vendredi 24 avril 2009

Arrêtons de nous plaindre !

Il y a une chronique sur la crise sur Radio-Canada par Nicolas Duguay, et plus que la chronique, j'aime bien lire les commentaires des gens ensuite pour voir comment ils analysent la situation actuelle. Elles sont particulièrement intéressantes cette semaine, à propos de la chronique "La face cachée du sous-emploi". Mr Duguay y explique que le taux de chômage est élevé au Canada mais ce n'est pas fini: non seulement le nombre de personnes qui travaillent à temps partiel augmente, mais la crise est arrivée à un moment où les Canadiens sont très endettés et ont très peu d'épargne.

Alors je me dis, tiens, je vais lire les commentaires pour voir si les gens sont alarmés... et bien non ! Je vous présente quelques-unes:

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22 avril 2009 - 16:25
La hausse de la dette de 80% à 130% du revenu, ainsi que le taux d'épargne qui passe de 13% à 3% n'a rien d'alarmant. La question qu'il faut se poser: De quel type de passif s'agit-il? S'agit-il d'une hypothèque en bonne et due forme, dont le remboursement en soit constitue une sorte d'épargne forcée, donc un excellent investissement si l'actif a été payé un bon prix. Il faut relativiser et analyser chaque cas particulier. Pour les individus qui ne se retrouvent pas dans la situation présentée ici, et bien qu'ils travaillent davantage pour payer les coupables excentricités qu'ils ont consommées. En bon 'rat de bibliothèque' que vous êtes, vous trouverez sûrement une statistique qui explique que le nombre d'heures moyen travaillées dans la semaine est de 27.4 heures. Le canadien moyen est un 'fainéant' comparativement à d'autres sociétés civilisées. Les semaines de travail des 'dépensiers' doivent se relever à 60-70-100 heures par semaine. Un point c'est tout. Cumulez plusieurs emplois s'il le faut, mais faites face à vos engagements.
Envoyé par Jean Tremblay, Montréal


22 avril 2009 - 16:44
Je ne crois pas que les faillites auront un impact sur l'économie. C'est plus l'économie qui a eu un impact sur les faillites. L'économie était basée sur l'argent du crédit. Le crédit a stoppé il y a quelques mois, elle s'est ralentie et les gens qui ont perdu leur emploi et qui étaient endettés par dessus la tête ont fait faillite. S'ils n'avaient pas fait faillite, ils n'auraient pas injecté plus d'argent du crédit puisqu'ils étaient déjà endettés. Donc en terme d'argent du crédit qui fait rouler l'économie, l'impact est pratiquement nul. Les seuls à s'en plaindre restent les banques et les agents d'immeubles. Le seul impact sur le reste de la population est que la valeur des propriétés stagne, donc il est impossible de refinancer pour se payer des voitures à 40000$. Non pas que ça change de quoi puisque refinancer pour se payer du luxe n'est plus vraiment à la mode.
Envoyé par David Labbe, Quebec

23 avril 2009 - 10:22
Ce commentaire apporte un complément et finalise mon commentaire du 22 avril 16:13, en réponse à ceux qui sortiraient la carte: Qu'il n'y a pas d'emploi en période de récession où toutes les entreprises licencient. Je réponds FOUTAISE.
Si vous n'avez pas de réseaux de contacts pour vous 'pistonner', ou que tous vos contacts sont brûlés, ou que vous êtes trop timides pour faire vos propres approches, ne désespérez pas: que ces raisons ne soient pas des écueils pour échouer sur la banquise, avant même d'Avoir fait la première tentative.
Des entreprises se feront un plaisir de vous compter comme client. Ils vont vous dénicher de l'emploi: Les Agences de Placements pullulent. (Quantum, ManPower et consorts; ainsi que les firmes de chasseurs de têtes.)
N'oubliez pas aussi les champs de Fraise en dernier recours. Vous y penserez 2 fois à l'Avenir avant de contracter cette télé HD, qui nécessite son abonnement mensuel coûteux, sans avoir eu les moyens de la payer CA$H. CA$H is KING.
Envoyé par Jean Tremblay, Montréal

23 avril 2009 - 10:38
ben voyons, 60-70-100 heures par semaine! 60 heures = 10 heures par jour, 6 jours par semaine! Transport et repas non compris!
70 = 10 heures par jour, 7 jours par semaine! Transport et repas toujours non compris! OU 11heures 45 minutes par jours, 6 jours par semaine!
100 heures par semaine = 20 hrs/jour si on travaille 5 jours! OU 16h45 par jours si on en travaille 6!
Faut être sérieux dans nos commentaires. Pourtant, on l'entend souvent celle-là: "moi je travaille 60 heures semaine"... bouleshi...
Envoyé par Christian Tremblay, Gatineau

23 avril 2009 - 11:35
Je vois pas en quoi le fait de travailler 60+ heures par semaine est impossible. J'en connais plusieurs qui ont plus d'un emploi. Certains se tapent même 2 shift de 8h en ligne à 2 places différentes pour arrondir les fins de mois. D'autres investissent du temps dans leur entreprise les soirs et fins de semaines. Il y en a qui le font parce qu'ils s'ennuient chez eux. Et il y a tout un peuple qui travaille au minimum 60 heures par semaine dans des conditions exécrables : les Chinois.
Envoyé par David Labbe, Quebec

23 avril 2009 - 11:41
Mon propre père a des talons de payes hebdomadaires de 110heures=110 piastres.
Il y en a Monsieur qui ont battue la trail avant nous.
Cessons de nous plaindrent.
Envoyé par Yves Filiatrault, Ste-Véronique

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Eh ben, au Québec c'est pas le travail qui fait peur ! Mais c'est aussi la caractéristique première de l'Amérique du Nord. Beaucoup d'immigrants (légaux ou non) ont facilement deux ou trois emplois et dorment quatre heures par jour, parfois dans leur voiture entre deux shifts qui se trouvent dans deux villes différentes. Mais il ne faut pas oublier que les parents, les grands-parents ou arrière-grands-parents de ceux qui sont nés ici on été des immigrants et que la culture de la survie est très ancrés sur ces terres.

Par contre en France, il y a la culture révolutionnaire de gauche qui est très ancrée chez les populations. Alors il arrive qu'on séquestre les patrons en temps de crise... La comparaison entre les cultures de négociation de ces deux cousins, le Français et le Québécois, et celle de leurs réactions actuelles face au chômage est très intéressante d'ailleurs.

On en fait pas assez selon Krugman

Le Prix Nobel d'économie de cette année, Paul Krugman, est très critique sur son blog sur les actions nouveau Président des États-Unis face à la crise: il fait bien mais vraiment pas assez. Économiste de gauche, il recommande d'aller jusqu'au bout des réformes, vers un vrai changement structurel du système américain. À mon avis, la crise va peut-être aider à entamer ce changement, mais on parle d'un changement d'idéologie aux États-Unis... Ce n'est pas évident.

Voici un article de Libération intitulé: "Paul Krugman, le Nobel de gauche qui attaque Obama"

http://www.liberation.fr/economie/0101562067-paul-krugman-le-nobel-de-gauche-qui-attaque-obama

Et voici un article de Krugman. J'aime beaucoup ce ton très incisif !

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March 23, 2009
Op-Ed Columnist

Financial Policy Despair

Over the weekend The Times and other newspapers reported leaked details about the Obama administration’s bank rescue plan, which is to be officially released this week. If the reports are correct, Tim Geithner, the Treasury secretary, has persuaded President Obama to recycle Bush administration policy — specifically, the “cash for trash” plan proposed, then abandoned, six months ago by then-Treasury Secretary Henry Paulson.

This is more than disappointing. In fact, it fills me with a sense of despair.

After all, we’ve just been through the firestorm over the A.I.G. bonuses, during which administration officials claimed that they knew nothing, couldn’t do anything, and anyway it was someone else’s fault. Meanwhile, the administration has failed to quell the public’s doubts about what banks are doing with taxpayer money.

And now Mr. Obama has apparently settled on a financial plan that, in essence, assumes that banks are fundamentally sound and that bankers know what they’re doing.

It’s as if the president were determined to confirm the growing perception that he and his economic team are out of touch, that their economic vision is clouded by excessively close ties to Wall Street. And by the time Mr. Obama realizes that he needs to change course, his political capital may be gone.

Let’s talk for a moment about the economics of the situation.

Right now, our economy is being dragged down by our dysfunctional financial system, which has been crippled by huge losses on mortgage-backed securities and other assets.

As economic historians can tell you, this is an old story, not that different from dozens of similar crises over the centuries. And there’s a time-honored procedure for dealing with the aftermath of widespread financial failure. It goes like this: the government secures confidence in the system by guaranteeing many (though not necessarily all) bank debts. At the same time, it takes temporary control of truly insolvent banks, in order to clean up their books.

That’s what Sweden did in the early 1990s. It’s also what we ourselves did after the savings and loan debacle of the Reagan years. And there’s no reason we can’t do the same thing now.

But the Obama administration, like the Bush administration, apparently wants an easier way out. The common element to the Paulson and Geithner plans is the insistence that the bad assets on banks’ books are really worth much, much more than anyone is currently willing to pay for them. In fact, their true value is so high that if they were properly priced, banks wouldn’t be in trouble.

And so the plan is to use taxpayer funds to drive the prices of bad assets up to “fair” levels. Mr. Paulson proposed having the government buy the assets directly. Mr. Geithner instead proposes a complicated scheme in which the government lends money to private investors, who then use the money to buy the stuff. The idea, says Mr. Obama’s top economic adviser, is to use “the expertise of the market” to set the value of toxic assets.

But the Geithner scheme would offer a one-way bet: if asset values go up, the investors profit, but if they go down, the investors can walk away from their debt. So this isn’t really about letting markets work. It’s just an indirect, disguised way to subsidize purchases of bad assets.

The likely cost to taxpayers aside, there’s something strange going on here. By my count, this is the third time Obama administration officials have floated a scheme that is essentially a rehash of the Paulson plan, each time adding a new set of bells and whistles and claiming that they’re doing something completely different. This is starting to look obsessive.

But the real problem with this plan is that it won’t work. Yes, troubled assets may be somewhat undervalued. But the fact is that financial executives literally bet their banks on the belief that there was no housing bubble, and the related belief that unprecedented levels of household debt were no problem. They lost that bet. And no amount of financial hocus-pocus — for that is what the Geithner plan amounts to — will change that fact.

You might say, why not try the plan and see what happens? One answer is that time is wasting: every month that we fail to come to grips with the economic crisis another 600,000 jobs are lost.

Even more important, however, is the way Mr. Obama is squandering his credibility. If this plan fails — as it almost surely will — it’s unlikely that he’ll be able to persuade Congress to come up with more funds to do what he should have done in the first place.

All is not lost: the public wants Mr. Obama to succeed, which means that he can still rescue his bank rescue plan. But time is running out.

vendredi 17 avril 2009

Ou peut-être sommes-nous aveugles...

Depuis le début de la crise, il y a une question qui me turlupine: comment les américains vont faire pour que l'industrie automobile ne s'effondre pas ?

Bon, en Occident la plupart des gouvernements font des subventions monstres pour soutenir des industries qui ne sont pas compétitives sur le plan international et qui tue les secteurs correspondants qui se trouvent dans ce qu'on appelle le Tiers-Monde et qui, objectivement parlant, sont plus productifs. On se souvient notamment du cas du coton qui revient toujours sur la table lors des réunions de l'OMC.

Mais de nos jours, on parle de plus en plus de Quart-Monde. Qu'est-ce que le Quart-Monde ? Petit tour sur Wikipédia et on peut lire: "Le quart-monde est cette couche de population la plus défavorisée, ne disposant pas des mêmes droits que les autres, et qui existe dans tous les pays, qu'ils soient riches ou pauvres." Eh oui, ce qui se fait dans le Tiers-Monde... ce fait aussi au sein même des pays occidentaux. Et là, je me dis qu'il serait temps que les populations du Nord s'implique. J'étais hier à la dernière journée du Sommet du Millénaire de Montréal 2009. Comme d'habitude, il a été question de l'Afrique, de la pauvreté, du Sida et il faut aider. Mais quelque chose qui revenait régulièrement de la part de certains intervenants c'était: "Le Club des petits-déjeuners permet d'offrir ce repas au Québec à 15 000 enfants défavorisés chaque matin", ou "Les peuples indigènes ont une espérance de vie de 10 à 20 ans inférieure à celle des populations non indigènes dans un même pays", ou encore "J'ai fait de l'humanitaire à travers le goble pendant plusieurs années, puis je suis revenu à Montréal pour aider à éradiquer la pauvreté dans ma ville pour ensuite retourner aider ailleurs, mais la tâche est tellement lourde, il y a tellement de choses inadmissibles qui sont subies chaque jour par nos propres enfants que je pense que je n'aurai plus l'occasion d'aider ailleurs..." Je veux dire quand des enfants qui sont nés dans un pays riche et stable comme le Canada sont si nombreux à ne pas manger le matin avant d'aller à l'école, il y a un problème. C'est pour cela qu'il faut parler de Quart-Monde. La crise permet justement de mettre en relief encore plus ces situations-là.

Et pour revenir à ce qui me turlupine, à savoir le cas de cette industrie automobile aux États-Unis qui est de moins en moins compétitive et que le gouvernement américain continue de soutenir (par symbolisme ?), voici ci-dessous l'avis de Mme Elgrably-Lévy là-dessus.

Et si on laissait mourir GM
Le Journal de Montréal, p. 29 Nathalie Elgrably-Lévy, 16 avril 2009

On apprenait lundi que le Trésor américain prépare la faillite de GM. La nouvelle attriste, choque et désole. Or, même si cela peut surprendre, le dépôt du bilan est très certainement la meilleure solution pour GM, pour les investisseurs, et pour les consommateurs, d'autant plus que les déboires de l'entreprise durent depuis plus 20 ans!

Pour plusieurs, une faillite équivaut à une sentence de mort, à une fin ultime. C'est vrai pour GM, mais l'est-ce également pour l'industrie automobile? La disparition de GM implique-elle que les Américains cesseront dorénavant d'acheter des voitures et qu'ils enfourcheront leurs vélos? Si leur amour pour l'automobile ne s'éteint pas avec GM, ne faudra-t-il que d'autres constructeurs prennent la relève pour répondre à la demande?

La faillite, c'est une manière de mettre fin à un modèle d'affaires insoutenable à long terme. Un tribunal reconnaît le fait que l'entreprise est incapable de payer ses dettes, procède à la liquidation de ses actifs, et rembourse ses créanciers dans la mesure du possible. Or, qui achèterait une usine de GM ou ses équipements si ce n'est pour construire des autos? Les emplois perdus chez GM seront donc remplacés par d'autres créés par les nouveaux propriétaires. Certes, les nouveaux emplois n'offriront pas des conditions aussi avantageuses que celles actuellement offertes par le géant américain. C'est normal puisque celles-ci sont en partie responsables du gouffre financier de l'entreprise, et que la faillite permet précisément de se libérer de telles ententes pour offrir des conditions qui assureront la pérennité de l'entreprise.

De plus, tant que GM est sous respirateur artificiel, des ressources précieuses et des capitaux servent à produire de manière inefficace des véhicules que les consommateurs trouvent médiocres. La faillite est avantageuse, car elle libère ces ressources qui peuvent ensuite être redirigées vers des productions plus appréciées et des entreprises plus innovatrices. Continuer à aider GM, c'est donc non seulement récompenser des dirigeants incapables de s'adapter à la demande, mais c'est aussi pénaliser des entrepreneurs brillants en les privant des ressources nécessaires à leur croissance et en leur imposant une concurrence aussi artificielle qu'inutile. Ainsi, la fermeture de GM permettrait, par exemple, aux capitaux et aux ressources de migrer vers Tesla, le constructeur de la Roadster, un véhicule entièrement électrique plus près des préoccupations du 21e siècle que les modèles proposés par GM.

L'Économiste Joseph Schumpeter emploie l'expression «destruction créatrice» pour décrire le procédé par lequel des entreprises innovantes se substituent à celles qui sont moins efficaces, ou dont le produit est simplement dépassé. C'est ainsi que le CD a remplacé le disque de vinyle et que les caméras numériques ont détrôné les légendaires Polaroïd. Aurait-il fallu subventionner les entreprises anachroniques pour les garder en vie?

Dans un monde en perpétuelles mutations, on s'acharne souvent à préserver le statu quo, comme si l'état actuel du monde était le meilleur possible. Mais nos efforts pour figer le passé nous font perdre de vue l'avenir. Dans le dossier de GM, ce n'est pas tant la faillite qui devrait nous choquer le plus, mais bien le fait que le constructeur prolonge son agonie en tardant à déposer son bilan. Le contribuable américain a déjà dépensé 13,4 milliards pour «sauver» le constructeur, et on se retrouve au même point qu'il y a quelques mois. Ce genre d'aide équivaut à de l'acharnement thérapeutique sur un malade cliniquement mort. Les intentions sous-jacentes sont certes louables, mais si le géant américain n'est plus de son temps, ne devrait-il pas laisser la place à d'autres?

Nathalie Elgrably-Lévy est économiste senior à l'Institut économique de Montréal.

* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.

mercredi 15 avril 2009

Nous serions complètement à côté de la plaque !

Voici un texte d'opinion qui prône une approche qui fait de plus en plus parler d'elle, à savoir prendre le capitalisme comme un tout, avec ses expansions et ses récessions, au lieu de s'aventurer dans les approches mixtes comme nous le faisons actuellement. En effet, il est légitime de se demander si nous ne sommes pas entrain d'exiger le beurre et l'argent du beurre... Ce débat vieux de 80 ans au moins entre l'approche classique et l'approche keynésienne est encore ouvert.

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De la bouche du gourou
Le Journal de Montréal, p. 29 Nathalie Elgrably-Lévy, 26 mars 2009

Cela fait déjà quelques semaines que j’ai envie de vous parler de l’Australie, mais ce n’est ni pour ses marsupiaux ni pour son célèbre Opéra. C’est plutôt parce que nous aurions intérêt à tirer quelques enseignements économiques de son histoire.

À l’instar de nombreux pays, l’Australie n’a pas échappé à la Grande Dépression. Mais le défi que cette île du bout du monde devait relever était d’autant plus considérable qu’elle était relativement désavantagée: elle était peu peuplée; son économie, relativement petite, reposait sur l’agriculture et les exportations minières; sa base industrielle était limitée; les investissements manquaient et, pour couronner le tout, les grèves étaient très fréquentes.

Mais, contre vents et marées, l’Australie réussit à se sortir de la Dépression plus rapidement que les États-Unis. Ainsi, en 1932, les taux de chômage aux États-unis et en Australie étaient respectivement de 23,6% et de 23%. En 1938, il atteignait encore 19% chez l’Oncle Sam, mais avait diminué à 8,9% au pays des kangourous.

L’Australie avait-elle accompli cet exploit grâce à un plan de relance encore plus ambitieux que le New Deal? Avait-elle généreusement aidé les entreprises en difficulté? Sa Banque Centrale avait-elle injecté d’importantes quantités de monnaie? Non! Rien de tout cela. Exception faite de dépenses minimes en infrastructures, l’Australie n’avait aucun plan de relance d’inspiration keynésienne, aucun plan de sauvetage, aucun budget de crise.

En revanche, le gouvernement de Canberra adopta le «Premiers’ Plan» dès 1931, par lequel il s’engageait à réduire les dépenses gouvernementales de 20%, y compris les dépenses militaires, à maintenir l’équilibre budgétaire, et à réduire aussi bien les salaires des travailleurs du secteur public que ceux du secteur privé.

Ces mesures, aux antipodes de l’interventionnisme que J. M. Keynes prônait alors, n’étaient pas le produit des délirantes élucubrations du premier ministre australien, James Scullin. Elles n’étaient que la concrétisation des bonnes vieilles théories économiques classiques selon lesquelles, comme l’exige le gros bon sens, un pays doit réduire sa consommation, épargner, investir et être plus productif s’il veut prospérer.

Presque huit décennies plus tard, l’héritage de Keynes domine encore l’économie politique. Faisant fi des enseignements de l’histoire, politiciens et commentateurs restent convaincus de la nécessité de dépenser massivement et de générer un déficit pour stimuler l’économie.

Exception faite du Nouveau-Brunswick qui a récemment annoncé d’importantes compressions de la fonction publique et un allégement du fardeau fiscal des contribuables et des entreprises, le reste du monde semble vouloir imiter, à divers degrés, les initiatives keynésiennes de Washington.

Au Québec, la ministre des Finances, madame Monique Jérôme-Forget, a fait également référence à J.M. Keynes pour justifier son dernier budget. Manifestement, le célèbre économiste britannique est devenu le gourou de la plupart des décideurs publics dont le comportement moutonnier n’a d’égal que leur manque de culture économique.

Pourtant, s’ils se donnaient la peine de se renseigner convenablement, ils apprendraient que les déficits, même s’ils sont suivis d’un retour à l’équilibre budgétaire, ne sont pas une panacée. Bien au contraire! Ils réaliseraient également que la pensée keynésienne qu’ils vénèrent tant a été totalement discréditée entre autres par Friedrich Hayek, récipiendaire du prix Nobel d’économie de 1974.

Mais surtout, ils découvriraient que, dans un article posthume, publié en 1946 dans le Economic Journal, Keynes lui-même admet avoir eu tort de dédaigner la pensée de l’école classique qu’il juge finalement empreinte d’une grande vérité. Ces politiciens qui veulent paraitre instruits en invoquant la pensée de Keynes auraient vraiment intérêt à lire ses écrits plutôt qu’à répéter ce que certains leur soufflent!

Nathalie Elgrably-Lévy est économiste senior à l'Institut économique de Montréal.

* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.

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Un autre texte plus récent:


Empire ou république de bananes?
Le Journal de Montréal, p. 23 Nathalie Elgrably-Lévy, 02 avril 2009

On a vivement dénoncé les primes de 165 millions $US versées par AIG à ses dirigeants, et on a amplement discouru sur la rémunération des chefs d’entreprises.

Certes, employer l’argent des contribuables pour récompenser les cadres d’une entreprise en difficulté est inqualifiable et impardonnable.

Mais pendant que toute notre attention était tournée vers le mélodrame politique dont Washington était le théâtre, une décision infiniment plus grave et plus lourde de conséquences a été prise.

Depuis dix jours, on se laisse distraire par un scandale alimenté et amplifié par le Congrès, alors que nos yeux devraient être rivés sur la Fed.

On consacre les manchettes au manque d’éthique d’AIG, mais ce sont les actions des autorités monétaires américaines qu’on devrait violemment dénoncer.

En effet, personne n’a sourcillé quand, le 19 mars dernier, la Fed a annoncé qu’elle injectera 1200 milliards supplémentaires.

Pourtant, en dépensant 1$ à la seconde, il faudrait 5,2 années pour atteindre 165 millions, mais 37 800 ans pour arriver à 1200 milliards. Mis en perspective, les bonis d’AIG, c’est un grain de sable dans le désert!

En pratique, la Fed va tout simplement imprimer le montant annoncé.

En novembre dernier, j’avais déjà exprimé ma crainte de voire la Réserve fédérale recourir à la planche à billets comme mode de financement, car cette méthode génère invariablement de l’inflation.

Aujourd’hui, quand on ajoute à la récente annonce tous les plans de relance et de sauvetage adoptés au cours des derniers mois, l’inflation n’est plus une inquiétude, c’est une certitude absolue.

Et devant l’ampleur de la monétisation, la dévaluation de la monnaie sera énorme, et on ne peut exclure la possibilité d’une hyperinflation digne du Zimbabwe d’aujourd’hui ou de l’Allemagne des années 1930.

D’ailleurs, tous les pays qui ont imprimé de l’argent pour honorer leurs engagements ont occasionné une inflation dévastatrice, et ont dû subir les conséquences sociales désastreuses qu’elle implique.

Ils ont appris, de la manière la plus douloureuse possible, qu’on ne règle pas un problème structurel en imprimant de l’argent. Alors, pourquoi Washington et la Fed empruntent-ils cette avenue?

Comme ils n’ignorent certainement pas les conséquences de leur geste, il faut en conclure qu’ils agissent sciemment.

Notons que la dette américaine représente aujourd’hui plus de 360% du PIB, sans compter le régime public de retraite, le Médicaire, et la sécurité sociale.

Techniquement, le gouvernement américain est en faillite. Il lui est impossible de rembourser ses créanciers.

Or, l’inflation avantage toujours les emprunteurs, car elle diminue la valeur réelle des montants remboursés. Ainsi, la dette colossale d’aujourd’hui apparaîtra insignifiante lorsque, «grâce» à la Fed, le billet vert ne vaudra plus que quelques sous.

Mais si l’inflation allège la dette de Washington, elle appauvrit tous ceux qui, à force d’efforts et de sacrifices, ont amassé quelques épargnes.

Elle réduit le niveau de vie de tous les baby boomers qui, à l’aube de la retraite, comptent sur leurs bas de laine. En peu de temps, l’inflation peut dilapider les économies de toute une vie.

L’inflation, c’est un spectaculaire hold-up perpétré par la banque centrale. Et comme le dollar américain est la monnaie de référence, personne ne sera épargné. Voilà qui est bien plus scandaleux qui les bonis d’AIG!

Obama a hérité d’une crise économique, j’en conviens. Mais lui seul est responsable des décisions prises depuis janvier, et du vandalisme économique que subit l’Amérique.

On a dit que l’élection d’Obama est historique. C’est vrai! C’est sous sa présidence que l’empire américain deviendra une république de bananes!

Nathalie Elgrably-Lévy est économiste senior à l'Institut économique de Montréal.

* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.

vendredi 10 avril 2009

Blues en ce Vendredi de Pâques

Cette semaine a été teinté d'une douce mélancolie.

D'abord, j'ai terminé le Procès-Verbal de J.M.G. Le Clézio. Son personnage, Adam Pollo, a eu l'air tellement fou pendant toute la lecture. Mais ensuite, quand on finit le récit de son histoire, la question se pose naturellement: est-ce lui qui est fou ou est-ce nous qui le sommes ? On a envie de croire que c'est lui. À la limite, on dirait "Ça dépend". La théorie de la relativité d'Einstein se vérifie à nouveau...

Hier soir je suis allée au Centre Soufi de Montréal. Durant la Sohba (Parole de sagesse), un mot du Cheikh attira mon attention. Il disait à peu près ceci:

"Dieu a créé l'Homme dans la dépendance. Depuis le jour de naissance, il a besoin de la compagnie des autres hommes pour survivre. En effet, que peut faire un nouveau-né sans un parent, ne serait-ce que pour se nourrir ? Ensuite, il lui faut tout apprendre. Et pour apprendre, il a besoin d'un guide, d'un éducateur qui sera la porte par laquelle passer pour acquérir les enseignements de notre univers. Cela peut-être le père, la mère, un savant, un cheikh (...) Les plus grands prophètes ont tous eu eux-mêmes des guides, qui étaient parfois d'autres prophètes (...) Mais nous devons tous nous soumettre à un guide, pour apprendre sans cesse et sans relâche pour savoir où nous mettons les pieds lorsque nous avançons dans la vie. Aux femmes, Dieu a demandé une soumission à leurs époux qui sont leurs guides. Je sais qu'ici au Québec, dans ce pays où s'est beaucoup développé le féminisme, il est difficile d'entendre une tel conseil, que la femme doit considérer son époux comme son guide. Mais Dieu a demandé cela aux femmes pour leur facilité la tâche, car les femmes sont des reines, des princesses. Les hommes quant à eux doivent aller à la recherche de leur guide, ils doivent chercher et chercher et une fois qu'ils l'ont trouvé, doivent se soumettre à lui. Lorsque le monde des hommes et le monde des femmes sont en équilibre, ce mode de vie apporte paix et sérénité au foyer. Mais souvent, les hommes ne respectent pas leur engagement de soumission envers leur guide, trop souvent ils abusent de leurs droits et tournent le dos à leurs devoirs. Alors leurs épouses, par réaction, se rebellent. Et c'est pourquoi nous avons toutes ces difficultés dans les foyers de nos jours."

Le mot qui m'a frappé dans cette partie de la Sohba, c'est le mot "équilibre". Nous vivons aujourd'hui des déséquilibres persistants, et pas seulement au sein des foyers, mais à tous les niveaux. Un économiste dirait: "Toutes choses étant égales par ailleurs, l'optimum de Pareto serait..." ou "À l'équilibre général, nous aurions..." Et en dehors de ces cadres, tout est sous-optimal ou sur-optimal, sous-évalué ou sur-évalué, sous-estimé ou surestimé, bref c'est le "chaos organisé". Ce que nous vivons.

Ces paroles m'ont fait du bien. Les paroles intelligentes me font toujours du bien. Plus tard, après la Sohba et le Zhikr, des hommes, des jeunes célibataires, sont venus nous servir à manger. Ensuite, ils ont débarrassé et ont fait la vaisselle... Cela aide à rétablir l'équilibre, vu que les femmes font déjà suffisamment la cuisine et la vaiselle à la maison. Et puis surtout, ils le font pour leur Cheikh, pour leur guide.

Où allons-nous avec ces déséquilibres ? Un ami me dit qu'à cause du réchauffement climatique, nous en avons encore pour 150 ans peut-être, selon les environnementalistes les plus pessimiste. Un autre me dit que d'après son Cheikh, nous en avons pour 70 ans. Enfin, un autre encore m'explique que de toutes les façons, la planète se portera bien mieux sans nous.

Je laisse Adam Pollo conclure:

"Ce que je voulais dire. Voilà. Nous sommes tous pareils, tous frères, hein. Nous avons les mêmes corps et les mêmes esprits. C'est pour ça que nous sommes frères. Évidemment, cela semble un peu ridicule, vous ne trouvez pas, de faire cette confession - ici - en plein midi. Mais je parle parce que nous sommes tous frères et pareils. Savez-vous une chose, voulez-vous savoir une chose ? Mes frères. Nous possédons la terre, tous, tant que nous sommes, elle est à nous. Voyez-vous comme elle nous ressemble ? Voyez-vous pas comme tout ce qui y pousse ? Et tout ce qui y vit a nos figures et notre style ? Et nos corps ? Et se confond avec nous-mêmes ? Tenez, par exemple, regardez autour de vous, à gauche et à droite. Y a-t-il une seule chose, y a-t-il un seul élément - dans ce paysage qui ne soit pas nôtre, qui ne soit pas à vous, à moi ? Je vous parle de ce réverbère que je distingue en reflet dans la vitrine. Hein. Ce réverbère est à nous, il est fait de fonte et de verre, il est droit comme nous et porte à son sommet une tête semblable à la nôtre. La digue de pierre, là-bas, sur la mer, est aussi à nous. Elle est bâtie à la mesure de nos pieds et de nos mains. Si nous l'avions voulu, elle aurait pu être mille fois plus petite. Ou mille fois plus grande. C'est vrai. À nous les maisons, pareilles à des cavernes, percées de trous pour nos visages, remplies de chaises pour nos fesses, de lits pour notre dos, de planchers qui imitent la terre, et par conséquent nous imitent. Nous sommes tous les mêmes camarades. Nous avons inventé des monstres - des monstres, oui. Comme ces postes de télévision ou ces machines à faire les glaces à l'italienne, mais nous sommes restés dans les limites de notre nature. C'est pour cela que nous sommes géniaux - nous n'avons rien fait d'inutile sur la terre, comme Dieu lui-même, frères, comme Dieu lui-même. Et je vous le dis, moi, hein. Je vous le dis, il n'y a rien de différent entre la mer, l'arbre et la Télévision. Nous nous servons de tout, parce que nous sommes les maîtres, les seules créatures intelligentes du monde. Voilà (...)"

Beaucoup de vérité dans ces mots. Et pourtant... Une nouvelle page d'histoire ? Surement. Alors retroussons nos manches, au cas où il s'agirait de la dernière page, pour clore 6000 ans d'histoire humaine en beauté.

lundi 6 avril 2009

Un petit mot sur le G20

Ci-dessous, un résumé intéressant du sommet. La prise de conscience est bien réelle. Le problème que l'on note à chaque crise lors de ces dernières décennies c'est que nous avons une économie mondiale mais pas de gouvernement mondial. Ce dernier sera très difficile à créer - on voit déjà les difficultés au niveau européen par exemple pour s'entendre sur des politiques communes. Mais à un moment donné, il nous faudra bien trouver les outils qui vont nous permettre d'y arriver. Car, comme l'a dit un jour une bonne amie à moi: "Nous irons quelque part tous ensemble, ou nulle part... tous ensemble."

http://www.rfi.fr/actufr/articles/111/article_79705.asp

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vendredi 3 avril 2009

Génération X - Tout un roman !

Je viens de découvrir que l'expression Génération X a été popularisé par l'écrivain canadien Douglas Coupland et que le X se réfère aux noirs américains qui signent leur nom d'une croix (on se rappelle de Malcom X) et représente une jeunesse sans identité.

Il me faudra trouver ce bouquin. En attendant, en voici un résumé provenant du "Buzz littéraire".

PS: Je trouve les illustrations géniales !

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http://www.buzz-litteraire.com/index.php?2006/02/22/64-generation-x-de-douglas-coupland-le-manifeste-idealiste-anti-yuppie


mercredi 22 février 2006

Génération X de Douglas Coupland : le manifeste idéaliste anti-yuppie

Génération X fait partie de ces petites bibles, de ces guides de survie qui vous donnent soudain l'impression d'y voir clair. Ces livres qui renversent les perspectives et soulèvent le voile poussièreux du prêt-à-penser. Publié en 1989 par Douglas Coupland alors jeune auteur canadien pour la presse, le roman, initialement un feuilleton dans le Vancouver Magazine strictement alimentaire, n'a rien perdu de son actualité. La génération Y ou Z s'y retrouvera. Et c'est même un pur bonheur de le relire régulièrement et de s'émerveiller de l'avant-gardisme de l'auteur, de sa lucidité et de son humour à la fois cynique et tendre.


Difficile de chroniquer ce livre dont on aurait envie de citer chaque phrase ou chaque tête de chapitre...
Pour résumer, il dresse le portrait de trois enfants de la révolution post-soixante huitarde, "nés après la bataille", après l'âge d'or...
Une génération coincée entre les modèles de réussite matérielle exhibée par les baby-boomers (leurs parents) et l'envie de se réaliser vraiment.

Dag, Claire et Andy en sont les trois (anti-)héros, trentenaires, à la recherche de nouveaux repères et bien décidés à ne pas "collaborer" ou "à jouer le jeu".
Retirés dans des bungalows rudimentaires à Palm Springs ("petite ville où des vieux essaient de se racheter une jeunesse et quelques barreaux à l'échelle sociale"), ils ont tous fui leur destinée toute tracée de parfait yuppie de publicitaire ou de courtier... "Nos systèmes centraux avaient disjoncté, brouillé par l'odeur des photocopies, du correcteur, le parfum des titres de bourse et le stress sans fin des boulots absurdes faits à contre-coeur et sans gloire."

Vivotant de petits jobs ou "macjobs"* comme ils les surnomment (vendeuse, barman...), ils déroulent leurs journées paresseuses autour des piscines de leur quartier, de pique-nique dans le désert, de soirées où ils réinventent le monde et maudissent le bourrage de crâne social. Cultivant leur successphobie ("peur que le succès ne fasse oublier les désirs personnels et donc rende incapable d'assouvir ses rêves d'enfance"), ils interrogent leurs anciens collègues : "En quoi méritons-nous nos crèmes glacées, nos chaussures de jogging et nos costumes italiens pure laine ?". Des collègues qui n'auront jamais "les trips de vivre la liberté absolue", "effrayés par l'absence de règles".

Leur programme pour les décennies à venir ? Rien...et surtout pas de plan de carrière ou de crédit immobilier ! Chapitre après chapitre (aux titres en forme de credo : "Je ne suis pas un coeur de cible", "Quitte ton boulot", "Mort à 30, enterré à 70", "Acheter n'est pas créer"...), Coupland démonte, dans un style vif et hilarant, la mécanique hypocrite du système et les mesquineries des bureaux. Outre l'originalité du propos, la forme du livre est elle aussi innovante puisqu'elle reprend, dans les marges, les illustrations pop d'origine signées Paul Leroche, accompagnées de notes parodiant les études sociologiques ou d'aphorismes subliminaux. Notre préférée : La "substituion de statut" qui consiste à "se servir d'un objet à profil intellectuel ou mode pour faire contrepoids à un objet qui ne vaut que du fric : "Brian, tu as laissé ton exemplaire de Camus dans la BMW de ton frère."

Un roman culte, fondateur, à lire et relire, qui préfigure le succès de romans des années 90 tels que Fight Club de Chuck Palahniuk et sa devise "Les objets que nous possèdons finissent par nous posséder" et même "American Psycho" de Brett Easton Ellis.

Un roman qui encore une fois conserve toute sa pertinence aujourd'hui, à l'heure où les consultants en stratégie s'exilent en campagne profonde pour devenir boulanger, ouvrir un gîte au vert ou encore les avocats qui deviennent écrivains...
Le "modèle" aurait-il fait son temps ?

*Mcjob : "boulot à petit salaire, petit prestige, petite dignité, petit profit et sans aucun avenir dans la branche des services."