love you so much man !"
Pour la deuxième mi-temps, je suis allée avec deux autres bénévoles dans les sections d'en face, et à un moment donné je me suis retrouvée au milieu de fans algériens qui sautaient continuellement sur les bancs en agitant le drapeau de leur pays. Et tout autour d'eux, ça bougeait, car la joie d'un fan est très contagieuse. Ah là, il fallait pas que Zidane fasse un passement de jambes, un crochet du droit ou un petit pont parce qu'après c'était la folie: "Dammmnnn ! Putain Zizou, nooonnnn, tu es trop booonnn, Zizou, Zizou !"
Être aimé comme ça, comme un Dieu... Certaines stars peuvent le ressentir parfois comme une malédiction, mais pour Zidane hier je pense que cela a été une réelle bénédiction. Le Tonton a souri sur le terrain pendant tout le match, il s'est vraiment amusé, et nous avec lui !
Et petite anecdote ou plutôt petit quiz pour la route: qu'est-ce que cela donne quand vous réunissez les bénévoles d'une organisation internationale dans une ville multiculturelle pour un évènement ? On finit par observer à un moment donné deux dames bénévoles latino-américaines qui parlent espagnol entre elles, qui vendent des T-shirts à un caucasien anglophone, et une africaine francophone qui arrive au même moment pour leur faire son compte de vente et qui leur dit sans faire exprès avec une mélange d'accents différents: "On a déjà vendu ocho T-shirts, plus deux autres maintenant à ten dollars..." Oui, je m'étais lancée dans l'espanofranglais !
mardi 23 juin 2009
Sur la misère des riches
Quand dans une discussion je me met à raconter cette anecdote, j'ai deux types de réaction. Lorsque la personne à qui je le dis est dans des difficultés financières, elle va trouver la citation intéressante, voire drôle, amusante. Mais si la personne qui l'entend profite d'une gestion plutôt saine de ses finances, elle fronce les sourcils et dit quelque chose du type: «Comment l'argent pourrait-il rendre le malheur confortable ? Quand on souffre, on souffre et c'est tout». Et l'image du canari dans sa prison dorée s'impose ensuite à moi. Ce qui fait tout de suite penser que l'augmentation de la richesse matérielle n'est réellement intéressante qu'au-dessous d'un certain seuil minimal (qui permet de satisfaire les besoins primaires comme manger, se loger, se vêtir avec un minimum): c'est là que l'argent fait le bonheur. Au-dessus de ce seuil, ben on est heureux que si on le décide ! C'est ainsi que certains définissent le bonheur comme un état d'esprit.
Voici un post sur le sujet de Jean-Louis Trudel que je trouve intéressant:
http://culturedesfuturs.blogspot.com/2006/03/la-misre-des-riches-le-bonheur-des.html
Depuis, les économistes n'ont pas baissé leur rythme dans la recherche sur le bonheur comme une recherche rapide sur Ideas le montre:
http://ideas.repec.org/cgi-bin/htsearch?q=happiness
Eh oui... riche ou pauvre, chacun porte sa croix ! Et pas seulement en temps de crise...
samedi 13 juin 2009
Aminata rencontre Aminata
Un extrait du documentaire:
http://vids.myspace.com/index.cfm?fuseaction=vids.individual&VideoID=35969311
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jeudi 4 juin 2009
Source de la crise: Thanks Reagan !
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Reagan Did It
“This bill is the most important legislation for financial institutions in the last 50 years. It provides a long-term solution for troubled thrift institutions. ... All in all, I think we hit the jackpot.” So declared Ronald Reagan in 1982, as he signed the Garn-St. Germain Depository Institutions Act.
He was, as it happened, wrong about solving the problems of the thrifts. On the contrary, the bill turned the modest-sized troubles of savings-and-loan institutions into an utter catastrophe. But he was right about the legislation’s significance. And as for that jackpot — well, it finally came more than 25 years later, in the form of the worst economic crisis since the Great Depression.
For the more one looks into the origins of the current disaster, the clearer it becomes that the key wrong turn — the turn that made crisis inevitable — took place in the early 1980s, during the Reagan years.
Attacks on Reaganomics usually focus on rising inequality and fiscal irresponsibility. Indeed, Reagan ushered in an era in which a small minority grew vastly rich, while working families saw only meager gains. He also broke with longstanding rules of fiscal prudence.
On the latter point: traditionally, the U.S. government ran significant budget deficits only in times of war or economic emergency. Federal debt as a percentage of G.D.P. fell steadily from the end of World War II until 1980. But indebtedness began rising under Reagan; it fell again in the Clinton years, but resumed its rise under the Bush administration, leaving us ill prepared for the emergency now upon us.
The increase in public debt was, however, dwarfed by the rise in private debt, made possible by financial deregulation. The change in America’s financial rules was Reagan’s biggest legacy. And it’s the gift that keeps on taking.
The immediate effect of Garn-St. Germain, as I said, was to turn the thrifts from a problem into a catastrophe. The S.& L. crisis has been written out of the Reagan hagiography, but the fact is that deregulation in effect gave the industry — whose deposits were federally insured — a license to gamble with taxpayers’ money, at best, or simply to loot it, at worst. By the time the government closed the books on the affair, taxpayers had lost $130 billion, back when that was a lot of money.
But there was also a longer-term effect. Reagan-era legislative changes essentially ended New Deal restrictions on mortgage lending — restrictions that, in particular, limited the ability of families to buy homes without putting a significant amount of money down.
These restrictions were put in place in the 1930s by political leaders who had just experienced a terrible financial crisis, and were trying to prevent another. But by 1980 the memory of the Depression had faded. Government, declared Reagan, is the problem, not the solution; the magic of the marketplace must be set free. And so the precautionary rules were scrapped.
Together with looser lending standards for other kinds of consumer credit, this led to a radical change in American behavior.
We weren’t always a nation of big debts and low savings: in the 1970s Americans saved almost 10 percent of their income, slightly more than in the 1960s. It was only after the Reagan deregulation that thrift gradually disappeared from the American way of life, culminating in the near-zero savings rate that prevailed on the eve of the great crisis. Household debt was only 60 percent of income when Reagan took office, about the same as it was during the Kennedy administration. By 2007 it was up to 119 percent.
All this, we were assured, was a good thing: sure, Americans were piling up debt, and they weren’t putting aside any of their income, but their finances looked fine once you took into account the rising values of their houses and their stock portfolios. Oops.
Now, the proximate causes of today’s economic crisis lie in events that took place long after Reagan left office — in the global savings glut created by surpluses in China and elsewhere, and in the giant housing bubble that savings glut helped inflate.
But it was the explosion of debt over the previous quarter-century that made the U.S. economy so vulnerable. Overstretched borrowers were bound to start defaulting in large numbers once the housing bubble burst and unemployment began to rise.
These defaults in turn wreaked havoc with a financial system that — also mainly thanks to Reagan-era deregulation — took on too much risk with too little capital.
There’s plenty of blame to go around these days. But the prime villains behind the mess we’re in were Reagan and his circle of advisers — men who forgot the lessons of America’s last great financial crisis, and condemned the rest of us to repeat it.
mercredi 3 juin 2009
ALÉNA oui mais seulement quand ça va bien
Voici une explication du problème dans par Patrick Leblond dans son article "«Buy American», le Président Obama tient-il parole ?":
http://cerium.ca/Buy-American-le-president-Obama
Et voici la réaction du gouvernement fédéral et du gouvernement du Québec:
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Ottawa et Québec très inquiets
Mise à jour le mercredi 3 juin 2009 à 19 h 20
La clause d'achat de produits fabriqués aux États-Unis (Buy American) comprise dans la nouvelle loi adoptée par le Congrès des États-Unis pour relancer l'économie américaine inquiète grandement les gouvernements canadien et québécois.
Le premier ministre du Canada Stephen Harper a déclaré que ces réflexes protectionnistes pourraient avoir des effets négatifs pour l'économie, et non seulement pour celle du Canada. « La montée du protectionnisme étape par étape est un grand danger à la relance de l'économie mondiale », a-t-il affirmé.
La question inquiète à ce point le premier ministre qu'il songe à faire pression sur l'administration Obama afin qu'elle abandonne la clause Buy American. « Il n'y a pas de discussions formelles [là-desssus], mais dans une époque où nous cherchons à éviter un étapisme de protectionnisme [sic], on devrait examiner cette question », a-t-il ajouté.
Le ministre du Commerce international du Canada, Stockwell Day, a été sans équivoque, affirmant que « nous n'acceptons pas la direction du Congrès ». Selon le ministre, les différents gouvernements doivent absolument s'asseoir et discuter de la situation. « Nous allons continuer d'avoir des discussions et nous allons souligner les problèmes de nos entreprises », a-t-il affirmé. Plusieurs entreprises canadiennes éprouvent en effet de la difficulté à exporter aux États-Unis depuis l'adoption du plan de relance économique américain.
M. Day a cependant dit désapprouver les gestes de représailles antiprotectionnistes que voudraient adopter les municipalités. Selon lui, cela reviendrait à jeter de l'huile sur le feu.
Jean Charest passe son message
Le premier ministre du Québec, Jean Charest, a lui aussi effectué une sortie en règle contre la clause Buy American. Selon lui, les États-Unis font fausse route en adoptant une telle politique. « L'argument de fond, c'est de rappeler à tout le monde qu'il y a une grande économie nord-américaine, que ce qui peut paraître être une solution à court terme n'est pas soutenable. Les gens se tirent dans le pied avec le protectionnisme », a-t-il plaidé.
M. Charest soutient que l'économie nord-américaine est tellement intégrée que les politiques d'achat local n'en deviennent ni plus ni moins qu'« absurdes ». Selon lui, la clause pourrait être néfaste pour bien des entreprises américaines qui ne pourraient démarrer certains projets, faute d'être approvisionnées en biens ou en services provenant du Canada ou d'ailleurs.
Le premier ministre estime que l'administration Obama doit faire pression sur les administrations municipales et les États pour qu'ils appliquent eux aussi les dispositions de l'ALENA (Accord de libre-échange nord-américain). Elle « doit absolument poser des gestes » en ce sens, a-t-il indiqué.
Jean Charest a fait ces commentaires en marge du 5e Sommet des leaders, qui se tient cette année à Québec. La conférence de cette année vise notamment à souligner le 15e anniversaire de l'ALENA. En plus de MM. Harper et Charest, une dizaine de premiers ministres des provinces du Canada et de gouverneurs américains et mexicains participent au sommet.
Radio-Canada.ca avec Presse canadienne
lundi 1 juin 2009
"Nous n'avons encore rien vu !"
Ça ne fait que commencer!
Le Journal de Montréal, p. 29 / Nathalie Elgrably-Lévy, 14 mai 2009
Peut-être les économies canadienne, européenne et asiatique résistent-elles mieux à la conjoncture, mais il est illusoire de penser que l'Amérique est tirée d'affaire parce que Wall Street se ressaisit. D'ailleurs, comment les indicateurs ne s'amélioreraient-ils pas au vu de l'injection astronomique de monnaie à laquelle a procédé la Réserve fédérale? Quand un déluge de dollars s'abat sur une économie, les achats augmentent fatalement, mais ce n'est pas parce qu'on dépense l'argent fraîchement imprimé par la Fed que l'économie prospère. Non seulement une partie importante de cet argent permet-elle d'acheter des produits importés, mais une hausse de la quantité d'argent en circulation sans augmentation proportionnelle de la production n'a qu'une seule et unique conséquence: l'inflation! Peut-être n'en ressentons-nous pas encore tous les effets, mais ce n'est qu'une question de temps.
Quant aux indices boursiers, il faut les mettre en perspective. Si l'injection de fonds et les dépenses gouvernementales étaient une panacée, l'économie américaine aurait dû effectuer un bond spectaculaire en regard des sommes stratosphériques dont il est question. Certes, le Dow Jones a augmenté de 30% depuis février, mais cette hausse apparaît modeste à côté de celle de plus de 50% des indices Hang Seng et Dax. Mais surtout, il faut prendre en considération la croissance soutenue du prix de l'or, et la dégringolade du dollar US, deux phénomènes qui reflètent des anticipations inflationnistes et une détérioration de l'économie américaine.
Dans ce contexte, la hausse du Dow Jones indique que les investisseurs prennent conscience que détenir des dollars américains est un bien mauvais placement, et tentent de protéger leurs avoirs en se débarrassant de leurs liquidités pour acheter des titres financiers. Ce qui semble être de la croissance n'est en réalité qu'une réaction des marchés pour se protéger des ravages de l'inflation attendue.
De plus, un événement passé inaperçu la semaine dernière est néanmoins annonciateur de turbulence économique. En effet, le gouvernement américain a procédé à la vente de bons du Trésor afin de financer le gigantesque déficit causé par ses plans de relance et de sauvetage. Or, peu d'acheteurs se sont présentés: en effet, qui voudrait à prêter son argent à un gouvernement techniquement en faillite qui imprime de l'argent de manière compulsive? Même la Chine, qui jusqu'ici a été le principal bailleur de fonds de Washington, a réduit considérablement ses achats de bons du trésor. Elle avait financé 75% du déficit américain au premier trimestre de 2008, mais à peine 2,7% un an plus tard!
Le hic, c'est que la difficulté à emprunter incite le gouvernement américain à augmenter le taux de rendement des bons du trésor, ce qui se traduira quelques mois plus tard par la hausse des taux d'intérêt, y compris des taux hypothécaires, avec les conséquences que cela implique. Ça le pousse également à imprimer de l'argent, ce qui ne fera qu'envenimer la situation.
Et vu les relations économiques que le Canada entretient avec l'Oncle Sam, nous risquons de subir les contrecoups de leurs politiques économiques extravagantes et irresponsables, à moins, évidemment, de consacrer les prochains mois à développer de nouveaux marchés.
Le pire serait dernière nous, nous dit-on. Je crains au contraire que nous n'ayons encore rien vu!
Nathalie Elgrably-Lévy est économiste senior à l'Institut économique de Montréal.
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Et un éloge d'Obama pour la route !
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Le mystère présidentiel
Le Journal de Montréal, p. 29 / Nathalie Elgrably-Lévy, 28 mai 2009
Barack Obama est adulé dans le monde entier. Chaque décision qu'il prend, chaque parole qu'il prononce, chaque geste qu'il pose, aussi anodin soit-il, est glorifié. On le vénère. On le déifie. On lui accorde une approbation inconditionnelle. Il fait preuve de bonne volonté, certes, mais qu'a-t-il donc accompli pour mériter une telle adoration? Et pourquoi les médias sont-ils si complaisants envers lui alors qu'ils étaient intransigeants avec ses prédécesseurs et ses adversaires?
Sur le front de l'économie, Obama a dépensé plus que quiconque dans l'histoire de l'humanité. Ses mesures coûteront trois fois plus que la Deuxième Guerre mondiale, et vingt quatre fois plus que le New Deal. En un an, il fera doubler la dette nationale accumulée au cours des 200 dernières années. Et en raison des engagements financiers qu'il a pris, cette dette doublera encore dans 10 ans. Serait-ce pour cet endettement historique et pour le colossal fardeau qu'il lègue aux générations futures que certains encensent le nouveau président?
Pour financer les dépenses stratosphériques de l'administration Obama, la Réserve fédérale fait fonctionner à plein régime sa planche à billets. En quelques mois, elle a imprimé tellement d'argent pour financer les choix politiques du président qu'elle a ranimé le spectre de l'inflation, voire celui de l'hyperinflation, avec la perspective d'un appauvrissement généralisé que cela entraine. Se pourrait-il que ce soit la politique monétaire ultra inflationniste de la Fed qui emballe les admirateurs de Barack Obama?
Le Président américain envisage également l'abolition des coupures d'impôts votées en 2001 et 2003, ce qui aura pour effet de décourager le travail, l'épargne, l'investissement et l'entrepreneurship. Or, une telle décision nuit à la compétitivité des industries américaines et compromet la relance.
Pour «sauver» l'économie, le Congrès a accepté de dépenser 787 milliards pour un plan de relance de 1000 pages qu'aucun membre n'a lues. Puis, par souci de «contenir» le déficit, Washington annonce une réduction des dépenses de l'ordre de 100 millions, soit l'équivalent de 0,003% du budget! Est-ce donc à ses coupures budgétaires dérisoires et à ses dépenses titanesques que le président doit sa popularité?
À moins que ce ne soit au fait qu'il ait outrepassé son droit constitutionnel en exigeant le renvoi du PDG de GM? Ou encore parce qu'il a choisi de lancer un vaste chantier de nationalisation en remettant au goût du jour de vieilles idées communistes qui ont fait banqueroute?
Sur le plan de la diplomatie et de la géopolitique, les initiatives du jeune président sont singulières. Il décide de restreindre les échanges commerciaux avec la Colombie, mais il souhaite les intensifier avec Cuba. Il revoie un buste de Churchill que Tony Blair avait offert à Bush et qui se trouvait dans le bureau ovale, mais il accepte le cadeau littéraire d'Hugo Chavez. Il se montre conciliant avec l'Iran qui poursuit ses essais nucléaires sans faire cas des demandes de Washington, mais monte le ton avec Israël, la seule démocratie au Moyen Orient et l'allié des États-Unis de longue date. Il ne s'incline pas devant la Reine d'Angleterre, ce que l'on peut concevoir, mais il gratifie le Roi d'Arabie Saoudite d'une génuflexion qui semble cacher un baisemain. Si un autre chef d'état se rendait coupable des mêmes paradoxes, bénéficierait-il de la même indulgence des médias et de la population?
Obama a subjugué la planète. Or, la nomenclature ci-dessus mérite-elle réellement autant d'admiration? Je repose donc la question: qu'a fait Obama de si exceptionnel pour justifier tant de louanges?
Nathalie Elgrably-Lévy est économiste senior à l'Institut économique de Montréal.