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Ce matin, je me suis levée comme tous les lundis matins, avec plus d'énergie que n'importe quel jour de la semaine grâce à la bonne nuit que j'arrive à m'offrir en me coucher tôt le dimanche soir. Le temps de me préparer, et vite j'ouvre mon laptop pour voir si ma mère m'a envoyé un e-mail. Avec le décalage horaire de huit heures avec l'Éthiopie, il y a de bonnes chances que oui. Effectivement, il y en a un, je lui répond rapidement. L'heure tourne vite, je n'aurai pas le temps de prendre mon petit déjeuner. Ce n'est pas bien grave, je le prendrai à la Banque. Je cours prendre mon bus, la 16L, à l'angle de Madison Lane et Blair Road. J'habite à Falls Church, dans l'État de Virginie. Le long du chemin, les pancartes rouge "Mc Cain 2008" plantés dans le gazon de certaines maisons défient les pancartes bleu "Obama 2008" de leurs voisins. Dans le bus de cette banlieue du Nord de la Virginie qui a reçu ces dernières décennies une importante immigration latino-américaine et asiatique, les gens se disent bonjour et discutent habituellement de leur quotidien, du dernier livre qu'ils sont entrain de lire, de leurs prochaines vacances... Mais aujourd'hui, le silence est pesant. Avez-vous déjà surveillé une classe d'examen ? Vous êtes assis en face des étudiants, à la table réservée pour le professeur, et vous passer trois à quatre heures de temps à les regarder se concentrer et se crisper. Chez certaines personnes, un peu trop ouvertes à la vie intérieure des autres, ces heures ne sont pas seulement longues mais lourdes aussi. Car ces surveillants aspirent comme une éponge tout le stress des étudiants. C'est exactement ce que je ressens dans le bus. Il y a de la tension, du stress, que je vis entièrement et malgré moi.
On arrive à la station de métro, le terminus du bus. La station est collée au bâtiment du Pentagon. Rien d'étonnant à ce que les comtés avoisinants (dont Fairfax, le comté de Falls Church) ait été pendant longtemps le bastion des républicains. La Virginie elle-même a toujours été un État républicain. Enfin, jusqu'à aujourd'hui. En sera-t-il de même demain ? Pour le moment, l'État est qualifié de "swing state". Les phares du métro de la ligne bleu se profilent dès que j'atteins le quai. Il y a énormément de monde, plus que d'habitude. Ou peut-être est-ce le pli sur ces fronts d'habitude détendus qui me donnent cette impression ? Il n'y a que quatre stations avant d'arriver à Farragut West. La Banque est à un bloc de là en sortant sur la 18ème. J'y arrive bien vite et me dirige directement à la cafétéria pour acheter un petit quelque chose en guise de petit déjeuner. Puis je monte dans mon bureau, m'assois et me branche sur le serveur du logiciel Sata. J'ai mal à la tête et je ne sais pas pourquoi. Je traîne ce mal de tête tout au long de la journée. À midi, à la cafétéria, la nouvelle station de repas "Africa", pour sa première apparition à la Banque, a une file deux fois plus longues que les autres. Elle se trouve au fond, sur ma gauche et la plupart des candidats aux bananes plantains sont Caucasiens. Juste en face, au "Grill" un chef fait griller des hamburgers. Je note que la file est composé de pas mal d'Africains et esquisse un sourire.
Vers 15h, je commence à ranger mes affaires. J'ai trop mal à la tête, il est temps que je rentre. Je décide de jeter un oeil sur la Maison Blanche à quelques dizaines de mètres de là. La devanture de la grille est en rénovation. La Maison fait peau neuve... pour se préparer au changement ? Dans le métro, le bruit des pages de journaux qu'on tourne et qu'on retourne s'amplifie. Bien sûr, le même sujet s'étale en gros titres sur chacun d'eux. Un me touche : "The Amazing Race", car il me fait penser à "Amazing Grace". Arrivée à la station "Pentagon", je cours pour ne pas rater mon bus. Puis, une fois au coin de Madison Lane et de Blair Road, je cours aussi, plus que je ne marche, pour arriver à la maison. Enfin chez soi. Ici, parmi mes colocataires, personne n'a le droit de vote aux États-Unis. Cela se sent. Quelques minutes plus tard, la tension commence à diminuer et le mal de tête s'estompe peu à peu. Maintenant, la question est la suivante: comment vais-je faire pour tenir demain au travail jusqu'à 17h ? Je vais commencer par faire des provisions dès maintenant en allant manger toute de suite. La journée de demain va être longue, très longue...
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