Aux lendemains de la Seconde Guerre Mondiale, une grande vague d'immigrés Africains est arrivée en Europe dans le cadre de la reconstruction de celle-ci. Leurs enfants sont aujourd'hui des adultes et le débat sur leur intégration en Europe bat son plein sur ce continent. Après la reconstruction, l'immigration à continuer et a été constitué de plusieurs types différents, dont celui des étudiants étrangers qui parfois s'installent dans le pays d'accueil. Ce type là se retrouve en Amérique du Nord aussi et pour le moment, j'en fais parti. Nous sommes aujourd'hui nombreux à être dans la trentaine et la quarantaine, à avoir grandi en Afrique, à appartenir aujourd'hui à la diaspora africaine établie en Occident et à commencer à avoir des enfants. La même question qui se posait aux premiers immigrés des années 50, 60 et 70, se pose à nouveau à nous: quelle héritage transmettre à nos enfants ?
J'adore cette citation de Goethe: « Qui ne sait pas tirer les leçons de trois mille ans vit au jour le jour ». Ce qu'elle nous dit ici c'est que nous sommes mieux, en tant que nouveau membre de la diaspora, de tenir compte dans nos décisions de l'expérience de la génération d'immigrés précédente. Et une des choses principales que j'ai retenu, c'est la difficulté de se "fondre" dans la masse quand on est une "minorité visible" (visible à l'oeil nu, comme être Noir ou Asiatique par exemple).
Un ami me disait un jour qu'au Québec, les fils d'immigrés Italiens se sont très bien intégrés à leur nouvelle société d'accueil. Je lui ai répondu qu'en effet, il s'agit là d'un bel exemple d'intégration. Mais une chose est certaine, les fils d'immigrés Caribéens ou Africains ne pourront jamais s'intégrer aussi facilement pour une raison principale: quand on a des parents italiens mais qu'on est né au Québec, devenu adulte on est juste un blanc qui parle français avec l'accent Québécois et qu'on a du mal à distinguer du "Québécois de souche"; par contre quand on a des parents Caribéens ou Africains mais qu'on est né au Québec, devenu adulte on est un noir qui parle français avec l'accent Québécois et à qui on demandera régulièrement de quelle partie des Caraïbes ou de l'Afrique il est originaire. Et c'est compréhensible: en apparence comme cela, à première vue, à qui cette personne ressemble le plus: à l'étudiant étranger fraîchement arrivé du Sénégal ou au Québécois de souche ? Et à force de se sentir différent dans le regard des autres à cause de la couleur de sa peau, on arrive à se questionner sur cette différence et à se tourner vers ces origines dont on nous parle tant. Je ne parle même pas de racisme, l'autre peut trouver notre différence intéressante, enrichissante, le point est qu'il nous voit différemment. C'est un fait, aucun blanc ne peut voir un noir en Occident et dire qu'il n'a pas noté ce "détail" et vice-versa: au retour de son premier voyage en Afrique, une amie Québécoise m'a serré dans ses bras en me disant qu'elle sait maintenant ce que c'était d'être une minorité visible dans un pays - c'était comme s'il y était écrit "colon" sur son front quand elle marchait dans les rues de Nairobi...
Je connais moi-même le Sénégal et l'Afrique en général beaucoup mieux aujourd'hui que lorsque j'y vivais parce que le fait de vivre ailleurs accentue les traits de ma culture d'origine. Une manière de pensée, de voir, ou d'agir que je trouvais naturelle et normale avant devient ici caractéristique. Du coup, je me questionne sur la raison profonde (sociologique) pour laquelle je pense, je vois ou j'agis de cette manière, ce que je n'aurai jamais fait avant. Si moi qui ai grandi au Sénégal, je creuse constamment dans la culture sénégalaise, ne serait-ce que parce que l'autre trouve que j'ai des choses enrichissantes à offrir (quand on ressent de la discrimination ou du racisme on creuse encore plus), que pense-t-on qu'il en sera du fils d'immigrés noir en Occident ? Il creusera encore plus. Alors autant lui transmettre le maximum en ce qui concerne sa culture d'origine (ou si on préfère la culture de ses parents) pour l'aider à la tâche. C'est que je crois.
Un dossier intéressant sur les fils d'immigrés d'Europe sur Alternatives Internationales. Bonne lecture !
La deuxième génération bouscule l'Europe
Discriminations, exclusion, harcèlement policier: la révolte des enfants d'immigrés contre les sociétés où ils sont nés pose un défi au Vieux Continent. Devenu multiculturel, il doit inventer un nouveau contrat social. D'urgence.
lundi 25 mai 2009
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