Depuis ce matin, les commentaires fusent de toutes parts sur le net à propos du discours du Président Barack Obama au Ghana.
Le discours au complet sur: http://blog.taragana.com/n/text-of-president-barack-obamas-speech-in-ghana-on-saturday-106745/
Évidemment, comme le Président a conseillé de tourner la page des responsabilités (passées ? tout le monde n'est pas de cet avis) de l'Occident dans la pauvreté du continent Africain, et de se concentrer en gros sur la responsabilité des Africains eux-mêmes, la comparaison avec le Discours du Président Sarkozy au Sénégal s'est faite dans les esprits. Du coup, certains disent que les deux Présidents disent la même chose, ce qui choque une partie d'entre eux qui n'a plus le coeur à chanter "Yes we can" et qui ne choque pas l'autre partie qui dès le départ était d'accord avec le Discours de Sarkozy. Puis, il y a quelques rares qui trouvent qu'ils ne disent pas exactement la même chose. Enfin, il y en a qui expliquent que puisque Obama a la bonne couleur - contrairement à Sarkozy - il peut dire la vérité aux Africains sans que cela ne choque personne, ce qui est "lamentable".
Quelques exemples sur Le Monde:
http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2009/07/11/obama-l-afrique-doit-prendre-ses-responsabilites_1217844_3222.html#ens_id=1217719
Moi, ma position n'a pas changé. Dès le lendemain de ce fameux 5 novembre, j'ai eu une attitude méfiante envers ce buzz et je crois toujours à ce que j'ai exprimé sur ce post, à savoir que les discours n'ont de poids véritables que lorsqu'ils sont suivis des actes:
http://comprendreetagir.blogspot.com/2009/01/le-retour-la-normale-crit-le-5-novembre.html
"Yes we can", c'est beau mais cela ne me fera pas applaudir. J'applaudirai quand nous pourrons tous dire "Yes we did". D'ici là, je n'ai pas le coeur en fête. La condition des pauvres, des exlus de société, de ceux qu'on exploite et dont on retire la dignité d'humains, aux États-Unis et au Canada, quelque soit leur race, n'a pas changé. Encore moins de celle des pauvres au Sénégal et d'ailleurs dans le monde. Au contraire, cela a empiré depuis le début de la crise. Et j'aurai aimé que nous soyons capables de nous concentrer juste sur ce type de problèmes que je considère comme véritables et essentiels. Mais enfin...
Note: Pour ce qui est des responsabilités soit disant "passées" de l'Occident, voici une référence pour le cas du Canada qui n'est même pas un pays impérialiste: http://www.ecosociete.org/t117.php
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samedi 11 juillet 2009
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8 commentaires:
Hum, chère Ndack, tu m'as habitué à plus d'optimisme.
Ton "Wait and see" me surprend. Tu penses qu'Obama n'est qu'un grand prédicateur ? Le "Yes we can" implique tout le monde. Sans cela pas de miracle.
L'homme hérite d'un pays en crise. Je ne crois pas que ce soit un magicien. Maintenant, tu as plus d'éléments que moi, est-ce qu'au bout de 6 mois la situation est moins pire qu'avant en Amérique du Nord? C'est un première indice.
Concernant son discours en Afrique, je n'ai pas vu le texte. J'ai pu lire un commentaire du monde. Naturellement les francophones vont faire un parallèle avec Sarkozy. Je souris. Mais, j'espère de ce discours qu'il responsabilise les africains et qu'il soutienne les démocraties fragiles du continent. Ou les systèmes politiques qui oeuvrent pour l'amélioration des conditions des peuples concernés. En tant que fils d'africain, sa parole aura peut-être sinons surement plus de poids.
affaire à suivre, chère amie.
Bonjour Gangoueus !
Je suis optimiste par rapport à la réalité suivante: que les Africains se sortiront eux-mêmes de leurs difficultés. Mais je suis méfiante quand un État étranger (ici les États-Unis d'Amérique représentés par leur président) dit qu'il va faire ceci et cela pour aider un autre pays. Je ne crois pas à la charité entre États, ces derniers n'ont que des intérêts comme disait l'autre. Je n'ai pas de problème en tant que tel avec Obama l'homme, je ne le connais pas. Mais je connais un peu les États, et en particulier l'État qu'il représente aujourd'hui, et j'ai une bonne idée sur ce que cet État fait sur le sol Africain. Et dans les beaux discours - surtout qu'il s'agit ici d'un Noir en Afrique (dans son discours il parle de son père et tout) - donc dans les beaux discours politiques, les émotions voilent parfois la réalité, à savoir que ce sont les États-Unis qui parlent à l'Afrique.
L'autre chose c'est que les discours paternalistes des pays du Nord au pays du Sud me restent toujours en travers de la gorge. Jamais un Président Africain n'a été invité en Occident en grandes pompes et pour expliquer à la jeunesse occidentale comment elle devait vivre, qu'il fallait qu'elle déprime moins, qu'elle ait de l'espoir, qu'elle devait se tourner vers l'avenir, que ceci, que cela. Qu'un Thomas Sankara, un Lumbumba, un Nelson Mandela parle comme cela chez lui, en Afrique, en tant qu'élu du peuple africain, d'accord. Mais qu'un Président américain ou européen, fusse-t-il Noir le fasse et que j'applaudisse... non ! Ça ne marche pas. Je ne sais pas... C'est comme si nous n'avions pas d'élus responsables (même pas un maire), pas de parents, que nous les jeunes Africains étions perdus et que des leaders étrangers doivent constamment venir à notre secours, pour nous parler, nous guider, nous indiquer la voie à suivre, nous inspirer. Alors qu'on a déjà des Ousmane Sembène et des Miriam Makéba, qui nous ont quitté d'ailleurs il n'y a pas longtemps, sans buzz sur le net. En tout cas, pour ce qui constitue la cause africaine, ce sont eux qui m'inspirent, et beaucoup d'autres parmi ces grandes figures et leaders Africains m'inspireront, bien avant un Président Américain, quelque soit sa couleur. Mais ça reste juste mon opinion.
Hum... Je viens de lire son discours au complet (j'en avais juste lu le début, ainsi que l'interprétation des médias et les réactions des internautes).
L'avant-dernier paragraphe:
"But these things can only be done if you take responsibility for your future. It won't be easy. It
will take time and effort. There will be suffering and setbacks. But I can promise you this: America will be with you. As a partner. As a friend. Opportunity won't come from any other place, though — it must come from the decisions that you make, the things that you do, and the hope that you hold in your hearts."
Quelques lectures en géopolitique sur la position des États-Unis en Afrique depuis les Indépendances jusqu'à nos jours, et on se rend compte qu'il serait mieux de prendre avec prudence ce genre de phrase, "America will be with you. As a partner. As a friend".
Je n'aime pas beaucoup le sentimentalisme, je préfère qu'on s'adresse à moi comme un vrai partenaire, de façon directe et froide, qu'on parle tout de suite business, comme ça je sais très vite à qui j'ai affaire, et quels sont les différents intérêts dans le partenariat. Ainsi, je peux vite en mesurer la justesse et prendre une décision optimale. Mais alors, ce ne serait peut-être plus de la politique n'est-ce pas ! Avec Obama, nous lisons moins entre les lignes qu'avec les autres politiciens, le public est gagné d'avance et c'est peut-être ça qui me fait peur.
Chère Ndack,
Nous aurons toujours droit à des discours paternalistes, vu que nous sommes demandeurs. Et celui qui file du fric, donne ses règles. Certes, nous avons aussi suivant les contrées des choses à monnayer. Mais nos responsables politiques sont-ils à la hauteur de ce défi? Font-ils de nous des partenaires réels?
Non, ils entretiennent des relations de père à fils avec l'Occident, ils sont prêts à brader des pans de terre sans aucune contre partie pour le pays. Ils obtiennent toutefois des avantages à titre individuel ou clanique. Mais dans l'ensemble, c'est un marché de dupes pour le peuple.
En appeler à la responsabilité des leaders politiques est effectivement le premier défi à lancer à l'Afrique. La question est de savoir jusqu'où Obama est prêt à aller dans ce sens.
Sassou-Nguesso est entrain d'être réelu au Congo, parce qu'il a installé un climat de terreur, qu'il a soutient de Paris et qu'il défend les intérêts des multinationales étrangères.
Je serai curieux de connaitre la posture d'Obama. Tout cela reste compliqué, parce qu'il y a un système de précarrés qui existe depuis la colonisation qu'on ne change pas avec la meilleure des volontés.
Il y a un point sur lequel je suis totalement d'accord : Obama défend d'abord les intérêts des américains. Et le meilleur service qu'il peut rendre à l'Afrique c'est de pointer les responsabilités de cette dernière dans ces échecs dans l'espoir secret de susciter une réaction.
Parce que comme toi, je reste convaincu que la solution pour ce continent ne viendra pas de l'exterieur.
Bien à toi,
Il y a un point
Je comprend Gangoueus. Mais avons-nous vraiment besoin qu'il se déplace des États-Unis pour nous expliquer ça ? N'étions-nous pas déjà au courant que nous devions responsabiliser nos leaders politiques ? Qu'as-tu appris toi par exemple de ce discours ? Parce qu'il s'adresse à nous les jeunes. Quels sont les jeunes en Afrique qui acceptent que des dictateurs restent confortables chez eux ? Ils sortent dans la rue, ils se battent, certains sont tués, d'autres sont emprisonnés. Quels sont les jeunes en Afrique qui ne prennent pas leur destin en main ? Ceux qui prennent des risques pour monter sur des pirogues au Sénégal pour atteindre l'Europe avec une probabilité de 40% d'y laisser leur vie, est-ce à eux qu'Obama s'adresse ? Ils l'ont attendu eux pour savoir que s'ils veulent survivre, il faut qu'ils prennent des risques, qu'ils se battent ? Et les étudiants étrangers comme moi qui font autant d'années loin de leurs terres et qui un matin se retrouvent finalement avec un statut d'immigrant parce qu'il faut bien travailler, même si c'est avec des cdd, est-ce à eux qu'il s'adresse alors ? Les maîtrisards de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar qui vendent du pain à la boulangerie parce que le marché du travail de leur pays n'arrivent pas à les intégrer, ils ont besoin qu'on les sermonne ? Ou plutôt s'agit-il du jeune paysan qui a quitté le village pour être vendeur à la sauvette avec toute sa marchandise sur le dos, toute la journée, sous le chaud soleil d'Afrique, c'est lui qu'il cherche peut-être à motiver alors ? Bref... Comme tu vois, le parternalisme m'indigne. Qu'ils soient tous paternalistes avec les gens à qui ils donnent directement leur argent - mais qu'on laisse tranquille la grande masse de la jeunesse africaine qui en voit si peu la couleur. Qu'on la respecte dans sa dignité et qu'on ne vienne pas lui faire la leçon. La plus grande partie de la jeunesse africaine a grandi dans la rue et il n'y aucun d'eux, grands moralisateurs qu'ils sont, qui sait mieux qu'elle ce qu'est la vie.
Quant à la posture d'Obama... j'ai des doutes depuis ce qu'il a dit sur le Zimbabwe. Mais de toutes les façons, c'est la posture des États-Unis d'Amérique qui est pertinente, car Obama ne peut faire aucun changement structurel sans l'aval du Sénat et du Congrès. Et je peux te dire que ce n'est pas demain la veille que les États-Unis vont se lever pour arrêter quelque chose de pertinent (autrement c'est juste du blabla) comme les subventions agricoles qui déséquilibrent le commerce international, tuent nos paysans, créent de l'exode rural et envoient de jeunes agriculteurs en exil au péril de leur vie au delà des océans.
Petite note sur l'aide internationale: il ne s'agit pas de charité comme beaucoup le pense, mais de prêts à des taux d'intérêts plus bas que sur le marché. Le pays emprunteur a donc une dette financière envers le prêteur qui rembourse principal+intérêts sur plusieurs années. Le remboursement peut se faire en cash ou en nature (contrat pour l'exploitation sur 20 ans par exemple de ressources naturelles comme le pétrole ou les mines). Il s'agit donc d'un contrat signé entre un gouvernement africain qui veut investir en infrastructure par exemple et un gouvernement, une institution ou une multinationale quelconque qui prête de l'argent que nous et nos enfants rembourseront. Et lorsqu'une annulation de la dette se fait, elles peuvent coïncider avec des accords politiques. Ce n'est donc pas un don envers un gouvernement mendiant. C'est un business comme n'importe quel business. Il semble que le premier et plus important prêt de la Banque Mondiale était celui fait à la France après la Seconde Guerre (http://go.worldbank.org/V08DVO07G0). Il serait d'ailleurs légitime de se demander si la France a fini de rembourser.
Ce n'est pas facile pour un gouvernement de pays pauvre de faire comme Thomas Sankara avait conseillé - ne pas s'endetter - quand on a des enfants dans son pays qui meurent de faim et qu'on a pas sa foi. Il faut reconnaître qu'il s'agissait là d'un leader exceptionnel, visionnaire, qui voyait grand et loin, agissait avec beaucoup de courage, je dirai même de la témérité vu les pressions du néocolonialisme.
Partie I - http://www.youtube.com/watch?v=KfFUnLr60fk
Partie II - http://www.youtube.com/watch?v=GQrxxz_PXFY&feature=related
Mais il y a quelques pays comme le Malawi qui récemment ont pris le risque de ne plus s'endetter lourdement et dont je suis très fière. C'était le but de ce post:
http://comprendreetagir.blogspot.com/2008/11/voici-une-emission-que-jaime-beaucoup.html
Et j'ajouterai que je ne suis pas contre l'endettement si c'est dans le but d'investir et permettre le Big Push qui va nous sortir de la pauvreté comme cela a été le cas en Asie du Sud-Est. Je suis juste contre le manque de respect au pauvre. Surtout quand on ne lui donne rien gratuitement. Même l'aide alimentaire correspond souvent au surplus alimentaire des subventions agricoles des pays occidentaux. C'est plus avantageux de le transformer en don à des pays en guerre (dont on exploite le sous-sol au passage) que de baisser les prix internationaux et permettre à plus de personnes sur cette planète de manger à leur faim.
@Ndack,
je suis absolument d'accord avec ton point de vue.
Pendant trop longtemps, et depuis trop longtemps, tout genre de charlatans autoproclamés "grands amis de l'Afrique" ont tenu et tiennent de gros discours endiablés.
Eh bien le blabla ca suffit maintenant, on n'est plus dupes.
Avec des amis comme ca, on n'a pas besoin d'ennemis.
Bonjour Eddy ! Tu as tout résumé dans ton "on n'est plus dupe". C'est comme quand Gangoueus dit que Obama va certainement défendre les intérêts des américains avant tout. Ça fait plaisir t'entendre ces mots en ce moment. Je suis très fière pour l'humanité que la majorité des américains soient passés au-dessus du facteur de la race au moment de voter le 5 novembre dernier. Mais je serai encore plus fière si les noirs pouvaient passer eux aussi au-dessus du facteur de la race et voir en Obama un Président Américain (pas Africain) comme un autre. D'ailleurs c'est cela le fond de son discours, si cela se trouve c'est ce qu'il souhaiterait lui-même. Et en sa qualité de Président Américain qui veut signer des contrats avec l'Afrique, je me méfierai comme de n'importe quel Président et calculerai ce qu'on a à y gagner avec sans-froid, sans les "Yes we can" émotifs chantés à gauche à droite. Car qu'est-ce que l'Occident a jamais donné à l'Afrique d'une main qu'elle n'a retiré multiplié par x de l'autre ? Ce qui est parfaitement légitime puisqu'on fait dans le business, pas dans la charité. Mais il faut le reconnaître. On n'est pas des amis mais des partenaires commerciaux, point.
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