vendredi 27 février 2009

L'apogée du pessimisme ... ou est-ce plutôt du réalisme ?

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Après la crise financière, la guerre civile ? Préparez-vous à "quitter votre région"...

LE MONDE | 26.02.09 | 13h44 • Mis à jour le 26.02.09 | 21h12

a crise économique et financière va-t-elle dégénérer en violentes explosions sociales ? En Europe, aux Etats-Unis ou au Japon, la guerre civile est-elle pour demain ? C'est le pronostic quelque peu affolant que dressent les experts du LEAP/Europe 2020, un groupe de réflexion européen, dans leur dernier bulletin daté de mi-février.

Dans cette édition où il est question que la crise entre, au quatrième trimestre 2009, dans une phase de "dislocation géopolitique mondiale", les experts prévoient un "sauve-qui-peut généralisé" dans les pays frappés par la crise. Cette débandade se conclurait ensuite par des logiques d'affrontements, autrement dit, par des semi-guerres civiles. "Si votre pays ou région est une zone où circulent massivement des armes à feu (parmi les grands pays, seuls les Etats-Unis sont dans ce cas), indique le LEAP, alors le meilleur moyen de faire face à la dislocation est de quitter votre région, si cela est possible."

Selon cette association, formée de contributeurs indépendants issus des milieux politiques et économiques et de professionnels européens de différents secteurs, les zones les plus dangereuses sont celles où le système de protection sociale est le plus faible.

La crise serait ainsi à même de susciter de violentes révoltes populaires dont l'intensité serait aggravée par une libre circulation des armes à feu. L'Amérique latine, mais aussi les Etats-Unis sont les zones les plus à risques. "Il y a 200 millions d'armes à feu en circulation aux Etats-Unis, et la violence sociale s'est déjà manifestée via les gangs", rappelle Franck Biancheri, à la tête de l'association. Les experts du LEAP décèlent d'ailleurs déjà des fuites de populations des Etats-Unis vers l'Europe, "où la dangerosité physique directe restera marginale", selon eux.

FAIRE DES RÉSERVES

Au-delà de ces conflits armés, le LEAP alerte sur les risques de pénuries possibles d'énergie, de nourriture, d'eau, dans les régions dépendantes de l'extérieur pour leur approvisionnement et conseille de faire des réserves. Cette perspective apocalyptique pourrait faire sourire si ce groupe de réflexion n'avait, dès février 2006, prédit avec une exactitude troublante le déclenchement et l'enchaînement de la crise. Il y a trois ans, l'association décrivait ainsi la venue d'une "crise systémique mondiale", initiée par une infection financière globale liée au surendettement américain, suivie de l'effondrement boursier, en particulier en Asie et aux Etats-Unis (de - 50 % à - 20 % en un an), puis de l'éclatement de l'ensemble des bulles immobilières mondiales au Royaume-Uni, en Espagne, en France et dans les pays émergents. Tout cela provoquant une récession en Europe et une "très Grande Dépression" aux Etats-Unis.

Doit-on en conclure que la crise mondiale peut se transformer en guerre mondiale ? "Les pronostics de LEAP sont extrêmes, mais la violence sociale pointe", admet Laurence Boone, économiste chez Barclays.

Reste un espoir, une "dernière chance" selon le LEAP, qui résiderait dans la capacité du G20, qui se réunira le 2 avril à Londres, à arrêter un plan d'action "convaincant et audacieux". Dans ce cas, le monde ne serait toutefois pas tiré d'affaire, puisque les experts ne manquent de rappeler que se profile aussi une sévère crise climatique...


Claire Gatinois
Article paru dans l'édition du 27.02.09

3 commentaires:

Anonyme a dit...

L'article est intéressant, amusant que le Monde l'ait repris.
Pourtant rien de nouveau dans cette synthèse, nos rois savent bien que lorsque le peuple a faim et que la brioche ne suffit plus alors les rues se couvrent de barricades ...
Mais cette fois-ci la révolte sera-t-elle contre le pouvoir central ? pas si sûr !
J'essaye de traiter la crise sous un autre angle dans mon blog http://www.macrisebienaimee.blogspot.com/ n'hésitez pas à y faire un passage !!!

GANGOUEUS a dit...

Le catastrophisme ambiant, nous vivons les derniers temps. Comme j'adore les sardines, je vais discrètement me constituer un stock dans ma cave.

C'est un article intéressant. La correlation avec le niveau d'armement de la population est pertinent. On peut penser qu'en Afrique où quelques émeutes de la faim ont eu lieu l'an dernier, les choses auraient pris une autre tournure, si les populations avaient le niveau d'armement du citoyen américain moyen.

On aurait aimé avoir plus de détail sur les fuites de population des USA vers l'Europe.

Wait and see.

Ndack a dit...

Jean-Paul,

"Ma crise bien aimée": un titre qui fait sourire malgré la récession ! Je ferai un tour dans ton blog ce week-end. Il m'a l'air bien sympathique. Merci pour le petit rappel sur la révolution française. Comme d'habitude, la situation globale est toujours la même - l'histoire se répète - ce sont les détails du processus qui ne sont devenus que plus complexes...

Gangoueus,

Moi c'est plutôt le thon, si possible mariné avec des morceaux de tomate séchés et quelques épices. C'est très précis, et il n'y en a pas tant que ça, donc j'ai intérêt à commencer mes prévisions de suite !

Mais le truc avec les êtres humains, c'est qu'on réagit une fois la catastrophe arrivée, comme avec les défis climatiques par exemple. Certains environnementalistes disent qu'il est déjà trop tard et qu'il ne nous reste que 150 ans d'histoire humaine sur cette bonne vieille planète. Un bon exemple dont un ami m'a fait part cette semaine est celui de Tchernobyl où dans la zone interdite, la nature a repris ses droits: http://www.consumedland.com/elena/spring2007_fr.html
Apparemment, quand nous serons tous partis à grands coups de catastrophes naturelles, la planète ne s'en portera que beaucoup mieux !

La corrélation avec l'armement est effectivement pertinente. Je n'imagine pas ce qui se serait passé en France pendant les émeutes en 2005 si on pouvait acheter des balles de revolver à Carrefour, comme cela se fait ici à WalMart derrière le rayon accessoires de jardinage...

Pour le moment, un mouvement de migration important dont je suis au courant c'est celui de l'Europe vers le Canada depuis quelques années, pas seulement à cause de la situation économique mais parce que le Canada a un problème de sous-peuplement actuellement. Peut-être qu'il y aura aussi un mouvement des États-Unis vers le Canada à cause de la crise, vu que les deux pays sont voisins et que le Canada a un relativement bon système de protection sociale. Au Québec par exemple, même si on paie beaucoup d'impôt (comme en France), les frais de scolarité des universités sont beaucoup moins élevés qu'aux États-Unis, les prêts étudiants du gouvernement sont quasi-automatiques et sans intérêt, les hypothèques sont quand même abordables, l'assurance maladie est automatique, de même l'assurance chômage, y a de la place, peu de gens, mais... il fait froid ! - C'est peut-être le seul hic !

Une chose est sure, à moins de jouer le jeu - de se faire un lavage de cerveau de "yes we can", "change", "hope", etc. et de se dire tous qu'il faut continuer de consommer, ça va aller - cela risque plutôt d'empirer. Le réalisme ne nous aide pas !