L'opposition émerge sur la scène politique, pour la première fois aussi clairement depuis 9 ans. La démocratie a tranché dans ce grand petit pays d'Afrique et ce n'était pas gagné d'avance: lisez vous-mêmes cet article écrit juste avant l'issue de l'élection. Comment le Sénégal va tenir d'ici les prochaines élections présidentielles en 2012 ? Affaire à suivre de près !
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A Dakar, Karim Wade rêve tout haut de succéder à son père
LE MONDE | 23.03.09 | 14h42
Le Sénégal, longtemps considéré comme un phare de la démocratie en Afrique, va-t-il s'ajouter à la liste des pays du continent où les fils succèdent à leur président de père ? Doté de moyens financiers considérables, Karim Wade, 40 ans, fils du président sénégalais Abdoulaye Wade, 82 ans, est aussi bardé d'une solide confiance en lui-même : "Je suis un gagnant. Je suis quelqu'un qui n'a jamais perdu dans la vie", lance-t-il dans un entretien publié dans le quotidien L'Observateur, samedi 21 mars, à la veille des élections locales où il briguait la mairie de Dakar.
Longtemps discret sur ses ambitions politiques, Karim Wade y "annonce (s)a candidature à faire du Sénégal un pays émergent", relançant les rumeurs sur une élection présidentielle anticipant l'échéance de 2012. "Je connais de grandes démocraties (...) où le fils a succédé au père", réplique-t-il à une question sur le risque de monarchie. "Nos standards, ce n'est pas la sous-région, ajoute-t-il avec condescendance, c'est Dubaï, Singapour, Hongkong", alors que le Sénégal vit au rythme des coupures d'électricité et des mouvements sociaux.
GESTION INCERTAINE
Soucieux d'apaiser les tensions à la veille des élections locales, le président Wade a d'ailleurs gracié 19 émeutiers de Kédougou (sud-est). Ces jeunes chômeurs avaient été condamnés à des peines de 5 à 10 années de prison pour avoir participé à des manifestations.
Formé en Europe aux métiers de la finance, Karim Wade, lui, a présidé aux grands travaux lancés à l'occasion du sommet de l'Organisation de la conférence islamique organisée voici un an dans la capitale sénégalaise. Le "sommet" fut un échec et son opacité financière jamais levée. La gestion de l'Etat sénégalais apparaît si incertaine que la France a dû consentir à la fin 2008 un prêt de 125 millions d'euros, équivalant à une année d'aide publique au développement.
Les résultats des élections de dimanche diront si les jets de pierres et les foulards rouges - signes de contestation - agités lors des tournées électorales des Wade père et fils reflètent un véritable mécontentement populaire. Et si l'opposition, qui était sortie laminée de la présidentielle de 2007, est en mesure de se refaire une santé. "Le Sénégal n'appartient ni à Abdoulaye Wade ni à Moustapha Niass mais aux Sénégalais eux-mêmes", a déclaré M. Niass, l'un des chefs de l'opposition dimanche. "Pour moi, il n'y a pas de défaite possible", lui avait répondu à l'avance le fils du président.
Philippe Bernard
Le Sénégal, longtemps considéré comme un phare de la démocratie en Afrique, va-t-il s'ajouter à la liste des pays du continent où les fils succèdent à leur président de père ? Doté de moyens financiers considérables, Karim Wade, 40 ans, fils du président sénégalais Abdoulaye Wade, 82 ans, est aussi bardé d'une solide confiance en lui-même : "Je suis un gagnant. Je suis quelqu'un qui n'a jamais perdu dans la vie", lance-t-il dans un entretien publié dans le quotidien L'Observateur, samedi 21 mars, à la veille des élections locales où il briguait la mairie de Dakar.
Longtemps discret sur ses ambitions politiques, Karim Wade y "annonce (s)a candidature à faire du Sénégal un pays émergent", relançant les rumeurs sur une élection présidentielle anticipant l'échéance de 2012. "Je connais de grandes démocraties (...) où le fils a succédé au père", réplique-t-il à une question sur le risque de monarchie. "Nos standards, ce n'est pas la sous-région, ajoute-t-il avec condescendance, c'est Dubaï, Singapour, Hongkong", alors que le Sénégal vit au rythme des coupures d'électricité et des mouvements sociaux.
GESTION INCERTAINE
Soucieux d'apaiser les tensions à la veille des élections locales, le président Wade a d'ailleurs gracié 19 émeutiers de Kédougou (sud-est). Ces jeunes chômeurs avaient été condamnés à des peines de 5 à 10 années de prison pour avoir participé à des manifestations.
Formé en Europe aux métiers de la finance, Karim Wade, lui, a présidé aux grands travaux lancés à l'occasion du sommet de l'Organisation de la conférence islamique organisée voici un an dans la capitale sénégalaise. Le "sommet" fut un échec et son opacité financière jamais levée. La gestion de l'Etat sénégalais apparaît si incertaine que la France a dû consentir à la fin 2008 un prêt de 125 millions d'euros, équivalant à une année d'aide publique au développement.
Les résultats des élections de dimanche diront si les jets de pierres et les foulards rouges - signes de contestation - agités lors des tournées électorales des Wade père et fils reflètent un véritable mécontentement populaire. Et si l'opposition, qui était sortie laminée de la présidentielle de 2007, est en mesure de se refaire une santé. "Le Sénégal n'appartient ni à Abdoulaye Wade ni à Moustapha Niass mais aux Sénégalais eux-mêmes", a déclaré M. Niass, l'un des chefs de l'opposition dimanche. "Pour moi, il n'y a pas de défaite possible", lui avait répondu à l'avance le fils du président.
Philippe Bernard
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