Fatou et Amina vont voir "The curious case of Benjamin Button" au cinéma
- Alors Fatou, comment as-tu trouvé le film ?
- Ben, on voyage, c'est original et fantaisiste, c'est un bon film, un bon choix Amina.
- C'était cool hein... Mais c'était surtout aussi la bonne vieille histoire d'amour... Maintenant allons djaffer (manger) !
- Hahaha là tu parles des vraies choses !
- C'est vrai, les gars veulent te faire croire qu'on peut vivre d'amour et d'eau fraîche, mais ton ventre te rappelle vite pour te dire "hein, j'ai faim". Et le film a quand même duré presque trois heures quoi...
- Amina, qu'est-ce qui nous arrive ? Notre génération ne sait pas rêver et nous sommes d'un cynisme... Je ne sais pas toi mais je choque souvent ma mère par exemple par certaines de mes réactions. Non c'est vrai, il y a les parents qui rêvaient et rêvent encore et il y a les petits frères qui croient qu'ils peuvent vivre des histoires extraordinaires. Entre les deux nous, nous pensons à manger ?!
- Ma chère, je ne sais pas pour les autres mais on est samedi après-midi et ce matin j'ai assisté à une réunion avec des collègues. Or si je suis fatiguée, j'ai faim ou les deux, je vais rêver mais crois-moi, cela ne sera pas les yeux ouverts !
Fatou et Amina sont dans un restaurant après le film.
- Alors Amina, ton projet se vend bien ?
- Tu sais moi, côté marketing et raconter tout et n'importe quoi juste pour vendre... C'est le problème avec cette fichue Génération X que nous constituons. Il y a des valeurs anciennes qui sont encore là en nous et qui ne matchent plus avec le monde moderne.
- Tu sais, j'ai une copine qui a à peu près le même projet à Toronto et ça marche plutôt bien.
- Non mais vous, c'est la Génération Y.
- C'est quoi la Génération Y ?
- C'est la Génération Facebook.
- Non, ça ce sont les amis de mon petit frère.
- Tu es née en quelle année encore ?
- 1978.
- Ah, tu es née vers la fin de la Génération X.
- C'est dingue hein, nous sommes là... un creux dans l'histoire humaine.
- Oui, les grands-parents ont fait la guerre, les parents ont vécu le Vietnam, les indépendances, la guerre froide, mai 68,... et les petits-frères vont tous vouloir être des Obama... Mais il faudrait quand même laisser un témoignage. Surtout nous qui sommes nés de parents de classe moyenne et qui sommes venus ici...
- Oh je ne sais, j'ai l'impression que nos vies ne sont pas suffisamment intéressantes à raconter...
- Ben, c'est vrai qu'il n'y a pas d'évènement majeur, pas de guerre, pas révolution...
- Et pour ce qui est de toi ou moi en particulier, nous ne sommes ni pauvres, ni à la rue, ni dans le luxe, nous ne nous saoulons pas puisque musulmanes...
- En effet... Puis il y a eu la guerre en Irak, mais il fallait continuer à payer le loyer, pas moyen de passer notre temps à manifester...
- Peut-être que nous aurions dû faire ça.
- Tu parles, nous sommes la génération aussi qui connait le Sida, alors nous allons pas nous jeter dehors comme ça en criant peace and love et prendre de l'herbe avec le premier inconnu !
Les deux rient à nouveau et la soirée se poursuit sur ce ton...
Pour des infos sur ce que c'est que la Génération X voir:
http://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9n%C3%A9ration_X
Et pour la Génération Y, voir:
http://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9n%C3%A9ration_Y
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dimanche 25 janvier 2009
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6 commentaires:
Bon billet, j'aime les réflexions générationnelles. :)
Et en ces périodes de crise économique, sociale et environnementale qui coïncident avec le début du vieillissement de la population, nous n'avons pas fini d'en entendre de ces réflexions générationnelles !
J'ai l'impression que nous sommes une génération qui vit un tournant important dans l'histoire, soit le déclin irrémédiable de l'hégémonie occidentale, qui se pressent depuis une décennie et qui s'est enclanché pour de bon avec la dernière crise. Les défis importants au niveau de l'environnement reposent aussi sur nos épaules et nous sommes nombreux à réagir. J'ai l'impression que ces défis générationnels vons nous animer pour un bout. Nous devrions être enthousiastes face à la tâche au lieu d'être amers face aux générations passées ;).
Mon cher Étienne, ça c'est ce que l'on appelle être tourné vers l'avenir... Bravo ! (J'en ferais part à toutes les Fatou et à toutes les Amina que je connais).
Évidemment, tout est cyclique et on ne choisit pas la portion du cycle (ascendante, plateau, descendante) sur laquelle on naît. Certains appellent cela de la chance ou de la malchance, mais enfin, tout n'est pas destin, on choisit quand même un tout petit peu son chemin... Comme le Professeur Georges Box (voir dernier billet du 28 janvier) qui était étudiant pendant la Seconde Guerre et qui, à force de travail et de persévérance, est devenu une sommité aujourd'hui.
... Ou comme toi, étudiante au doctorat dans un pays hivernal. ;)
Merci du compliment Étienne, je m'en souviendrai dans mes moments de questionnements existentiels !
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