mercredi 4 novembre 2009

À bientôt.

Chers lecteurs,

Ce blog est mis momentanément en veilleuse, le temps de finaliser un chapitre de thèse.

À bientôt !

Ndack

vendredi 23 octobre 2009

Conférence «Une hyperprésidence à la française: Sarkozy = Obama + Poutine?»

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J'ai trouvé cette conférence de Mr. Claude Emeri extrêmement intéressante. Il nous définit le modèle politique français et nous en explique l'évolution depuis De Gaulle. Cela dure une heure, mais je vous recommande de l'écouter jusqu'au bout, vous ne le regretterez pas. Il nous parle de démocratie passée, de monocratie et de monarchie élective actuelle et de webcratie future...

http://tv.uqam.ca/?v=52576


Bonne écoute !
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jeudi 22 octobre 2009

Les émigrés africains transfèrent chaque année 40 milliards de dollars dans leurs pays d'origine

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Dans les premiers d'économie, ce que le professeur explique aux étudiants c'est que les ressources que nous avons sur terre sont rares et que la science économique nous donne les outils nécessaires pour une utilisation efficace et optimale de ces ressources. Les outils sont là et sont suffisamment bien utilisés par certains. Pour d'autres, il y a encore un monde entre la théorie et la pratique. Nous avons encore beaucoup de travail à abattre pour la croissance et la réduction des inégalités en Afrique. Surtout au niveau des choix de politiques économiques.

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Les émigrés africains transfèrent chaque année 40 milliards de dollars dans leurs pays d'origine
LE MONDE | 22.10.09 | 10h17

'Afrique reçoit des sommes considérables des migrants partis travailler sur d'autres continents, mais le manque d'information, de concurrence et de régulation empêche cet argent d'agir pleinement sur le développement. C'est ce que révèle un rapport de l'International Fund for Agricultural Development (IFAD), publié jeudi 22 octobre à l'occasion d'un forum sur les transferts de fonds organisé à Tunis par cette agence de l'ONU, pour mobiliser banques centrales et gouvernements sur la question.

La première surprise de ce rapport tient en un chiffre : d'après l'IFAD, 40 milliards de dollars (26,7 milliards d'euros) sont envoyés chaque année à leurs proches par les émigrés africains. Ce montant était jusqu'alors inconnu, mais il était estimé entre trois et quatre fois moindre.

"L'Afrique avait toujours été une énigme en ce qui concerne les transferts de fonds", explique Pedro de Vasconcelos, économiste à l'IFAD et coauteur de ce premier état des lieux. "On les évaluait généralement entre 10 milliards et 17 milliards de dollars. Même les banques centrales africaines n'avaient aucun chiffre."

Ce manque d'information a des conséquences en cascade : "L'impact des transferts est colossal, mais sous-utilisé. L'argent est là; le problème, c'est le manque d'options. N'ayant pas conscience des montants en jeu, les gouvernements ne se préoccupent pas de réguler le marché ou de rendre ces sommes productives, pas plus que le secteur privé", explique M. de Vasconcelos.

Résultat, le marché des transferts est détenu à 64 % par deux acteurs seulement, Western Union et MoneyGram. Faute de concurrence, le taux des commissions est d'environ 10 % en moyenne en Afrique – où il peut même atteindre 25 % –, contre 5,6 % en moyenne dans le monde.

"Si on réduit ce taux de moitié, 2 milliards de dollars de plus arrivent dans la poche des familles chaque année, résume l'économiste de l'IFAD. En Amérique latine, l'ouverture du marché a fait chuter les taux de 15 % à moins de 5 %."

La concurrence aurait un autre avantage : la multiplication des points de retrait, dont les zones rurales africaines sont largement dépourvues. Or un tiers des transferts sont destinés à des familles rurales. "Le Mexique dispose d'autant de points de retrait que toute l'Afrique, avec une population dix fois moindre", compare M. de Vasconcelos. "Pour beaucoup d'Africains, aller chercher cet argent, c'est un ou deux jours de travail perdus."

L'agence des Nations unies propose de transformer les bureaux de poste en points de retrait, alors qu'ils n'en ont aujourd'hui pour la plupart ni le droit ni les moyens. L'IFAD vient de signer un accord avec l'Universal Postal Union pour travailler en ce sens.

D'autres solutions existent. Au Kenya, le téléphone mobile devient un des moyens les plus économiques d'effectuer des transferts d'argent. Le Kenya est aussi un des rares pays à autoriser les institutions de microfinance à opérer ces envois de fonds. Dans toute l'Afrique, ces organismes ne forment que 3 % des points de retrait. Leur ouvrir le marché des transferts suffirait à doubler le nombre de guichets, selon l'IFAD.

Surtout, au lieu d'un simple mécanisme de consommation, "cela créerait une dynamique locale d'épargne et de microcrédit, qui donnerait une tout autre dimension à l'économie", estime M. de Vasconcelos.

Car si l'essentiel de l'argent des transferts de fonds sert à faire face à des dépenses de première nécessité – nourriture, logement, santé ou éducation –, "5 à 10 milliards de dollars sont disponibles pour l'épargne et l'investissement", selon le rapport. Des sommes capitales en pleine crise économique, alors que l'aide publique au développement s'essouffle et que les investissements directs étrangers s'effondrent.

Les transferts des migrants souffrent eux aussi : ils ont chuté de 12,7 % depuis le début de l'année selon l'IFAD. Un choc d'autant plus rude que ces envois avaient connu une croissance moyenne de 17 % dans le monde depuis dix ans, et que "par rapport à d'autres régions, l'Afrique dépend vraiment des transferts de fonds", précise M. de Vasconcelos.


Grégoire Allix
Article paru dans l'édition du 23.10.09


La BAD tente de remédier à se problème: Voir cet article
Intéressant de voir d'ailleurs dans cet article le rôle de la France, ancienne puissance coloniale, dans la régulation de ces fonds...
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mercredi 21 octobre 2009

Lancement de "L'Exil"

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Aujourd'hui, j'aimerai partager avec vous la vidéo du lancement de mon premier roman, "Partis Trop Tôt, Trop Loin: L'Exil". Ce fut une très belle soirée, super bien organisée par les Conceptions KB - vous l'avez deviné, KB c'est pour la journaliste Khady Beye:

http://www.editionsphoenix.net/videos/ndack/exil/lancement.html


Je suis aussi passée à l'émission Tam-Tam Canada de Radio Canada International avec Raymond Desmarteau:

http://www.rcinet.ca/rci/fr/emissions/archives/archivesDetails_1946_15102009.shtml

Je suis passée au début de la deuxième partie de l'émission.

Bonne écoute !
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dimanche 11 octobre 2009

« À cœur ouvert » avec Aziz Salmone Fall


Voici une entrevue avec M. Aziz Salmone Fall que j'ai trouvée sur le site du Regroupement Général des Sénégalais du Canada (RGSC). Je la partage avec vous (Tous droits réservés par le RGSC).

Son engagement politique est tout simplement remarquable.






10 décembre 2005

Entrevue avec :

M. Aziz Salmone Fall
(que ses amis appelent Z tout simplement)

Politicologue, chercheur panafricaniste et internationaliste, enseignant universitaire, spécialiste de l’Afrique et des relations internationales, il est un fervent défenseur des droits humains. Il cherche constamment à défendre et à valoriser l’Afrique qu’il aime profondément. Il souhaite ce continent fort et autonome et croit en la potentialité de ses gens. Aziz S. Fall est reconnu et recherché pour ses idées et ses connaissances qu’il partage gracieusement avec qui le demande. Il ne plie pas devant l’opposition et sait convaincre son auditoire par son savoir et ses idées justes et progressistes. Il combat ardemment toute injustice, particulièrement celle qui touche la communauté Noire. Aziz S. Fall est une pierre importante de la forteresse du développement de l’Afrique, et celle-ci peut être fière de son fidèle représentant!!

Aziz S. Fall est aussi reconnu par sa grande disponibilité ainsi que pour son intégrité, son professionnalisme, son humilité et sa simplicité. Mais peu de gens ici connaissent son passé de batteur dans les années 1975 à 80, alors qu’il jouait avec son frère guitariste pour le groupe « Damels », l’un des premiers groupes de Jazz fusion au Sénégal. Durant des années, ce groupe animait les intermèdes à la télé.

M. Aziz S. Fall, merci infiniment de bien vouloir répondre « à cœur ouvert » à nos nombreuses questions afin de nous permettre de mieux vous connaître et partager votre expérience avec vos frères et sœurs sénégalais et sénégalophiles. Nous savons qu’il n’est pas toujours facile de se livrer à cœur ouvert comme vous allez le faire, mais quelle joie de pouvoir partager son expérience personnelle de vie et de permettre à la communauté sénégalaise de se connaître mieux!


RGSC
: Racontez-nous un peu votre vie au Sénégal.

Merci de m’inviter à votre chronique et fraternel bonjour à tous et à toutes.

Je suis né à Dakar, mais j’ai grandi en Arabie Saoudite, en Égypte et au Liban jusqu’à l’âge de 8 ans et suis ensuite revenu au Sénégal où j’ai vécu jusque l’âge de 20 ans avec mes deux frères et ma sœur, et aussi six autres demi- frères et sœurs plus âgés et une très vaste famille élargie. Au début, j’avais un wolof médiocre, mais grâce à mon père, j’ai vite appris à parler comme on le faisait de son temps. Le résultat est un curieux mélange d’authenticité et de franc wolof dakarois. Je suis allé à l’école Thiers, puis à celle du Point E et j’ai fait mon lycée à Blaise Diagne. J’avais autant d’amis dans les quartiers bourgeois de Fann et du Point E, que de Fass la Gueule Tapée, Grand Dakar et de la Médina. J’affectionnais particulièrement des enfants très pauvres qui partaient à l’aube et revenaient au crépuscule dans les bidonvilles de Fass. Parfois, ils disputaient aux vautours les restes du réfectoire de l’Université de Dakar attenante à ma maison. Je jouais avec eux d’interminables parties de foot et leur offrais en général mes balles et des aliments dérobés à la sauvette à la maison. J’étais déjà très sportif, mais j’avais de l’asthme infantile et mon médecin était le Docteur Diop, le père de Blondin Diop. Un jour qu’il me soignait, je l’ai vu pleurer par l’entrebâillement de la porte sur l’épaule de mon père. Le régime de Senghor avait torturé à mort son fils. Les turbulences lycéennes m’ont vite accaparées. Très vite, je me suis clandestinement politisé avec des groupuscules maoïstes qui contestaient le régime senghorien et le néo-colonialisme ambiant. C’était l’époque des tensions avec la Guinée Conakry, mais aussi des luttes de libération de la Guinée Bissau et des îles du Cap Vert. À l’heure de la prière du crépuscule, je rapportais sous mes habits des petits fascicules subversifs emballés dans du plastique pour leur conservation que je devais lire avant de le passer à un autre camarade. Je devais faire attention aux craquements à chaque génuflexion, de peur que mon entourage ne s’en rende compte.

Je crois que j’ai eu une enfance et une adolescence heureuse, mais préoccupée de la condition de mon peuple. J’étais rebelle, portait un collier que je m’étais fabriqué, des chemises et des pantalons modernes, mais des babouches. Les parents découragés haussaient les épaules. Mais derrière mon air d’artiste et de philosophe blasé, je cachais ma vie politique clandestine, mon faux nom, mes convictions, mes contacts, etc. D’ailleurs, je n’en ai parlé publiquement pour la première fois que chez moi l’autre jour, devant quelques compatriotes, alors que nous recevions l’ex-ministre Awa Dia Thiam de passage à Montréal. Nous faisions partie de la même cellule et je ne l’avais pas revu depuis l’adolescence. À la fin de celle-ci, pour m’éloigner de ces groupes radicaux, mon père m’avait recommandé sous les conseils de notre voisin le Dr Diallo, compagnon de Cheikh Anta Diop, de prendre la carte du RND. Je le fis, mais n’ai jamais vraiment milité dans ce parti. J’ai d’ailleurs quitté le pays peu de temps après, et jusqu’à présent ne suis membre d’aucun parti politique.

RGSC : Et qu’en est-il de votre expérience musicale ?

J’ai eu une éducation stricte. Peu de gens savent en effet ce qui suit. Mon père descendant de monarques du Baol et du Cayor semblait avoir des réserves à nous voir jouer de la musique, d’autant qu’à cette période des années 70, les groupes, même modernes, chantaient les louanges des gens pour de l’argent, comme des griots. Mon frère Bouba qui était un surdoué musical, s’était fabriqué une guitare, jouait déjà des airs de Santana et voulait visiblement en faire sa carrière. Le père a tout découvert un jour où il est arrivé à l’improviste et où nous jouions, un classique du répertoire local, Mane Sane Gissé, mais avec une touche jazz. Agréablement surpris, mais prudent, il nous a autorisé à ne jouer que la fin de semaine et à condition qu’il n’y ait aucune incidence négative sur notre cursus scolaire. Nous devions avoir autour de 11 –12 ans, jouions autodidactes aussi bien que des adultes, et on nous regardait dans le quartier avec curiosité. Nous sommes passés à la télé noir et blanc à Kaleidoskope à cet âge là avec des instruments acoustiques, sous le nom des Salmones -c’était l’époque des Jackson Five-. Jusque là c’était un jeu. Puis un jour, Tanor Dieng, qui était à l’époque instituteur de mon frère et se lançait comme impresario du Sahel, a convaincu notre père de lâcher un peu du lest et nous laisser essayer. Mais papa avait peur du milieu, de la drogue, de l’alcool et des fréquentations. Nous avons quand même formé un quartet avec comme bassiste Badou Diop et Jean Louis Thiam guitare d'accompagnement. Et dès que notre père allait chez sa co-épouse ou en voyage, on transformait la maison en salle de répétition, avec les moyens du bord, ressuscitant des magnétos et des transistors et en faisant des amplis. Moi j’avais construit ma propre batterie au début. Je suis reconnaissant à notre mère qui nous a beaucoup enduré. La vie privée était finie, bien des jeunes des quartiers environnants encerclaient la maison. Il y avait d’ailleurs peu de prestation en public : l’université, quelques lycées et évènements communautaires et une seule fois au théâtre Sorano, qui fut d’ailleurs un fiasco. Nous avons ensuite enregistré, dans des conditions modestes et fait, je crois bien, le premier vidéo play back de la TV sénégalaise avec Maguette Wade. La TV n’avait même pas le moyen, ce jour là, d’avoir des enceintes pour diffuser en plein air, et c’est avec un haut-parleur rustique dominé par le vent de la plage de Ngor, que nous devions reproduire notre propre musique. C’était plus dur pour moi, car si les autres n’étaient pas branchés à un ampli et devait correctement mimer les notes, je me devais, moi, de jouer à la batterie, pas trop fort pour qu’on puisse entendre tous. Des années durant, des extraits de cette cassette passèrent à la moindre panne ou interlude, y compris dans des pays voisins. On n’a jamais reçu une royalty dessus, on aurait peut être été riche. Je sais par contre que nous avons eu une influence discrète mais réelle sur bien des jeunes musiciens ou mélomanes, et même des artistes devenus célèbres depuis, comme Ismaël Lo, Cheikh Tidjane Tall, Wasis Diop Habib Faye de Youssou Ndour ou feu Prosper du Xalam… Aujourd’hui, parfois quand je peux me le permettre, je joue quelques instruments et les enregistre sur un logiciel multipistes. Je n’ai jamais perdu espoir de produire quelque chose juste pour le fun… mais je n’ai vraiment pas le temps…un jour peut être comme les gars de Buena Vista Social Club autour de 75 ans…si je tiens jusque là…


RGSC
: Avez-vous voyagé avant d'arriver au Canada?

Oui, comme je l’ai dit dans ces pays arabes, mais aussi quelques escales en Europe et un bref séjour aux îles canaries.


RGSC
: Quel fut votre cheminement pour arriver au Canada ? Pourquoi l'avoir choisi ?

Mes parents voyant ma politisation grandissante étaient convaincus que l’université de Dakar serait potentiellement dangereuse. D’ailleurs l’année avant le Bac, j’avais sans permis ni permission, pris la voiture de mon père pendant qu’il faisait la sieste, pour livrer des tracts de grève au pavillon de droit à l’université. Dans le virage, il y avait un type à motocyclette dans mon espace et en l’évitant, j’ai mordu sur le sable glissant. À l’allure où j’allais, j’ai fait un tonneau, abattu un des rares arbres de l’endroit. La voiture était une perte totale, je suis sorti indemne par la vitre arrière. Quand mon père a vu la voiture il a arrêté de me gronder, j’aurai dû y passer. Bref, ce fut un bon argument pour aller étudier ailleurs. Je voulais justement ne pas partir en France, comme bien de mes collègues. Une aversion pour le néo-colonialisme probablement. J’avais entendu parler de la déportation des acadiens et avais une certaine sympathie pour le Canada, puisque enfant je lisais les aventures de Blek le Roc (un rebelle patriote canadien français, d’ailleurs méconnu ici en raison de la censure canadienne). De plus un aîné, voisin et parent éloigné Lamine Fall y était depuis un petit moment et réussissait bien, tout cela plaida ma cause. J’ai pu dès l’obtention de mon Bac aller à Moncton au Nouveau Brunswick. Il y avait alors Dany Senghor, le seul sénégalais qui venait de quitter la ville, j’ai demandé à prendre sa chambre à la résidence universitaire.


RGSC
: Quand êtes-vous arrivé au Canada et comment s'est passée cette arrivée?

C’était en 1982 et pour moi soudain une grande liberté, car malgré la musique etc., nos parents ne m’autorisaient que très exceptionnellement à sortir le soir ou à voyager seul. Ce fut donc l’aventure. La photo du prospectus universitaire donnait l’impression que Moncton était une grande ville. Comme j’arrivais par New York et Montréal, j’avais déjà une idée démesurée des villes, et je fus vite déçu de la taille de Moncton. Mais elle était très attachante, un îlot de francophonie, qui venait de perdre son journal local Evangéline, alors que l’université sortait d’une longue grève. Premier choc. Il y avait un ratio surprenant de gais, et beaucoup de filles par rapport aux hommes. D’ailleurs, c’est là au kachot, la boite du campus, qu’à ma première soirée, trois filles sont venues, tour à tour me demander à danser. Je croyais même que c’était une initiation de mes collègues de la Fac. Il n’en était rien. Quand on vient d’une époque où le bal obligeait d’asseoir les filles d’un côté et les garçons de l’autre, (et où il fallait se faire d’abord refuser une danse pour en obtenir la prochaine, pendant qu’un adulte allumait brusquement la lumière pour décourager les initiatives trop cavalières), une telle liberté est pour le moins inattendue.

J’avais vu la neige à Beyrouth, mais je me rappelle bien de la première fois ou j’ai gelé. J’étais allé avec un copain faire des courses en espadrille fin octobre et à notre retour, le mercure était tombé sous 0. Je me suis aperçu que quand je riais mon sourire restait figé comme un rictus. Arrivé en résidence, on a mis nos pieds transis devant le calorifère. Chose à ne pas faire. On apprend vite. Et comme je suis très mince, depuis lors l’hiver, je disparais sous bien des épaisseurs.

Aujourd’hui je fais du ski de fond, et résiste relativement bien. Je préfère toutefois le printemps à toutes les saisons.

RGSC : Le Québec : quelles sont vos impressions?

J’ai tout de suite adopté le pays, y compris l’hiver que je continue d’apprivoiser surtout à compter de février. C’est un pays magnifique, avec une population attachante dont certains pans vit encore les complexes d’infériorités de toute nation qui a été aliénée et qui s’affirme. Les femmes semblent à prime abord plus ouvertes que les hommes, surtout si on ne partage pas le goût prononcé pour le hockey, la bière ou les voitures.

J’ai tout de suite sympathisé avec la cause des amérindiens, mis en réserves ou classifiés sur différents statuts, car ils ont servi à créer le modèle d’apartheid en Afrique du Sud. J’ai été dégoûté de voir que la caisse de dépôt de placement du Québec, comme bien d’autres intérêts économiques et politiques soutenaient l’apartheid. Il y avait alors des restrictions aux étudiants étrangers de faire de la politique, et les associations étudiantes africaines de l’époque respectaient relativement ces critères. Avec un groupe d’amis, j’ai alors fondé le GRILA (groupe de recherche et d’initiative pour la libération de l’Afrique) en 1984, et on s’est attelé à combattre ouvertement tous les lieux qui soutenaient l’apartheid. Très vite le GRILA a pris de l’importance, "backé" par l’ANC, et s’alliant à des organismes locaux. Nous avions la préoccupation qu’il ne fallait pas que les africains fassent partie du problème en étant ici une fuite de cerveau ou une simple courroie de reproduction de nos régimes politiques. C’était l’époque où l’ANC d’Afrique du Sud ou les mouvements de libération contre le colonialisme portugais ou pro-apartheid étaient ici considérés terroristes, mais aussi l’année de l’avènement de la révolution Sankariste en Haute-Volta qui devint Burkina Faso. Le travail s’est donc intensifié et diversifié. C’est ainsi que nous avons contribué à influencer la politique canadienne qui a fini par devenir le fer de lance de la lutte anti-apartheid en Occident, puisque Joe Clark, Walter Mc Lean et Brian Mulroney ont adopté notre plate-forme anti-apartheid.

Nous avons donc vécu l’Afrique ici, tout en apprenant à connaître le Québec, à aider ses aspirations à l’autodétermination. Ce travail d’activisme m’a permis de sillonner le Québec et d’aller à la rencontre de sa société civile, et obtenu de faire de Montréal une ville anti-apartheid et même d’avoir un parc nommé Mandela, face au métro Plamondon.


R
GSC
: Pourriez-vous nous présenter votre famille?

Mon père Salmone Fall a grandi élevé par sa grand-mère à St- Louis, et a peu connu son père, gazé à la première guerre mondiale. Il a fait la seconde guerre mondiale dans la marine, a été coulé à Dunkerque et a survécu avec une poignée de soldats dans les eaux froides. De retour en Afrique, comme bien des jeunes panafricanistes, il a vite compris que la France ne favoriserait pas de grands ensembles politiques ni ne permettrait d’indépendance totale. Il s’est alors opposé puis a fuit chez son ami Lumumba au Congo, qui l’a naturalisé congolais et envoyé comme ambassadeur au Caire. Quand Lumumba a été assassiné, mon père a rapatrié sa femme Pauline et ses enfants au Caire. C’est là qu’il a rencontré ma mère. Elle venait de finir ses études d’histoire et géo à l’université du Caire et travaillait dans une agence de traduction durant la période des vacances. L’année d’avant Kwamé Nkrumah avait épousé une égyptienne, et donc le mariage de mes parents sous les auspices de Nasser a été un autre évènement cairote. Ensuite le Sénégal lui a donné sa nationalité et nommé en poste en Arabie saoudite et au Liban. Mais il savait qu’il ne pourrait pas tenir longtemps avec le régime senghorien et il a vite démissionné. Il a vendu ses biens et hypothéqué sa maison pour se lancer dans une entreprise de camions. A l’époque, le secteur était un monopole du régime et son affaire a coulé à pic un an plus tard. Il y a tout perdu, et ce fut une période dure où ma mère a donc été contrainte de travailler pour que la famille joigne les deux bouts, ce qu’elle fit comme professeur d’arabe au Lycée des jeunes filles de Kennedy et formatrice à l’école Normale supérieure. Maman est une femme très pieuse, de santé délicate, qui vit depuis sa retraite quasiment cloîtrée dans sa maison à prier, surtout pour nous. Elle nous a donné une solide formation coranique, mais avec une très grande ouverture d’esprit en ce sens qu’elle a accepté de débattre philosophiquement des mystères métaphysiques et des paradoxes de notre religion. Mes parents sont vraiment mes modèles, et je suis fier de les aider à mon tour. Leur intégrité, leur humanisme et leur volonté de répandre le bien autour d’eux m’influencent quotidiennement. Nous leur sommes gré mon frère Malick qui vit à Milan, ma sœur Fatma qui vit à Dakar et mon frère Bouba qui est ici avec moi. Nous sommes une famille très unie, d’une part par le caractère métisse de notre éducation et l’attachement que nous nous portons.


RGSC
: Parlez-nous de votre domaine professionnel

Je suis politologue spécialisé en relations internationales. J’ai enseigné dans différentes universités (Sherbrooke, Trois Rivières, McGill et l’UQAM). En réalité, cette discipline est pour moi le prétexte à une ouverture à la multidisciplinarité. Je crois que je resterais un éternel étudiant. Bien sûr, il peut être flatteur de s’entendre dire qu’on a un savoir encyclopédique, mais moi je sais que plus j’apprends, plus je découvre combien j’ignore bien des choses. Alors je partage et continue d’apprendre. Comme consultant, j’apparais souvent dans les média et des conférences, mais j’ai un rôle plus actif et caché auprès de partis et d’hommes politiques ici et en Afrique. Dans le cadre du GRILA, je coordonne la première campagne africaine contre l’impunité -l’Affaire Sankara- avec 21 avocats et plusieurs personnalités comme Jean Ziegler, Edgar Pisani, etc. Après avoir épuisé les recours nationaux, l’affaire est pendante aux Nations Unies, où nous avons gagné sur l’admissibilité. J’ai coordonné le réseau contre l’apartheid, et je suis membre de quelques conseils d’administration, notamment le Centre de recherche Ryerson et la fondation Aubin que je préside.

RGSC : Quels sont vos intérêts et passions ? Qu'aimez-vous particulièrement?

L’Afrique, l’internationalisme, la justice sociale, ma famille, la nature.

Je me suis impliqué dans la vie politique d’une bonne quinzaine de pays africains. Au Sénégal, j’ai d’abord participé à un front pour l’alternance qui a contribué à la chute du régime Diouf. J’ai ensuite fondé avec mon camarade Ndongo Faye le mouvement des assises de la gauche au Sénégal, et une formidable équipe l’a construit. C’est dans l’histoire de la sous-région, le plus vaste projet de regroupement des partis de la mouvance progressiste au Sénégal qui tente de faire travailler ensemble plus de 80 formations politiques (www.reewmi.org). C’est un projet qui me tient à cœur. Au niveau panafricain, j’ai rédigé la première critique annotée du NEPAD, car je considère que l’Afrique fait fausse route avec ce projet et devrait plutôt avec l’Union africaine se doter d’un plan continental de développement tourné sur ses potentialités internes du continent d’abord, dans une perspective panafricaniste et autocentrée. J’aime la pensée critique de Marx, Cheikh Anta Diop, Ché Guévara, Cabral, Samir Amin, Kocc Barma Stephen Hawking, Hubert Reeves. Je crois appartenir à une génération multidisciplinaire d’internationalistes, hélas en voie de disparition. J’adore l’égyptologie l’astrophysique, la psychologie, l’écologie, la musique et le Foot-Ball. Je suis émerveillé par les dimensions de nos univers, par l’infiniment petit comme l’infiniment grand et peux passer une éternité à contempler une abeille travailler.


RGSC
: Vous êtes président du GRILA (Groupe de Recherche et d’Initiatives pour la Libération de l’Afrique, www.grila.org ), pourriez-vous nous parler de cette organisation.

Non, je n’y suis que membre, il n’y a d’ailleurs pas de président au GRILA. C’est un groupe qui fonctionne sur le modèle de collectifs (sorte de comités sur des problématiques ou des évènements ponctuels). Le GRILA est une nébuleuse politique qui a des sections à Montréal, Toronto, Niamey, Dakar et Paris et beaucoup de sympathisants de par le monde. Nous ne sommes pas subventionnés et tous les camarades qui viennent autant d’Afrique qu’ils peuvent être chinois ou occidentaux y mettent du leur et ça marche. Dans ces vingt ans nous avons réalisé beaucoup de choses, des luttes pour la libération de prisonniers politiques à la confection de matériel électoral pour des partis politiques amis; du travail de lobby, ou de dénonciation que ce soit l’apartheid, de Shell au Nigeria, le pillage au Congo; la promotion de l’émancipation des femmes et le changement des mentalités masculines. Nous avons 2 émissions de radio, celle de Montréal s’appelle Amandla et émet en français et en anglais sur le web et sur bande FM le mercredi 19 h au 90,3. Nous réagissions aussi à des crises, comme récemment dans l’affaire Mailloux.


RGSC
: Quelles sont vos "idoles"? Quelles personnes admirez-vous profondément?

Avec mes parents, Imhotep, Lamine Senghor, Mandela, Amin, Ché Guevara, Rosa Luxembourg, Cheik Anta Diop, Samory Touré, mais surtout les millions d’anonymes qui luttent dans l’adversité et le dénuement silencieusement en Afrique et qui pourtant gardent une vitalité et un optimisme existentiel.

RGSC : De quelle façon avez-vous entendu parler du RGSC ? Comment vous y êtes-vous intéressée?

Incidemment, j’étais à son assemblée de création. Ceux qui s’en souviennent savent que je m’étais objecté sur la stratégie, en arguant qu’il fallait d’abord regrouper les délégués de chaque association des villes canadiennes. Le temps a finalement donné raison à l’approche de ceux qui ont finalement bâti et fait évoluer le regroupement. En raison de mon groupe, dont une des exigences est de ne pas appartenir à une association nationale pour les postes d’autorité, je ne peux donc y participer pleinement.

RGSC : Enrichi de votre expérience personnelle, quels conseils donneriez-vous aux nouveaux arrivants?

Rester soi-même tout en apprenant à s’intégrer, et si on fait des enfants, leur inculquer aussi nos valeurs les plus nobles. Il faut aussi respecter les valeurs de l’accueillant. Le Québec est en construction et si ces arrivants veulent rester et y participer, il faut donc s’engager et revendiquer sa place. Autrement, il suffit de s’adapter en respectant les gens et en se faisant respecter. Il ne faut en tous cas jamais déconnecter de l’Afrique. Il faut toujours se demander en quoi est ce que je puis être utile pour ceux qui sont sur le continent. Il faut aussi apprendre à connaître et respecter les africain-américan-E-s de la diaspora. Aux jeunes, je dis de se méfier de la drogue et des fréquentations douteuses surtout basées sur l’argent.


RGSC
: Quel message aimeriez-vous communiquer à l’ensemble des sénégalaises et sénégalais qui sont au Canada?

De continuer le remarquable travail, d’être les ambassadeurs de notre pays et de l’Afrique et savoir souvent que nul n’est prophète chez soi et que cet endroit peut être un tremplin. Je leur dit de suivre les traces des Bara Mbengue, Oumar Dioume, Ousseynou Diop, Aloïse Ndiaye, Khadiyatou Fall, Mountaga, Lamine Fall, Aloïse Ndiaye, Aly Sow, Amadou Oury, Aoua Ly, Gaby Sylla et bien d’autres qu’il serait long de mentionner ici, qui nous font honneur et qui sont des modèles.

Je demande à nos concitoyens de s’impliquer politiquement pour sortir le Sénégal de la crise. Et ceux qui sont progressistes de soutenir la démarche du MAG.


RGSC
: Parlez-nous de votre vision du Sénégal d'aujourd'hui et de demain

Un pays de paradoxes qui occupe historiquement de par ses cadres et ces moyens une position enviable dans plusieurs secteurs de la mondialisation. Je crois que le Sénégal, malgré son potentiel, s’est enfermé dans une impasse en raison de manque de projet de société, d’errements politiciens, de l’ajustement structurel et de plusieurs facteurs de sous-développement inhérents, autant à notre insertion dans la division internationale du travail que nos propres contradictions. Il y règne un mélange d’affairisme, d’instrumentalisation de la religion, de sexismes, de mœurs parfois rétrogrades (le social narcissisme, le culte ostentatoire, l’obscurantisme) et des petites politiques qui en font un cocktail défavorable aux masses et au développement. Notre peuple du fait d’avoir été exposé tôt à l’impérialisme y a contribué comme s’y est opposé. C’est une ambivalence qui perdure. C’est un pays qui perd un nombre considérable de cadres, cerveaux et forces productives. Le pays vit sous perfusion par les fonds des bailleurs de fonds et des sénégalais de l'extérieur, et le régime de l'alternance gère en fait l'enlisement, ce qui est bien, mais trés insuffisant au regard de la demande sociale et des exigences de notre développement. Un autre projet de développement, tourné sur le relèvement du niveau de vie des masses laborieuses, des femmes et des jeunes, est le seul qui pourrait infléchir le destin de notre pays en dehors des sentiers tortueux affairistes qu’il s’évertue d’emprunter. De toutes les façons, il n’y a pas pour moi peu d’espoir pour nos petits Etats en dehors du panafricanisme. Je crois que notre génération doit absolument réussir l’Union africaine. Le Sénégal en sera un des grands acteurs et bénéficiaire. J’espère surtout que les femmes et les jeunes y joueront un plus grand rôle.


RGSC
: Vous considérez-vous Canadien ou Sénégalais ??

Je vais peut être choquer des gens, ni l’un ni l’autre, je me sens plus citoyen planétaire pétri de valeurs sénégalaises, égyptiennes, canado-québécoises certes, mais sans avoir développé une appartenance frileuse à aucune d’elles. En fait, je crois que j’ai un petit problème avec les nationalismes, quoique dès qu’il s’agit de défendre la patrie, je suis aux premiers rangs. Je sais c’est paradoxal, mais je défends les autres pays d’Afrique comme si c’était les miens, au point même que des burundais, des sud-africains m’ont pris pour un des leurs. Disons que j’appliquerai bien pour un passeport transnational s’il existait!


RGSC
: Quels sont vos rêves, vos ambitions et vos projets?

Je me suis fait quelques ennemis, mais j’aimerai tout de même pouvoir vivre assez longtemps pour continuer de participer à la construction de l’Afrique et à une autre mondialisation. Et si ce n’est pas trop demander, finir sur une île dans mes vieux jours et y vivre écologiquement de façon autosuffisante entouré de gens que j’aime.


RGSC
: Nous aimerions que vous puissez formuler vous-même le mot de la fin de cette entrevue…

A luta continua

RGSC :

Encore un grand merci Aziz Fall d’avoir bien voulu participer à cette entrevue et d’avoir accepté de vous livrer ouvertement au profil de nos lecteurs sénégalais et sénégalophiles. Merci de nous avoir permis de vous connaître mieux.

Au nom du RGSC et de toutes vos consœurs et tous vos confrères africains, merci de combattre pour la justice et l’équité. Votre dévouement inlassable est un exemple à suivre et nous vous en sommes profondément reconnaissants.

Propos recueillis par Julie "Bintou" Bienvenue webmaster@rgsc.ca

jeudi 8 octobre 2009

Discours du lancement de l’Exil – Mercredi 7 Octobre 2009

*
Voilà, c'est fait, je viens de vivre le lancement de mon premier texte "Partis trop tôt, trop loin: L'Exil". Pour ceux qui n'y étaient pas, j'aimerai partager avec vous les quelques mots que j'y ai évoqués. Le discours se trouve ci-dessous.

Pour ceux qui voudraient me laisser un message au sujet de l'évènement de ce soir ou du livre, c'est possible ici: http://www.editionsphoenix.net/auteurs/Ndack-LivreDor.html

Bonne lecture !

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Bonjour,

Merci à tous d’être venu me soutenir pour le lancement de mon premier roman. Je suis reconnaissante envers mes parents et amis, ainsi qu’aux organismes communautaires et universitaires d’avoir bien voulu diffuser l’information de cet évènement.

Je remercie vivement Ali Diallo et la toute nouvelle équipe des Éditions Phoenix, qui sont basées aux États-Unis. C’est grâce à cette maison d’édition que mon manuscrit a quitté le disque dur de mon ordinateur pour être disponible au public. Je dis bravo à Bara Mbaye, graphiste résidant au Sénégal, pour avoir su reproduire mes écoliers imaginaires sur la couverture du livre. Je remercie également Khady Beye des Conceptions KB et Idiatou Diallo de l’agence PluriCom, basées toutes deux ici à Montréal, d’avoir organisé ce lancement. Nous sommes tous des jeunes qui débutons dans le métier avec nos propres moyens, et nous avons travaillé ensemble malgré les distances qui nous séparent, grâce aux nouvelles technologies de l’information. Nous espérons que vous apprécierez ce fruit de notre première collaboration.

Pourquoi ai-je voulu publier ce texte ? Vers la fin de mon secondaire, juste avant de quitter Dakar pour m’installer à Montréal, j’aurai aimé savoir quelles étaient les réflexions, exprimées très simplement par de jeunes étudiants de ma génération durant leur séjour à l’étranger. Ce sont de telles réflexions que j’aimerai faire ressortir au bout de la trilogie Partis Trop Tôt, Trop Loin. Le rôle de ce premier volume, L’Exil, est de planter le décor en jetant un regard sur les réalités de jeunes étudiants étrangers, afin de nous aider à mieux comprendre les difficultés de leur condition.

L’Exil est un roman autobiographique, car j’ai ressenti, à un moment ou à un autre, les émotions de chacun des personnages. Ensuite, pour leurs caractères, leurs personnalités et pour l’histoire en tant que telle, j’ai puisé dans les expériences de vie de mes contemporains. Il s’agit donc d’un témoignage, d’un condensé de faits vécus. Je vais commencer par vous en lire deux extraits. Le premier développe une réflexion de Marième qui est originaire de la ville de Dakar et qui vient de terminer ses études à Montréal. Je l’ai légèrement modifié pour l’occasion, afin d’en rendre la lecture plus facile. Marième se confie ici à une de ses amies. L’extrait débute ainsi:

***

« Tu sais, quand je suis venue ici, je venais tout juste d’avoir dix-huit ans. Je venais de terminer mon Secondaire et mes parents ont fait toutes sortes de sacrifices pour me permettre d’avoir une formation universitaire reconnue partout dans le monde. Évidemment, j’étais heureuse de partir et reconnaissante envers eux. Le seul problème, et ce n’en est pas un petit, c’est qu’ils m’ont envoyée en Amérique du Nord presque sans aucune préparation mentale. Je l’ai compris au fil des années, mais à l’époque je ne réalisais pas qu’étudier à l’étranger, c’était aussi et surtout immigrer temporairement. Je pense même que mes parents ne le réalisaient pas non plus parce qu’après m’avoir fait changer de continent aussi jeune, ils s’étonnent encore aujourd’hui de voir que j’ai beaucoup changé culturellement.

Au moment du départ, tu te dis que tu pars pour acquérir du savoir, des connaissances qui vont te permettre de faire un travail intéressant une fois de retour au pays. Mais cela ne se passe pas toujours comme prévu. D’abord la date de retour n’est pas évidente à fixer. Puis une fois rentrée, la réadaptation n’est pas évidente d’après ce que des amis qui ont tenté l’expérience m’en ont dit.

En vérité, un étudiant étranger est un immigrant, le mot n’est pas fort. Tu vis ici pendant des années et il faut bien que tu t’adaptes, que tu échanges avec les gens, que tu changes certaines de tes habitudes parce que l’environnement est très différent de celui que tu connaissais, etcetera. En plus, l’étudiant étranger est un immigrant qui a moins de droits que les autres parce que dans ses papiers et même dans sa tête à lui, il n’habite pas ici. Il est juste de passage quoi, comme un touriste de longue durée qui doit se prémunir d’une assurance-maladie privée et qui doit renouveler régulièrement son visa.»

***

Le second extrait est une réflexion d’Ousmane dans un train quittant une banlieue de Paris. Il est lui aussi originaire de Dakar mais il est allé faire ses études à Paris.

***

« … Il reconnaît que son continent n’a d’autres choix aujourd’hui que de se développer dans un contexte de mondialisation. Mais il faut avouer que les conditions initiales ne sont vraiment pas les mêmes. Les Africains veulent bien rester chez eux et développer leurs pays, mais il faudrait alors leur permettre de protéger leurs économies et leurs ressources, de même qu’il faudrait tisser avec eux des relations commerciales plus équitables.

Mais malgré tout, il y en a qui ne partent pas, qui décident de lutter sur place et qui par conséquent font preuve de beaucoup d’ingéniosité pour contourner les obstacles qui se dressent continuellement devant eux. Et ceux qui vivent en Occident font facilement au moins dix-huit heures par jour, minimisent toutes leurs dépenses, et envoient la presque totalité de leur épargne dans leurs villages d’origine. Ce sont des vies entières d’exil pour l’installation de forages et de pompes à eau, la construction, l’investissement dans de petits projets agricoles et commerciaux, et surtout pour une augmentation du niveau de vie de leurs familles. Puis il y a surtout les centaines de millions de femmes restées au pays, qui sont très débrouillardes, très entreprenantes, surtout depuis qu’elles ont accès au microcrédit. Ce dernier a carrément engendré une petite révolution dans la vie des femmes africaines. La dernière fois qu’Ousmane a lu un article là-dessus, les taux de remboursement étaient de près de quatre-vingt dix-huit pour cent. « La dignité malgré la pauvreté », murmure Ousmane tout bas, tandis que le train quitte l’ombre des tours, le béton, les graffitis. »

***

Alors, l’étudiant étranger: c’est toute une histoire ce personnage. Les premiers étudiants étrangers que j’ai connus, sont ceux qui m’ont élevée, à savoir mes parents. J’ai passé mon adolescence dans une maison où sept années passées en France avaient fait de Maman une ingénieure statisticienne, ancienne soixante-huitarde, et poète à ses heures; et où douze années passées au Canada avaient fait de Papa un administrateur de projets très pragmatique, avec toujours une blague amusante à partager. Imaginez la scène quand un problème se posait: l’une théorisait pendant des heures sur la cause du problème pour que cela ne se reproduise plus jamais, tandis que l’autre cherchait une solution pour tout régler tout de suite car dans une heure il avait autre chose à faire. J’ai énormément appris des deux et je les en remercie.

Ayant souscrit à l’adage selon lequel les voyages forment la jeunesse, mes parents ont bien évidemment tout fait pour m’envoyer étudier à l’étranger après mon secondaire. J’étais censée aller à Bordeaux, en France pour y faire un Deug en Mathématiques Appliquées aux Sciences Sociales. Malheureusement ou heureusement, je ne sais pas, un blocage administratif a empêché l’obtention du visa pour la France à temps et j’ai manqué les cours préalables à ma formation. Je ne pouvais donc pas commencer le programme. En plus, le système français est tel que si l’on rate la rentrée universitaire de Septembre, il faut attendre l’année suivante pour suivre son programme. Mes parents ont dit non. Il fallait que je commence l’université en Occident et le plus vite possible, pas dans un an. C’est là que mon père, tout fier, a dit à ma mère qu’il y a une région francophone dans le monde avec des universités bien reconnues sur le plan international et qui commencent leur programme aussi en janvier: bien sûr, le Québec. Ils ont trouvé que c’était une excellente idée, ils ont vidé leur compte d’épargne et je me suis retrouvée trois mois plus tard, le 4 janvier 1997 avec ma petite valise à l’aéroport de Mirabel.

Nouvelle génération d’étudiants étrangers à l’aube du millénaire. Nouveaux objectifs. Pour les parents, c’était différent, ils partaient en véritable pionnier. Ceux qui revenaient en Afrique avaient des pays nouvellement indépendants à diriger. On peut critiquer la façon dont cela a été fait, moi la première, mais il faut absolument reconnaître qu’ils ont réussi quelque chose d’essentiel: nous, leurs enfants, sommes nés dignes sur des terres libres. Même si cette liberté est encore partielle par endroits, elle est bel et bien là, il ne reste qu’à poursuivre le travail entamé. Il y a aussi ceux qui sont restés en Occident après leurs études et grâce à qui lorsque je dis que je suis Africaine, n’importe qui, dans les coins les plus reculés de la planète, a à peu près une idée de ce que c’est, un Africain. Et ça aussi c’est important.

Qu’en est-il maintenant de la nouvelle génération ? Quelles sont nos défis ? Parmi les étudiants étrangers Africains, il y en a qui sont déjà retournés sur le continent pour y travailler, et il y en a qui sont restés vivre en Occident. Quel est le bon choix ? Je ne sais pas s’il existe. La première fois que l’on quitte son pays d’origine, on subit un traumatisme dont on ne mesure la profondeur que bien des années plus tard. Chacun le vit différemment, ce qui fait que chacun en guérit différemment. Puis quelque soit le choix que l’on finit par faire, on a toujours cette impression plus ou moins marquée, d’avoir manqué quelque chose, une autre vie, ailleurs. Moi je suis fortement contre le regret. Je ne me tourne vers le passé que pour y puiser des solutions d’avenir. Autrement, cela ne m’est d’aucun intérêt. Voilà ce que je propose: que chacun d’entre nous, membre de la diaspora, soit définitivement conscient que nous travaillons pour l’Afrique et pour le monde à chaque fois que nous nous rendons utile dans une œuvre digne et humaine. Grâce aux nouvelles technologies de l’information, l’important n’est plus tellement de s’enraciner sur une terre, sur un lieu géographique, mais plus de s’enraciner dans un réseau - ici Africain et j’ajouterai Africophile, comme l’aurait dit mon amie Khady Beye, pour inclure tous ceux qui s’intéressent à l’Afrique quelque soit leurs origines. Il s’agit ensuite de garder le contact avec les membres de ce réseau où qu’elle se trouve dans le monde, et en même temps de travailler avec les gens qui vivent autour de nous en Occident d’où qu’ils viennent, le tout pour apporter une contribution à l’humanité toute entière. Si nous arrivons à intégrer ceci très tôt, nous irons loin, l’Afrique avec, et le monde avec. Ce livre dont nous faisons la promotion aujourd’hui est une petite contribution dans ce sens. J’écris et je continuerai inch Allah d’écrire car nous sommes une nouvelle génération d’Africains dans une nouvelle page d’Histoire du Monde et il faut que nous fassions entendre notre voix. Ce texte, je vous le dédie à tous. Merci.
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vendredi 2 octobre 2009

Ndack à Durala

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Ça y est, j'ai fait ma première entrevue radio, à l'émission Durala sur CHOQ.FM. Et ma foi, ça va vite ! D'abord, j'ai voulu parler au début, mais ma gorge était tellement sèche... Il est vrai que j'avais un peu perdu ma voix la semaine dernière, mais cela pouvait très bien être le stress aussi. Heureusement, une bouteille d'eau était posée pour moi, juste à côté, et j'ai pu me désaltérer.

Khady Beye, l'animatrice radio, a été très professionnelle comme d'habitude et elle a réussi à me faire parler sur plusieurs sujets, sur mon roman évidemment ("Partis Trop Tôt, Trop Loin: L'Exil"), mais aussi sur l'Afrique en général.

Il y a une exception quand même, je reconnais avoir complètement esquivé la question sur l'Oscar du mérite que le Président Abdoulaye Wade a remis au Capitaine Moussa Dadis Camara notamment pour "la moralisation économique". C'était tout simplement impossible pour moi de réagir ou de faire un seul commentaire sur ces deux chefs d'État et la crise guinéenne en quelques secondes. Il aurait fallu que l'émission porte là-dessus. Mais Khady a compris mon "Je n'en ai aucune idée" et nous sommes vite passés à autre chose.

Le reste de l'entrevue s'est agréablement bien passé. Khady a su nous faire passer subtilement du livre à nos expériences personnelles d'étudiants résidant à l'étranger. Je donne là une réaction à chaud, je ne me souviens pas précisément de tout ce que j'ai dit, mais je sais que je suis sortie de là en me disant que l'ambiance était chaleureuse, ce qui m'a permis ensuite de relaxer.

Je vous donne le lien de l'entrevue: http://www.choq.fm/archives-dunerivealautre-15136-0.html#archives
Il s'agit de l'émission du 02-10-2009.

Bonne écoute !

PS: Je viens de réécouter l'émission et petite note - quand je dis "communauté", c'est dans le sens "groupe de personnes ayant des intérêts communs", je veux dire "réseau". Par exemple, dans le cas de la diaspora d'un pays donné, travailler ensemble à un intérêt commun comme un projet qui apporte quelque chose de positif au pays d'origine. Je ne parle pas du communautarisme dans le sens "groupe de personnes vivant ensemble" à l'étranger, sous-entendu "et avec personnes d'autres"...

lundi 28 septembre 2009

Démystifier les mythes

La chronique de Amadou Guèye Ngom de ce matin... et ça touche là où ça fait mal !

Démystifier les mythes

Amadou Gueye NGOM
Lundi 28 Sept 2009


Lorsqu’un homme de plume cède à l’invitation d’écrire sur un sujet qui préoccupe sa communauté, il court presque toujours le risque de la connivence qui aliène sa liberté de penser. C‘est ce que j’ai ressenti en lisant le commentaire me priant de parler du problème de l’énergie, des inondations, de la mal gouvernance du Sénégal, ce grand malade au chevet duquel se bousculent charlatans et charognards.

Que dire de nouveau sur les coupures d’électricité, les dégâts de la pluie et leur prise en compte ? Jusqu’ici trois attitudes ont été en compétition: l’appel aux armes, le rappel à Dieu et l’amateurisme. Attitudes exploitées avec plus ou moins de bonheur par l’opposition, les leaders religieux et les pouvoirs publics. Pour chacune de ces entités, tout désastre constitue un fonds de commerce virtuel ou offre l’occasion d’un règlement de comptes.

- « On vous avait prévenu, c’est un gouvernement d’incapables », rugit l’Opposition

- « Nous gérons vos cinquante ans d’échec », retorquent les tenants du nouveau régime

- « Lavons les cœurs », pontifient Doomi Soxna” et Enfants de Marie, sans nous dire avec quel détergent.

De l’autre côté, les gardiens des bois sacrés, réclament des sacrifices… Mais il semble que poulets et cabris ne fassent plus l’affaire. Du moins, si l’on en juge par les rumeurs de sadisme qui caractérisent les meurtres enregistrés quotidiennement.

Finalement, le peuple que tout ce beau monde veut guérir ou dévorer devient mécréant, au sens intuitif du terme, juste par instinct de survie.

De quoi souffre la société sénégalaise ? De deux graves malentendus:

1) l’imposture qui consiste à présenter l’Etat comme un bienfaiteur

2) l’inadéquation entre discours politique et entendement populaire.

Lorsqu’un intellectuel en langue française et aux idées importées dénonce, auprès du peuple, le train de vie de l’Etat, la gestion patrimoniale du pouvoir et ses allures monarchiques, il perd de vue que cela correspond exactement à la perception traditionnelle du pouvoir par les populations : « Buur déy yéwéen », « Nguur deñ koy donn ». Ces deux mots wolofs clés que sont yewen (généreux) et donn (hériter) associés à Buur (roi) dérivé de nguur (royaume) sont les termes en usage pour traduire l’Etat et son chef. Si cet intellectuel, « étranger » chez lui, connaissait mieux ses réalités, il se serait d’abord soucié d’expliquer aux populations ce qu’est une république et ce qui la différencie d’une monarchie.


A l’exception d’un ou deux partis, l’Opposition qui fonctionne également avec les mêmes idées importées n’a pas non plus conscience du décalage entre son discours et l’entendement populaire. Elle exploite les mouvements d’humeurs des populations plutôt que de leur dire, par exemple que la rue publique n’est pas « mbeddu buur », que les deniers publics ne sont pas « alalu buur », que tout appartient au peuple, que l’Etat n’est propriétaire de rien et que les actions inhérentes à ses charges ne sont pas des faveurs dont il devrait attendre un tribut de gratitude sous forme de d’allégeance ou de suffrages.


La presse qui eût pu jouer les vigiles regorge davantage de valets de chambre que de professionnels motivés par l’information critique et l’éveil des consciences. Elle contribue, à dessein ou par maladresse, à la personnalisation du Pouvoir dont les moindres faits et gestes sont relatés avec une emphase publicitaire qui frise l’indécence : « Wade prête son avion à l’Equipe nationale » en lieu et place de « l’Etat met l’avion de commandement à la disposition de… » Idem, lorsque sa femme ou son fils offre des billets de voyage à la Mecque. Autant de formulations linguistiques qu’il convient de réajuster.


Aussi longtemps que nos politiciens de rhétorique et de slogans, les clubs d’intellectuels déphasés ne feront pas comprendre aux populations qu’elles ne doivent rien à l’Etat mais que c’est plutôt ce dernier leur serviteur et obligé, jamais ne s’estomperont les malentendus.


Le diagnostic de nos maux commande également d’avoir le courage de démystifier les mythes, de mettre un terme aux populismes manipulateurs… Cesser de croire à l’inaltérabilité de nos valeurs traditionnelles. Notre peuple n’est ni meilleur ni pire que d’autres. Nous avons des saints mais aussi des salauds, comme dans n’importe quel pays. Nous avons même des anarchistes pour qui « toute révolution commence par l’irrespect: “koo tudd, ñu daggal ko”.


Il est tout aussi malhonnête de faire croire que, par atavisme, les Sénégalais sont pétris de « jom », de « kersa », de tolérance. Ce stéréotypage, plus « carcéral » que galvanisant, empêche les remises en question salutaires et ne sert qu’à manipuler ou endormir une société.

Conformément à notre statut d’anciens Ceddos convertis, on se gargarise bruyamment des héros de l’Epique et des grandes figures religieuses, plutôt que de nous inoculer leurs vertus. Ce qui subsiste de l’héritage ne sont souvent que des velléités monnayables au naïf le plus offrant. Aujourd’hui, on adhère à un parti dont le leader sait se montrer généreux, on s’oppose plus par dépit que par conviction idéologique.


Yamar qui n’obtient pas gain de cause décoche une chanson ; Kakatar qui espère se rincer la dalle avec quelques gouttes du millésime américain se rend compte subitement que Gorgui est « le meilleur président au monde » et qu’il mérite d’être « Président à vie ». Malentendus, mystification, opportunisme ? La navigation entre ces destinations que sont la politique, la religion et les affaires fonctionne à merveille.

Amadou Gueye Ngom

Critique social


PS : la hache qui sectionne définitivement les branches pourries de l’arbre ne sera jamais comparable aux pluies illusoires qui les verdissent temporairement de mensonges.

vendredi 25 septembre 2009

Dans les murs d'un département d'économie...

C'est arrivé aujourd'hui: X est une étudiante de doctorat en économie et elle trouve sur son bureau un exemplaire du journal La Presse avec l'article de Pierre Foglia "Le mur dans la tête" bien mis en évidence par sa colocataire de bureau, nommons-là Y. Y écrit un gros "Intéressant !" sur l'article et encercle deux extraits de ce dernier:

Premier extrait:

« Christian est né à l'Est (de Berlin). Je vous l'ai présenté hier. Jeune homme ouvert sur le monde, il partait le lendemain pour Minneapolis, où il termine des études en économie. Christian avait 7 ans quand le mur est tombé. Quand je lui ai demandé s'il se sentait plus de l'Est que de l'Ouest, je m'attendais à ce qu'il proteste - ce qu'il a fait, sauf qu'il a ajouté: «Reste que je n'ai presque pas d'amis de l'Ouest.»

Christian aurait-il plus d'amis à NDG s'il était de Rosemont? Question tordue. Avant 1945, Berlin, contrairement à Montréal, n'était divisé ni par la langue ni par la culture. Avant 1945, Berlin était peuplé de Berlinois tous à peu près pareils. On y a tracé une frontière au lendemain de la guerre. Puis on a dressé ce mur de béton, qui est resté debout 28 ans. Et quand on a jeté ce mur à terre, surprise! Les Berlinois des deux côtés de l'ex-mur n'étaient plus pareils.

Du point de vue anthropologique, c'est quand même un peu troublant, non? On n'était pas, comme en Palestine ou même comme à Belfast, devant un mur qui sépare de toute façon deux communautés qui n'ont rien à voir et ne veulent pas se voir. Le mur de Berlin séparait absolument arbitrairement et artificiellement des citoyens semblables, conformes; séparait le cousin de la cousine, le voisin de la voisine. »

Le commentaire de Y: « Belle expérience naturelle... »

Y fait en effet référence à la méthode du "randomized experiment" très prisée actuellement par les économistes du développement. Cette méthode aide à évaluer l'impact d'une politique en comparant la situation d'un échantillon d'individus sans la politique avec la situation d'un autre échantillon d'individus similaires mais avec l'implantation de la politique.

Un exemple donné ici par le New York Times:

« The basic idea behind the lab is to rely on randomized trials — similar to the ones used in medical research — to study antipoverty programs. This helps avoid the classic problem with the evaluation of aid programs: it’s often impossible to separate cause and effect. If aid workers start supplying textbooks to schools in one town and the students there start doing better, it could be because of the textbooks. Or it could be that the town also happened to hire a new school administrator.

In a randomized trial, researchers would choose a set of schools and then separate into them two groups. The groups would be similar in every respect except for the fact that one would receive new textbooks and one wouldn’t. With a test like this, as Vinod Thomas, the head of independent evaluation at the World Bank, says, “You can be much more accurate and much more clear about the effect of a program.”

The approach can sound cruel, because researchers knowingly deny help to some of the people they’re studying. But what, really, is the alternative? It’s not as if someone has offered to buy new textbooks for every child in the world. With a randomized study, you at least learn whether your aid money is well spent. »

Deuxième extrait encerclé par Y:

« On voit par là que les murs, comme la petite vérole, laissent de vilaines cicatrices. Sans parler d'effets pervers auxquels on n'avait pas pensé. Pendant 28 ans, le mur a caché aux Allemands de l'Est la démocratie, la liberté, le bonheur. Qu'est-ce que vous pensez qu'ils ont fait, les Allemands de l'Est? Ils ont rêvé la démocratie. Ils ont rêvé la liberté. Ils ont rêvé le bonheur.

Le mur est tombé et bon, on le sait, le rêve n'est jamais focus avec la réalité. Au point où quelques-uns, cyniques sûrement, disent qu'il faudrait peut-être refaire le mur pour qu'ils se remettent à rêver. »

Commentaire de Y: « Soit U(Consommation, Rêve, Désillusion) ou Uc > 0, Ur > 0 et Ud <> ou < 0 ? quelque soit i différent de j ? »

Il s'agit là des propriétés de la fonction d'utilité U d'un résident de berlin Est telles que décrites par Mr. Foglia. Deux paragraphes résumés en deux lignes ! Et moi je dis que dans pas longtemps la ville de Berlin risque d'attirer des économistes prêts à en faire leur laboratoire de recherche... Vous ne vous imaginez pas le nombre d'études remplies de mathématiques faites sur vous à votre insu ! Mais ne vous en faîtes pas, c'est pour l'avancée de la science :o)

jeudi 24 septembre 2009

Un navire sans capitaine à bord...

Quelques mots de Jacques Attali, l'un de ceux qui ont vu venir la crise, mais aussi l'un des économistes les plus pessimistes qu'en au futur de la planète. Mais a-t-il vraiment tort... ?

***

Le G vain

Par Jacques Attali, publié le 21/09/2009 19:27 - mis à jour le 22/09/2009 19:33

Le G 20 de Pittsburgh ressemblera à s'y méprendre à celui de Londres. A la veille de Pittsburgh, comme pour Londres, on dira que la situation s'améliore : de fait, la Bourse va mieux, la production industrielle augmente, l'optimisme est partout, le goût du risque revient : ainsi, lors des six derniers mois, le coût de la protection contre la faillite éventuelle de Bank of America, de Goldman Sachs et de 14 grandes entreprises industrielles a baissé des deux tiers.

Comme avant Londres, tout le monde aura intérêt à le croire, car chacun a des échéances électorales. Cette fois, le président Obama patauge devant le Congrès, qui lui refuse toute réforme, sur le contrôle des banques comme sur la santé ; et Angela Merkel est soumise à reconduction deux jours après Pittsburgh...

Comme avant Londres, la situation est en réalité extrêmement critique. La production demeure très inférieure à ce qu'elle était avant la crise. Le chômage augmente et augmentera, en particulier en Allemagne, en France et en Italie, pays où, selon l'OCDE, le redressement de l'emploi sera "beaucoup plus long que celui de la production" et aboutira à une "crise sociale à part entière". Les fonds propres des banques restent plus que jamais insuffisants. Les produits dérivés sont toujours là, sans aucun contrôle, constituant l'essentiel des activités rentables de bien des banques. La dette publique continue d'augmenter partout, à tel point qu'il est maintenant, et pour très longtemps, impossible aux banques centrales d'augmenter leurs taux d'intérêt, ce qui les prive du pouvoir de lutter contre l'inflation, si elle se déclenche un jour, comme c'est vraisemblable.

Comme à Londres, 27 chefs d'Etat (et non 20) et presque autant de patrons d'institutions internationales se réuniront pendant deux jours et s'exprimeront chacun pendant moins d'une demi-heure. Comme à Londres, ces dirigeants débattront longuement d'un sujet présenté comme essentiel, qui fait aisément scandale et sur lequel ils peuvent faire croire qu'ils ont quelques moyens, mais qui n'a, en fait, qu'un rapport très lointain avec la récession : à Londres, ce furent les paradis fiscaux, facilement dénoncés ; à Pittsburgh, ce seront les bonus des traders, cloués au pilori. Comme à Londres, on prendra quelques décisions bien visibles à leur propos. Et comme à Londres, ces mesures n'auront aucun impact sur la crise et seront contournées : les traders, comme les fraudeurs du fisc, débordent d'imagination...

Comme à Londres, on prendra des décisions, qu'on n'appliquera pas, sur les fonds propres des banques et sur la régulation systémique. Et comme à Londres, on n'en prendra pas sur les menaces de demain : la fragilité des banques, le retour des activités spéculatives, l'absence de contrôle des acteurs financiers non bancaires, tels les fonds d'investissement et les compagnies d'assurances.

Comme à Londres, on prendra mille et une photos, on se congratulera, on se quittera. Puis les dettes publiques continueront d'augmenter, les institutions financières seront de plus en plus instables, le chômage augmentera. Et un jour, sans doute, devant le désastre, il faudra agir. On se retournera alors vers les gouvernements : exsangues, ils ne répondront plus. Il n'y aura plus, alors, de G 20.

mardi 22 septembre 2009

« À cœur ouvert » avec Papa Diop


Voici une entrevue avec M. Papa Diop que j'ai trouvée sur le site du Regroupement Général des Sénégalais du Canada (RGSC). Je la partage avec vous (Tous droits réservés par le RGSC).





Mars 2005

Entrevue avec : M. Papa Diop

Un des premiers sénégalais à avoir obtenu le statut « d’immigrant reçu » venu directement sans escale du Sénégal au Québec, il a connu les hauts et les bas de cet exploit, il a dû se forger une place et ouvrir le chemin à ceux qui l’ont suivi depuis ce jour. Malgré l’exploit du nombre d’années vécues au Canada, Papa Diop est un amoureux du Sénégal et de la population sénégalaise. Que ne fera-t-il pas pour promouvoir sa culture d’origine, pour aider les siens? Toujours souriant, il fonce dans la vie, il va de l’avant sans relâche. Nous sommes fiers de vous le présenter aujourd’hui.

Merci infiniment Papa Diop de bien vouloir répondre à nos nombreuses questions afin de nous permettre de mieux vous connaître et partager votre expérience avec vos frères et sœurs sénégalais et sénégalophiles. Nous savons qu’il n’est pas toujours facile de se livrer à cœur ouvert devant un public si nombreux, mais quelle joie de pouvoir partager son expérience personnelle de vie et de permettre à la communauté sénégalaise de se connaître mieux!

RGSC : Racontez-nous un peu votre vie au Sénégal.

Je suis né il y a 54 ans à Pire dans la région de Thiès au Sénégal.

J’ai fait mes études primaires à Cambérène, un village traditionnel layène (confrérie religieuse) près de Dakar. Ce passage à Cambérène a été très formateur et m’a profondément marqué. Les principales activités de la population « léboue » était la pêche et l’agriculture, tout le monde se connaissait et il y avait beaucoup de solidarité et un esprit communautaire.

Après l’école primaire, je suis allé au Lycée Blaise Diagne à Dakar et par la suite j’ai suivi un cours de fabrication mécanique au Centre de Formation Professionnelle de Thiès.
Juin 1970, c’est le décès de mon père qui coïncide avec la fin de mon cours. À 20 ans, étant l’aîné, je deviens chef de famille, je commence à travailler aux Chemins de Fer jusqu’à mon départ pour le Canada en décembre 1975.

RGSC : Avez-vous voyagé avant d'arriver au Canada?

Le Canada constitue mon premier voyage à l’extérieur du pays.

RGSC : Quel fut votre cheminement pour arriver au Canada et pourquoi l'avoir choisi?

C’est un pur hasard. En 1973, avec des amis, nous avions trouvé dans une vieille revue qui venait de la France que le Canada, l’Australie et les Etats-Unis étaient à la recherche de travailleurs qualifiés. J’ai photocopié le formulaire et fait ma demande, sans trop y accorder d’importance. Quelles furent ma joie et ma surprise quand j’ai reçu une réponse et c’est à ce moment que les démarches ont commencé et au bout de trois mois, je recevais mon visa d’immigrant. Je prends 3 mois de vacances que j’avais accumulés et je me suis dit je n’ai rien à perdre, je vais aller voir et si je me rends compte que ça ne fonctionne pas pour moi, je vais revenir reprendre mon boulot aux Chemins de Fer. Et cela fait presque trente ans que je vis au Canada.

Pourquoi le Canada? À cause de la langue française et du fait que le Canada a une bonne réputation dans le monde et principalement en Afrique. J’avais aussi entendu parler du Canada dans mes cours de géographie et lors des visites effectuées par le Président du Sénégal de l’époque Léopold Sedar Senghor.

RGSC : Quand êtes-vous arrivé au Canada et comment s'est passée cette arrivée?

Je débarque à Dorval le 15 décembre 1975, euphorique, le soleil était brillant et le sol couvert de belle neige blanche que je voyais pour la première fois, avec des habits d’été. Il faisait 30C quand je quittais Dakar, j’arrive à Montréal, on nous annonce qu’il fait -15C, premier choc, le deuxième c’est quand j’ai vu le soleil se coucher vers 16 h 30. Le lendemain de mon arrivée, je vais à l’assaut des magasins pour m’équiper en manteaux, bottes, mitaines, etc.…

Je commence à prendre le métro pour visiter les Centres d’emploi, mais il n’y avait presque pas d’offre d’emploi, les agents me disaient c’est à cause des fêtes de Noël, mais qu’après les fêtes ça reprendra. Après quelques jours de solitude, de dépaysement et de découragement, je me dis que j’ai mon billet retour et mon emploi qui m’attend et de toute façon il fait trop froid ici et je n’ai pas envie de chômer surtout avec la famille qui compte sur moi. J’appelle l’agence de voyages pour réserver, on me rappelle dans la journée pour me dire que Montréal New York, il y a de la place, mais New York Dakar, il fallait que j’attende une semaine ou une annulation.

Entre temps, j’appelle mes parents pour leur annoncer mon retour, c’est la panique, tout le monde m’appelle pour m’encourager et me réconforter, l’ambiance des fêtes aidant je recommence à remonter la pente.

Le 6 janvier 1976, je décroche mon premier emploi dans une grande entreprise avec de bonnes conditions de travail, mais aux ressources humaines on me dit c’est un emploi temporaire de 3 mois seulement, je me suis dit : « j’y suis, j’y reste », finalement je travaille encore pour cette entreprise.

RGSC : Le Québec : quelles sont vos impressions?

Personnellement, je peux dire que ça a été une belle aventure malgré les difficultés rencontrées au début je peux dire que c’est très positif et je ne regrette rien, je m’en suis très bien sorti jusqu'à présent; je sais que ce n’est pas le cas pour tout le monde. J’ai été très chanceux, mais mon cas n’est pas unique il y’a plusieurs autres qui se sont fait une place au soleil, donc il y’a de l’espoir, mais il faut être sérieux dynamique et persévérant.

RGSC : Pourriez-vous nous présenter votre famille?

J’ai une grande famille, celle restée au Sénégal, comprenant ma mère et mes frères et sœurs, à laquelle je suis très proche et ici au Canada il y a mon épouse (à qui je rends hommage parce qu’elle m’a toujours supporté et appuyé dans mes nombreux projets) et mes 3 enfants, une fille et deux garçons qui sont des adultes maintenant.

RGSC : Quel est votre domaine professionnel?

Mon domaine professionnel est la fabrication mécanique, je travaille au service technique. J’ai été impliqué dans l’entreprise ou je travaille comme négociateur syndical. Je travaille aussi comme bénévole dans le milieu communautaire. Parallèlement à ces activités, durant les années 90, j’ai ouvert à Montréal deux restaurants (« Téranga » et « Découvrir le Sénégal ») pour faire connaître le Sénégal et sa gastronomie.

RGSC : Vous êtes le président de Omega Ressources Humaines. Parlez-nous de cette organisation?

ORH est un organisme à but non lucratif, laïc et indépendant dont les objectifs sont, entre autres, la sensibilisation à la diversité culturelle et ethnique, l’intégration économique et sociale des communautés culturelles, le dialogue des cultures et des civilisations et la mobilisation de la Diaspora pour le développement de l’Afrique.

Nous voulons créer un réseau pour aider à rapprocher les gens. Avec le bas taux de natalité au Québec. Montréal sera de plus en plus multiculturel, nous travaillons pour l’ouverture des esprits des uns et des autres, le respect des différences et une cohabitation plus harmonieuse entre les cultures et les religions.

Nous voulons aussi aider les membres de la communauté à trouver de bons emplois bien rémunérés et intégrer la fonction publique fédérale, provinciale et municipale. Nous avons besoin de bénévoles pour atteindre nos objectifs.

Voici notre site Internet : www.omegarh.org

RGSC : Quels sont vos intérêts et passions? Qu'aimez-vous particulièrement?

Je suis un passionné de football (soccer), sport que j’ai beaucoup pratiqué quand j’étais jeune, maintenant le corps ne suit plus. J’aime l’histoire et la lecture de biographies. Internet qui est un outil formidable. La bonne cuisine et les voyages.

RGSC : De quelle façon avez-vous entendu parler du RGSC et comment vous y êtes-vous intéressé?

Avant le RGSC, il y avait l’Association des Sénégalais du Canada dont je suis un des fondateurs avec d’autres sénégalais. Dans les années 80, j’ai été le président et nous avons eu à organiser des semaines culturelles et économiques, nous avons fait venir des artistes et des ministres pour faire la promotion de la culture et des possibilités d’investissement au Sénégal.
En 1993, l’Association, après plus de 13 ans, était en veilleuse. Vu l’importance pour une communauté d’un tel organisme, un groupe de jeunes et quelques doyens dont moi avons prit l’initiative de relancer les activités. De là est né le RGSC. Je félicite les jeunes qui ont pris la relève et qui font un travail extraordinaire.

RGSC : Enrichi de votre expérience personnelle, quels conseils donneriez-vous aux nouveaux arrivants?

Je leur dis que c’est possible d’avoir sa place au soleil, il faut croire en vous, être persévérant, ne pas vous décourager trop vite, tous les débuts sont difficiles, l’essentiel est d’être sérieux et de prendre votre place, si on a un rêve ou une passion d’aller jusqu’au bout, mais surtout d’être professionnel dans ce que l’on fait.

RGSC : Quel message aimeriez-vous communiquer à l’ensemble des sénégalaises et sénégalais qui sont au Canada?

Je demande à l’ensemble de la communauté de s’impliquer dans le regroupement, étant donné que nous sommes de plus en plus nombreux et que l’union fait la force, nous allons pouvoir, selon nos moyens, faire sentir notre présence et contribuer à bâtir ce pays où nous avons choisi de vivre.

RGSC : Vous considérez-vous sénégalais ou canadien?

Je pense que je suis l’un et l’autre, je me sens privilégié d’appartenir à deux pays qui partagent plusieurs belles valeurs : la démocratie, le respect des droits de la personne, la tolérance, l’ouverture, le pacifisme, etc.…
Quand je suis au Sénégal, on m’appelle le canadien, quand je suis au Canada, on m’appelle le sénégalais. Je dis souvent en boutade : « Je fais partie des sénégalais les plus canadiens et des canadiens les plus sénégalais». Le Sénégal est le pays de mes parents et de mes ancêtres et le Canada, le pays de mes enfants.

RGSC : Parlez-nous de votre vision du Sénégal d'aujourd'hui et de demain

Je ne suis pas un spécialiste, mais selon mon expérience, je vais donner une vision personnelle :
Le Sénégal est un pays qui n’a pas de ressources naturelles, mais qui a beaucoup d’atouts importants : Une situation géographique exceptionnelle, un beau climat, la stabilité politique, une belle entente entre les différentes ethnies et confessions religieuses, la qualité des ressources humaines.

Le Sénégal peut devenir un pays émergent, sauf qu’il y a quelques préalables :
- Un changement radical de mentalités, c'est-à-dire plus de civisme, de discipline et de rigueur.
- Une diminution des dépenses de prestige dans les cérémonies familiales et sociales.
- Mettre l’accent sur la formation professionnelle et technique des jeunes.
- Créer les conditions pour que les immigrés aient confiance et investissent dans la création de PME PMI génératrices d’emplois, et donner un pouvoir d’achat à la population, ce qui conduira à augmenter le niveau de vie de la population et créer une demande de biens et de services, faire rouler l’économie et permettre à l’Etat aussi de prélever des taxes et des impôts pour les services publics.
- On prétend qu’il y a plus de 2 millions de sénégalais à l’étranger. Si chaque immigré crée deux emplois, ce sera plus de 4 millions d’emplois, on atteindrait le plein emploi au Sénégal. Mais il faudrait que l’on implique plus les immigrés dans la marche du pays et qu’on leur permette de mettre en pratique l’expérience acquise à l’extérieur.
- Une agriculture diversifiée axée sur l’autosuffisance alimentaire.

RGSC : Quels sont vos rêves, vos ambitions et vos projets?

Si tout se passe comme prévu, je dois prendre ma retraite de mon emploi actuel. Je ne vais pas pour autant arrêter, au contraire je vais m’impliquer davantage pour l’amélioration des relations économiques, sociales et culturelles entre le Canada et le Sénégal.

Je vais tenter de reprendre la célèbre phrase du Président Kennedy : «Il ne faut pas se demander ce que votre pays peut faire pour vous, mais il faut plutôt se demander ce que vous pouvez faire pour votre pays»

Au Sénégal, je vais m’impliquer pour essayer de faire profiter mon expérience au pays.
À Montréal, nous allons travailler fort pour que Omega atteigne ses objectifs et réalise ses projets et essayer d’attirer des investisseurs canadiens au Sénégal. Je reviens d’un voyage de deux mois au Sénégal, je me suis rendu compte qu’il y a plusieurs secteurs très rentables pour des investisseurs potentiels.

RGSC : Nous aimerions que vous puissez formuler vous-même le mot de la fin de cette entrevue…

Je tiens à féliciter le Bureau exécutif du RGSC qui fait un excellent boulot, ils doivent être encouragés et appuyés parce que c’est un travail exigeant et très ingrat. Le RGSC est un outil indispensable pour la communauté, il ne faut pas que l’on tombe dans le piège de l’individualisme, la solidarité est une de nos valeurs que l’on se doit de préserver.

RGSC :

Encore un grand merci Papa Diop d’avoir bien voulu participer à cette entrevue et d’avoir accepté de vous livrer ouvertement au profil de nos lecteurs sénégalais et sénégalophiles. Merci de nous avoir permis de vous connaître mieux.

Propos recueillis par Julie "Bintou" Bienvenue webmaster@rgsc.ca