vendredi 27 février 2009

L'apogée du pessimisme ... ou est-ce plutôt du réalisme ?

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Après la crise financière, la guerre civile ? Préparez-vous à "quitter votre région"...

LE MONDE | 26.02.09 | 13h44 • Mis à jour le 26.02.09 | 21h12

a crise économique et financière va-t-elle dégénérer en violentes explosions sociales ? En Europe, aux Etats-Unis ou au Japon, la guerre civile est-elle pour demain ? C'est le pronostic quelque peu affolant que dressent les experts du LEAP/Europe 2020, un groupe de réflexion européen, dans leur dernier bulletin daté de mi-février.

Dans cette édition où il est question que la crise entre, au quatrième trimestre 2009, dans une phase de "dislocation géopolitique mondiale", les experts prévoient un "sauve-qui-peut généralisé" dans les pays frappés par la crise. Cette débandade se conclurait ensuite par des logiques d'affrontements, autrement dit, par des semi-guerres civiles. "Si votre pays ou région est une zone où circulent massivement des armes à feu (parmi les grands pays, seuls les Etats-Unis sont dans ce cas), indique le LEAP, alors le meilleur moyen de faire face à la dislocation est de quitter votre région, si cela est possible."

Selon cette association, formée de contributeurs indépendants issus des milieux politiques et économiques et de professionnels européens de différents secteurs, les zones les plus dangereuses sont celles où le système de protection sociale est le plus faible.

La crise serait ainsi à même de susciter de violentes révoltes populaires dont l'intensité serait aggravée par une libre circulation des armes à feu. L'Amérique latine, mais aussi les Etats-Unis sont les zones les plus à risques. "Il y a 200 millions d'armes à feu en circulation aux Etats-Unis, et la violence sociale s'est déjà manifestée via les gangs", rappelle Franck Biancheri, à la tête de l'association. Les experts du LEAP décèlent d'ailleurs déjà des fuites de populations des Etats-Unis vers l'Europe, "où la dangerosité physique directe restera marginale", selon eux.

FAIRE DES RÉSERVES

Au-delà de ces conflits armés, le LEAP alerte sur les risques de pénuries possibles d'énergie, de nourriture, d'eau, dans les régions dépendantes de l'extérieur pour leur approvisionnement et conseille de faire des réserves. Cette perspective apocalyptique pourrait faire sourire si ce groupe de réflexion n'avait, dès février 2006, prédit avec une exactitude troublante le déclenchement et l'enchaînement de la crise. Il y a trois ans, l'association décrivait ainsi la venue d'une "crise systémique mondiale", initiée par une infection financière globale liée au surendettement américain, suivie de l'effondrement boursier, en particulier en Asie et aux Etats-Unis (de - 50 % à - 20 % en un an), puis de l'éclatement de l'ensemble des bulles immobilières mondiales au Royaume-Uni, en Espagne, en France et dans les pays émergents. Tout cela provoquant une récession en Europe et une "très Grande Dépression" aux Etats-Unis.

Doit-on en conclure que la crise mondiale peut se transformer en guerre mondiale ? "Les pronostics de LEAP sont extrêmes, mais la violence sociale pointe", admet Laurence Boone, économiste chez Barclays.

Reste un espoir, une "dernière chance" selon le LEAP, qui résiderait dans la capacité du G20, qui se réunira le 2 avril à Londres, à arrêter un plan d'action "convaincant et audacieux". Dans ce cas, le monde ne serait toutefois pas tiré d'affaire, puisque les experts ne manquent de rappeler que se profile aussi une sévère crise climatique...


Claire Gatinois
Article paru dans l'édition du 27.02.09

jeudi 26 février 2009

Langue, culture, pensée

Chronique de Amadou Guèye Ngom qui revient sur une question fondamentale quand on parle d'avenir pour l'Afrique enfin véritablement libérée et définitivement décolonisée: quel sort réserverons-nous à nos langues nationales ? Des linguistes se battent pour les imposer dans les écoles primaires, la maîtrise de la langue maternelle pour un enfant en début d'apprentissage étant très importante. En effet, lorsqu'il apprend la grammaire pour la première fois de sa vie et que c'est avec une langue étrangère (qu'il ne parle pas à la maison), l'enfant apprend par répétition et intègre plus difficilement la structure des phrases. En Afrique francophone, des projets pilotes sont menés ici et là pour introduire les langues nationales dans les programmes scolaires, mais... il semble qu'arracher son indépendance officielle à l'Hexagone ait été la tâche la plus facile du processus de décolonisation. Pour l'indépendance culturelle, il va falloir plus de volonté.

Démagogie ou insouciance
Amadou Gueye NGOM Lundi 23 Fév 2009

« Dès que quelque chose est créée de par le monde, elle appartient à tout le monde. » -Iba Ndiaye, artiste peintre-

Démagogie ou insouciance

Les valeurs fondamentales d’un peuple meurent-elles jamais?

Elles peuvent s’assoupir, tomber dans un profond coma ou être momentanément troquées. Elles se re-saisissent, lorsque dictées par la prise de conscience, l’instinct de survie ou la révolte.

Devenue indépendante, l’Afrique de tradition orale s’est évertuée au mimétisme plutôt que de se restituer à elle-même comme l’y conviait le professeur Cheikh Anta Diop. Evidemment, nul n’est jamais prophète chez soi…Une triste illustration de cette vérité fut que Senghor bouda Cheikh Anta qui prêchait, entre autres vertus, la « Nécessité et possibilité d’un enseignement dans la langue maternelle en Afrique ». Sédar avait pris le parti de célébrer, avec un joyeux paradoxe, les travaux de l’ethnologue français Marcel Griaule qui soutenait que les mathématiques et l’astronomie, inventions nègres sont encore présentes chez les Dogons auprès desquels des chercheurs occidentaux viennent s’abreuver. Tout comme leurs ancêtres au contact des Egyptiens, il y a trois mille ans.

« Il s’agit moins pour l’Afrique de se survivre que de se réinventer » disait feu Iba Ndiaye

Si, à l’instar des peuples qui mènent le monde, nous autres Sahéliens avions eu la volonté politique de systématiser l’enseignement de nos langues, véhicules du savoir ancestral, nos brevets d’invention rivaliseraient avec ceux des maîtres de l’univers.

Songez que grâce au trait (écriture, dessin) la notion du cercle s’est concrétisée par le cerceau de l’enfant, la roue des engins de trait, de la bicyclette et tant d’autres applications.

Aussi longtemps que nous céderons à la facilité de la consommation plutôt que d’exhumer et transcrire nos langues pour en faire des outils de production, long sera le tunnel de l’errance et de plus en plus subtils seront les arguments du génocide culturel.

Qu’il s’agisse d’agriculture, d’éducation, d’économie, de santé, tous nos modes d’existence et fonctionnement sont calqués sur ceux de l’Occident sans que cela nous émeuve outre mesure. Nul ne semble convaincu que le développement n’est pas une manne du ciel mais la perpétuation sans fin d’un long processus qui prend racine sur des acquis. On se laisse subjuguer par les inventions de l’autre au lieu d’être torturé par l’inquiétude questionneuse de la souveraineté. A cela s’ajoute la peur d’affronter l’inconnu. Dans notre propre environnement, les serpents dont le simple aperçu nous glace d’effroi sont saisis, étudiés par ceux qui reviendront nous en vendre le sérum anti venimeux. -« Ils n’ont pas faim, ces toubabs… Et puis ils ont le temps » réagit-on…Diable! Celui là même auquel on n’assimile le reptile.

Le plus grave est de se claquemurer dans des salons mondains puis, au nom d’un déterminisme claudicant, postuler un lien de causalité entre rigueur climatique et avancée technologique. Car il arrive que le froid encourage à se terrer et s’encenser

L’Enfer est intenable mais j’ai ouï dire que l’on s’y démène dans tous les sens pour en sortir. Les fourmis de l’Afrique du Sud s’en sauvent...

Esclavage, colonisation ne devraient plus servir d’excuses.

L’Ecriture sauve-t-elle du désespoir?

Les Japonais auraient pu ne jamais cesser de gémir sur Hiroshima, Nagasaki et céder à la fatalité de ne pas avoir de ces ressources minières dont l’Afrique est pleine à craquer. L’holocauste non plus n’a pas incinéré la pugnacité juive qui contrôle une bonne partie de l’économie mondiale.

Démagogie, ruse avec l’en soi conduisent également à ne pas se donner le temps de prendre le temps d’aller au-delà des facultés physiques et mentales. En sport comme en matière de gouvernance, 60% de travail suffisent. Le marabout « Yal na fi yàgg »- comblera le déficit. Inch’Allah! Les cours « serigneurales » servent de rampes de lancement aux candides et niches de rédemption aux damnés.

Nous autres Africains vivant Outre Mer enseignons aux petits blancs des lycées et universités l’héritage des leurs et même les nouvelles technologies qui feront d’eux les producteurs d’une civilisation que contempleront et consommeront les nôtres. Hélas!

Pendant que nous éreintons nos enfants à étudier maths, sciences, histoire, géographie et même les disciplines sportives en langue étrangère, les mômes des pays émancipés foncent avec les cornes et dents de leur naissance.

Une langue étrangère, outre qu’elle aliène, à un certain niveau, exige un long apprentissage. Le jeu en vaudrait peut -être la chandelle si nos langues nationales n’en faisaient pas les frais. Pour s’en convaincre, il suffit d’écouter nos bulletins d’informations en langues dites nationales, de jeter un coup d’œil sur l’orthographe anarchique des panneaux publicitaires, des titres d’émissions radiotélévisées. Autant d’insouciances qui s’incrustent dans la mémoire graphique et visuelle pour perpétuer le massacre de nos langues nationales, si l’on y prend garde. Le vocabulaire citadin s’étiole pour se réduire à de redondantes vulgarités du genre «defar bam baax », « moo ko yor », « tabax bam kowe » que je ne m’humilierai pas à traduire aux non sénégalais.

On se berce d’illusions tout en se laissant berner par les démagogues qui font croire que le pays se développe à coups de gadgets électroniques, de belles villas qui poussent partout, des voitures de luxe qui s’esquintent dans les nids de poules et sur les bosses de chameau que chaque quartier s’autorise à fomenter en ciment ,contre l’arrogante attitude des automobilistes.

On se développe? Bah oui…La preuve, le budget national de mille milliards sous Ndiol a presque triplé avec Ndiombor.

De quoi pousser des pustules de rage-« Mer ba futt»

Amadou Gueye Ngom

Critique social

lundi 23 février 2009

"Les enfants perdus de Mbour"

Quand les institutions traditionnelles n'ont plus leur pouvoir d'antan, que les institutions officielles se montrent désemparées devant la tâche à accomplir, que la pauvreté s'en mêle en apportant misère, exode rural et urbanisation massive et qu'en plus, en réaction à la colonisation les sociétés se raccrochent par quête d'identité à des traditions qu'elles n'ont plus les moyens de gérer... qu'est-ce que cela donne ? Ben un immense chantier dans laquelle les enfants souffrent le plus. Je ne sais pas si on peut parler de travail des enfants: ils ne sont pas payés...

Reportage de Thalassa sur les enfants talibés à Mbour au Sénégal:

Première partie:

http://dailymotion.virgilio.it/video/k6eGMItgAGZm1MXyBF


Suite:

http://dailymotion.virgilio.it/video/k1LgIjs4kfn9v5Xz85

Interdit aux enfants de moins de 10 ans.

dimanche 22 février 2009

Attali nous recommande Sénèque

Il faut s'imprègner de l'incroyable modernité des Lettres à Lucilius

Chaque fois que le système de valeurs des sociétés occidentales est en crise, chaque fois que le modèle matérialiste est en désarroi, chaque fois que nos idéologies semblent incapables de donner du sens à l'effort, bien des gens se retournent vers les grands auteurs des temps anciens: que disent-ils de la puissance? De la richesse? De l'impatience? De la démesure?
Parmi ces penseurs, il en est un qui, en toute période de crise, fascine plus que les autres ; non parce qu'il est le plus grand ou le plus important, mais parce qu'il rassemble, dans une langue simple, radicale, moderne, le meilleur de ce que les Anciens, grecs et romains, d'Epicure à Epictète, ont dit avant lui du sens de la vie : Sénèque.
Cet intellectuel devenu homme politique, contemporain de cinq césars, amant de la soeur de Caligula, questeur en 35, maître de Rome au nom de Néron, le temps d'un quinquennat, de 54 à 59, acculé au suicide en 65, nous a laissé, notamment, des lettres magnifiques, adressées à un haut fonctionnaire affecté en Sicile, Lucilius.
Il y donne des réponses d'une incroyable modernité sur l'absurdité de la puissance, l'inutilité de la richesse, la vanité de la gloire, la mauvaise influence de la foule et des spectacles, la valeur du temps qui passe. Des lettres que nous avons tous grand intérêt à relire aujourd'hui.
Ainsi, sur l'absurdité de l'usage que nous faisons de notre temps : "Une grande partie de la vie s'écoule à mal faire, la plus grande à ne rien faire, la vie tout entière à faire autre chose." Sur les dangers de la mode : "La fréquentation du grand nombre est notre ennemie: il y a toujours quelqu'un pour nous faire valoir quelque vice, ou l'imprimer en nous, ou, à notre insu, nous en imprégner." Sur l'essence de nos nécessités: "Les besoins naturels sont bornés; ceux qui naissent d'une opinion fausse n'ont pas où s'arrêter; le faux, en effet, n'a pas de limites."
Sur la nécessité de préparer l'avenir : "Selon l'avis de nos ancêtres, il est trop tard pour épargner quand on arrive au fond ; ce n'est pas seulement, en effet, la part la plus petite qui subsiste à la fin, mais la plus mauvaise." Sur la meilleure manière de se comporter face aux menaces : "Si tu veux dépouiller toute inquiétude, quelque événement que tu redoutes, envisage sa venue de toute façon ; et ce mal, quel qu'il soit, mesure-le toi-même par rapport à toi et évalue ta propre crainte : tu comprendras assurément que ce dont tu as peur est ou bien sans importance ou bien sans durée." Sur la cohérence nécessaire entre la morale et la loi : "Vis avec les hommes comme si les dieux te voyaient, parle avec les dieux comme si les hommes t'entendaient." Enfin, sur l'urgence de vivre pleinement chaque instant, sans artifice, sans leurre, sans virtualité : "Chaque jour nous mourons ; chaque jour, en effet, nous est ôtée une part de la vie ; et, alors même que notre âge s'accroît, la vie décroît... Comme ce n'est pas la dernière goutte qui vide une clepsydre, mais tout ce qui s'est écoulé auparavant, de même l'heure ultime à laquelle nous cessons d'être ne nous tue pas à elle seule : si c'est alors que nous parvenons à elle, nous avons mis longtemps à y parvenir."
En ces temps d'artifice et d'injustice, il faut relire ces textes magnifiques, les méditer longuement. Pour y puiser le courage de réussir le seul progrès qui vaille, condition de tous les autres: "Devenir l'ami de soi-même."

Jacques Attali

jeudi 19 février 2009

La mort du rat blanc

Je suis actuellement entrain de lire Le Procès-Verbal de J.M.G. Le Clézio et je me suis dit qu'il fallait que je partage quelques extraits du chapitre H. Le personnage, Adam Pollo, vit tout seul dans une maison abandonnée. Il est amnésique par rapport à son passé récent et se demande s'il est un déserteur ou un évadé d'un hopital psychiatrique... Dans ce chapitre, il a découvert la présence d'un rat dans la maison. Et évidemment, il ne souhaite pas vivre avec. Il faut donc l'éliminer. Je ne sais pas comment Le Clézio arrive à décrire un geste aussi anodin que l'élimination d'un rat dans une maison sur des pages et des pages et de manière aussi belle. Il faut croire que le talent naturel, cela existe bel et bien !

Extraits:

Il y avait quelque chose de nouveau dans la maison abandonnée, en haut de la colline. C'était un rat de belle taille, non pas noir comme la plupart des rats d'égout, mais plutôt blanc, entre le gris et le blanc, avec le museau, la queue et les pattes roses, et deux yeux bleus perçants, sans paupières, qui lui donnaient un air de courage.
...
Et soudain, devenu la peur, métamorphosé en le danger-pour-les-rats-blancs, Adam se leva; ce qu'il avait plein la tête, ce n'était plus de la colère, ni du dégoût, ni quoi que ce soit de cruel. C'était à peu près l'obligation de tuer.
...
La petite bête myope, à moitié mutilée, bondit hors d'atteinte d'Adam. Elle n'existait déjà plus.
Au terminus de cette vie remplie de souvenirs très denses, elle était une sorte de fantôme pâle, aux formes vaporeuses, trouble comme un peu de neige; elle fuyait sur le sol marron, insaisissable et perpétuelle. Elle était un nuage lobulaire, ou bien un flocon de mousse douce, dissocié du sang et de la terreur, naviguant à la surface des eaux sales. Elle était ce qui reste d'un moment de lessive, ce qui flotte, ce qui bleuit, ce qui parcourt l'épaisseur de l'air, et éclate sans qu'on ait jamais pu la polluer, sans qu'on ait jamais pu la tuer.
...
Le rat blanc, couché sur le ventre, semblait dormir au fond d'un aquarium. Tout était parti à vau-l'au hors de la sphère d'habitation de l'animal, laissant un secteur nu et immobile; maintenant très proche de la béatitude, le rat attendait la minute-limite, où un demi-souffle expirerait sur ses moustaches raides, le propulsant à jamais dans une sorte de vie double, dans la jonction précise des tas de clairs-obscurs de la philosophie.
...
Il irait là-bas, au paradis des rats blancs, un peu à la nage, un peu par les airs, plein d'une joie mystique. Il laisserait par terre son corps nu, pour qu'il se vide de tout son sang , goutte à goutte, et que ce sang indique longtemps l'endroit sacré du plancher qui avait encastré son martyre.

mercredi 18 février 2009

Repenser le Système

J'ai participé hier à une causerie organisée par la librairie Olivieri à l'occasion de la parution du livre de Pierre Beaudet "Qui aide qui ? Une brève histoire de la solidarité internationale au Québec". Mme Carine Guidicelli du Centre d'Étude de la Coopération Internationale y a faite une intervention qui m'a particulièrement frappé. Elle disait qu'aujourd'hui nous sommes en situation de crise alimentaire, financière, économique, sociale... que nous sommes à plat, en défaillance technique pour remonter la pente, et que c'est peut-être là, maintenant, le meilleur moment pour se remettre en question et se demander s'il n'y aurait pas une autre façon de penser le système dans lequel nous vivons, de le reconfigurer autrement, plutôt que de rafistoler un modèle qui a montré toutes ses défaillances et ses limites.

Cela m'a fait penser à un ami qui a fini son doctorat en économie il y a quelques années et qui remet de plus en plus en question ce qu'il a appris dans ce domaine et ceci en partant des tout premiers cours. En fait, tout le long de son cursus universitaire, il lui est arrivé de douter des hypothèses de base sur lequel repose la science économique ortodoxe. Et il n'est pas un chercheur isolé. Aujourd'hui, on se rend compte qu'ils sont de plus en plus nombreux en Occident à douter des bases surlesquelles a été fondé ce système économique qui s'est mondialisé. Depuis une vingtaine d'années de nouvelles théories économiques hétérodoxes modernes gagnent peu à peu leur place dans le débat et elles ne sont en outre pas faciles à marginaliser.

Voici ce qu'on peut lire là-dessus par exemple sur Wikipedia:

http://en.wikipedia.org/wiki/Heterodox_economics

"Over the past two decades, the intellectual agendas of heterodox economists have taken a decidedly pluralist turn. Leading heterodox thinkers have moved beyond the established paradigms of Austrian, Feminist, Institutional-Evolutionary, Marxian, Post Keynesian, Radical, Social, and Sraffian economics—opening up new lines of analysis, criticism, and dialogue among dissenting schools of thought. This cross-fertilization of ideas is creating a new generation of scholarship in which novel combinations of heterodox ideas are being brought to bear on important contemporary and historical problems, such as socially-grounded reconstructions of the individual in economic theory; the goals and tools of economic measurement and professional ethics; the complexities of policymaking in today's global political economy; and innovative connections among formerly separate theoretical traditions (Marxian, Austrian, feminist, ecological, Sraffian, institutionalist, and post-Keynesian) (for a review of post-Keynesian economics, see Lavoie (1992); Rochon (1999)).

David Colander, an advocate of complexity economics, argues that the ideas of heterodox economists are now being discussed in the mainstream without mention of the heterodox economists, because the tools to analyze institutions, uncertainty, and other factors have now been developed by the mainstream. He suggests that heterodox economists should embrace rigorous mathematics and attempt to work from within the mainstream, rather than treating it as an enemy.[10]

Energy economics relating to thermoeconomics, is a broad scientific subject area which includes topics related to supply and use of energy. Thermoeconomists argue that economic systems always involve matter, energy, entropy, and information.[11] Thermoeconomics is based on the proposition that the role of energy in biological evolution should be defined and understood through the second law of thermodynamics but in terms of such economic criteria as productivity, efficiency, and especially the costs and benefits of the various mechanisms for capturing and utilizing available energy to build biomass and do work.[12][13] As a result, thermoeconomics are often discussed in the field of ecological economics, which itself is related to the fields of sustainability and sustainable development. Georgescu-Roegen reintroduced into economics, the concept of entropy from thermodynamics (as distinguished from what, in his view, is the mechanistic foundation of neoclassical economics drawn from Newtonian physics) and did foundational work which later developed into evolutionary economics. His work contributed significantly to bioeconomics and to ecological economics."

lundi 16 février 2009

Le français dans la francophonie

La langue française, héritée de la colonisation, a donné la base à de nouveaux dialectes de plus en plus enracinés dans la culture locale des capitales francophones. J'ai découvert ce site qui offre un lexique bien fourni de nombreux mots et expressions que l'on entend tous les jours dans les rues d'Abidjan, de Libreville, de Conakry, etc. J'en relève quelques-uns pour vous donner une idée. Je me lasse pas d'en lire !

http://www.unice.fr/ILF-CNRS/ofcaf/


Revue numéro 16 et 17 – Le français en Cote d'Ivoire

abana ! interj. (du mandenkan , "il a fini" ), vieilli , oral, écrit, fam. Terminé ! Fini! Plus question ! Abana ! je n'en parle plus, j'ai compris. (Militaire, Bouaké, 1977). Moi, les taxis*-brousse après ça ? Abana ! (Enseignante, Daloa, 1984).

accélérateur, n.m. Fréq., oral, mésolecte, basilecte. V. KANKANKAN*. Aphrodisiaque. Le vieux là, il cherche le bon accélérateur parce qu'il va marier* encore. (Etudiant, Abidjan, 1976). Des accélérateurs, tu en trouves partout sur le marché. Il y a beaucoup d'hommes qui en achètent, tu sais. (Informateur, Abidjan, 1984). Un accélérateur, c'est bon pour un homme quand il a des problèmes pour faire* beaucoup et souvent avec sa go*. (Infirmier, Abidjan, 1987).
SYN.: cancan*, chargeur* de batterie, coup* de démarreur, démarreur*, kankankan*, poudre* cancan, poudre* de démarreur.

accorder la route, loc.verb. Fréq., (calque de nombreuses langues locales), acrolecte, recherché. Donner à un invité l'autorisation de se retirer. Chef, accorderas-tu la route à tes amis ? (Conversation, Adzopé, 1983). L'usage veut que le visiteur fasse la demande trois fois avant que l'hôte lui accorde la route. (Notes d'un informateur, Odienné, 1986).
SYN.: donner la route*. demander la route*.

acharnément, adv. Dispon., vieilli, oral, écrit, mésolecte. Avec acharnement. Je travaille toujours acharnément et je n'arrive pas pour la moyenne. (Etudiant, Abidjan, 1978). Il s'est battu acharnément mais l'autre était plus fort. (Lycéen, Bingerville, 1989).

gahou, [gau], n.m. V. GAOU*. Gaou/gahou ; paysan, nigaud. Première leçon de français de Moussa*. Jeune Afrique, 24/30.07.1996 : 95.

gâter, v.tr. Usuel, oral, écrit, surtout mésolecte, basilecte.

1- Verbe outil qui peut remplacer tout autre verbe impliquant l'idée de destruction : détruire, démolir, endommager, pourrir, gâcher, abimer, etc. Maintenant que je suis une moitié d'homme, que je n'ai plus de membres, que j'ai un oeil gâté, vous n'allez plus m'aimer. Anoma Kanié, 1978 : 294. Ce grand garçon que les études n'avaient pas gâté irrémédiablement [.]. Du Prey, 1979 : 38. Moi je dis que le monde est gâté, Grand Dieu, y a plus d'enfants ! Oussou-Essui, 1979 : 22. Kouassi, il me semble que tu parles trop, c'est la France qui t'a gâté comme ça ? A. Kouadio, 1983 : 60. Il m'a demandé d'amener [: le magnétophone] à la maison [.] parce que l'appareil est gâté. FM., 15.04.1983. Vraiment mon petit frère* il est gâté, il est foutu. Otitro, 1984 : 64. Chemin faisant, je me dis : "Mais ils sont gâtés, ils sont perdus... Je ne me droguerai jamais." Otitro, 1984 : 47. Notre pays est gâté. L'Afrique est gâtée. Guenaman Colbert, 1985 : 31. "Regarde téléphone !"-" C'est gâté ! Jano, 1987 : 8. Tout l'argent est gâté!!! Jano, 1987 : 2. Les autres surveillaient les troupeaux pour ne pas qu'ils aillent gâter le mil [.]. Deniel, 1991 : 49. Quant au verbe gâter, il s'emploie à l'infini aux sens propre et figuré et toujours sans pronom. Synonyme d'abîmer, nuire, pourrir, rater, détruire, endommager, casser, compromettre, user, dénigrer, calomnier, c'est un mot clef dont les aléas de la vie ivoirienne imposent souvent l'usage : c'est gâté y a rien à faire. Krol, 1994 : 210. [.] parce que l'hôpital, il faut voir son état, c'est gâté, la maternité comme le reste. Krol, 1994 : 74.

2- Entre dans la composition d'un certain nombre de locutions :

a)- gâter l'affaire, faire échouer une entreprise. Bon ca va pour aujourd'hui mais silence hein? Ne gâtez pas mon affaire! Krol, 1994 : 21.

b)- gâter la réputation, médire. Tu demandes pourquoi ? Ben parce que tu as gâté la réputation de sa moitié.[.] Signaler une secrétaire à son patron ! Tente de le faire [.]. Guenaman Colbert, 1985 : 29.

c)- gâter la tête, influencer qqun dans un mauvais sens, faire perdre tout bon sens. Certaines familles refusent farouchement d'envoyer les filles à l'école, soit pour garder le fruit de leur travail, soit pour qu'elles n'aient pas la tête gâtée par les études. Du Prey, 1962 : 188. Sa vieille toupie de tante lui avait-elle gâté la tête [.]. Du Prey, 1979 : 100. Votre race* tient beaucoup à l'argent, l'argent a gâté votre tête, comme on dit ! A. Kouadio, 1983 : 85.

d)- gâter le nom, ruiner la réputation d'une personne, faire perdre la face. Tu vois, tout ça par terre : manger, boissons, c'est gaspillage d'argent que tu as fait comme ça... ça au moins ce sont de bonnes funérailles*, ton nom ne sera pas gâté ! Bolli, 1977 : 36. Qui est parti* gâter mon nom comme ça ? Les gens mentent, ils racontent des choses à mon sujet ? C'est faux ! A. Kouadio, 1983 : 75. J'en ai assez de supporter la vie avec les escrocs, les voleurs et les gaspilleurs d'argent qui ont gâté mon nom partout ! Ekra, 1985 : 65. Mais maintenant je comprends qu'on gâte notre nom ici, on a mauvaise réputation, on nous prend pour des voleurs, coupeurs* de tête, tout ça*. A. Touré, 1985 : 66. Notre nom est gâté, dit Moussa. A la moindre chose les gens nous critiquent. Bonnassieux, 1987 : 121. Comme c'est mon frère*, il va peut-être gâter mon nom en disant que j'ai pris sa place. Deniel, 1991 : 146. /faut pas gâter ça /gâter notre nom-o /tu arrives chez quelqu'un /il te connait pas mais déjà il est fâché-o / parce qu'il ne sait pas /si tu es venu-o / pour chercher sa fille-o (Chanson "Anango plan". Groupe Didier et les parents* du campus., corpus T., 1994), Si tu m'avais dit que tu es découragée parce que ton homme t'a menti, je pourrais comprendre. Mais parce qu'il est ghanéen, vraiment*, tu gâtes ton nom. Top Visages, 30.03-05.04.1995. Les parents*, savez-vous que vous gâtez votre nom? Ivoir'Soir, 02/03/04.05.1997. Tu n'es pas fatigué d'interpréter les chansons des autres? Tu gâtes ton nom dè*. Ivoir'Soir, 28/29/60.11.1997. Elle est gentille comme ça et les gens gâtent son nom pour rien. (BD) Ivoir'Soir, 21.04.1998.

DER.: gâteur*.

e)- gâter le temps, faire perdre le temps (à qqun).Toi, quitte *là, tu gâtes mon temps! (Boy, Abidjan, 1981).

f)- gâter le ventre, faire avorter. Le gbass* a gâté son ventre ! (Revendeuse, Abidjan, 1981).

g)- ça gâté pas !, argot estudiantin, ça ne rate jamais ! [.] ça réussit toujours / ah ouais hein / ça gâté pas. (Corpus T., Abidjan, 1994). Tu sors avec un gars, ça gâté pas, tu gagnes* un ventre*! C'est ça moi, je te dis. (Revendeuse, Abidjan, 1990).

COMP.: gâté complet*, gâté fini*.

h)- gâté complet, (être ----), gâté fini (être ----), loc.verb. Fréq., oral, mésolecte, basilecte, fam., plaisant chez les intellectuels. Marque le point de non-retour de la destruction. "Etre totalement fichu". Ya pas courant !, ya pas téléphone, ya pas l'argent, Abidjan là c'est gâté complet ! (Gardien, Abidjan, 1982). Son enfant là, il prend ganja*, pépékallé*, tout ça là, trop même. Il est gâté fini ! (Chauffeur, Abidjan, 1983).


Revue numéro 14 – Le français au Gabon

gars, [gar] n.m. Usuel.
- Mec. Le gars que tu veux sensibiliser sur le sida il ne sait même pas quel médicament il faut prendre s'il a le palu*.(Jeune, étudiant, Libreville, 1998). Regarde cette fille en face de nous, gars, elle te fait des gestes*, moi à ta place je saute sur l'occasion.(in Bagouendi-Bagère, 1999).
- Petit ami. Tu as des pèbs* avec ton gars c'est ça ?(BD Boom, n°1, 10/1997 : 13). Salut, Pépé, je te présente Rat-Costar, mon gars ! (BD Boom, 1999 : 16). Dans la vie si je dois avoir un gars il faut qu'il soit comme dans les clips là*. (Etudiante, Libreville, 1998).

gazer, v.
- v.tr. Fréq., oral, argot urbain. Fatiguer. Au lit, je vais bien la gazer.(Lycéen, 20 ans, 1994). Le sport, ça gaze beaucoup. (Jeune, Port—Gentil, 1994).
- gazer la citrouille, loc.verb. Dispon., oral, fam. Assommer, raser.La vérité est toute simple : il y a bien longtemps que notre équipe nationale de foot a fini par me gazer la citrouille !(Le Bûcheron, 09-15/04/1997).

go, n.f., (du mandenkan),V. DJAG*. Comment ?… Ce que je fais là dans la merco* de mon boss*, devant ce lycée attendant la sortie des cours pour blazer* les go… (BD Boom, n°3, 4/1998).

Durala fête ses 3 ans

J'ai beaucoup aimé cette émission. Je n'ai pas pu l'écouter d'un coup car elle dure 5 heures, mais c'est la beauté du net, on écoute un bout et à un autre moment on peut savourer la suite en allant directement à l'heure suivante.

http://www.choq.fm/archives-dunerivealautre-13621-0.html#archives


Bonne écoute !

lundi 9 février 2009

Et si Obama était africain ?

Article qui date du 14 novembre et que je trouve intéressant car il met en avant, à nouveau, cette idée lancée par le peuple et conceptualisé en ce moment par les intellectuels, à savoir que les Africains seront seuls les solutions à leurs propres problèmes.

« Et si Obama était africain ? »

(Article de l'écrivain mozambicain Mia Couto, paru dans le journal « Savana », 14 novembre 2008)

Les africains ont jubilé avec la victoire d'Obama. Moi, j'étais l'un d'eux. Après une nuit sans fermer l'oeil, dans la pénombre irréelle de l'aube, des larmes ont jailli de mes yeux quand il a prononcé son discours de victoire. A ce moment-là, moi aussi, j'avais gagné. Le même bonheur m'avait envahi quand Nelson Mandela avait été libéré et que le nouvel homme d'état sud-africain consolidait un chemin de dignité pour l'Afrique.

Dans la nuit du 5 novembre, le nouveau président nord-américain n'était pas seulement un homme qui parlait. C'était la voix étouffée de l'espérance qui se dressait à nouveau, libre, en chacun de nous. Mon cœur avait voté, bien que je n'en aie pas la permission: habitué à demandé peu, je fêtais une victoire démesurée. Quand je suis sorti dans la rue, ma ville s'était transportée à Chicago , noirs et blancs, respirant, communiant dans un même étonnement de bonheur. Car la victoire d'Obama n'était pas seulement la victoire d'une race sur une autre : sans la participation massive des américains de toutes les races (y compris de la majorité blanche) les Etats-Unis d'Amérique ne nous auraient pas donné cette raison de commémorer.

Dans les jours qui ont suivi, j'ai entendu les réactions euphoriques venant des quatre coins de notre continent. Des personnes anonymes, de simples citoyens voulaient témoigner de leur bonheur. En même temps, j'ai pris note, avec une certaine réserve, des messages de solidarité des dirigeants africains. Presque tous appelaient Obama « notre frère ». Et je me suis mis à penser : tous ces dirigeants sont-ils vraiment sincères ? Barak Obama est-il apparenté à tant de gens politiquement si divers ?

J'ai quelques doutes. Dans notre fébrilité à ne voir des préjugés que chez les autres, nous ne sommes pas capables de voir nos propres racismes et nos xénophobies. Dans notre urgence à condamner l'Occident, nous oublions d'accepter les leçons qui nous parviennent de l'autre côté du monde.

C'est alors que me parvint un texte d'un écrivain camerounais, Patrice Nganang, intitulé :

« Et si Obama était camerounais ? »... La question que soulevait mon collègue camerounais m'a conduit à m'interroger sur plusieurs points, formulés, à présent, ainsi :

« Et si Obama était africain et était candidat à la
présidence d'un pays africain ? ».

Ce sont ces hypothèses que j'aimerais explorer dans ce texte.

Et si Obama était africain et candidat à une présidence africaine ?

Si Obama était africain, un de ses concurrents (un quelconque Georges Bush d'Afrique), mettrait en place une modification de la Constitution pour prolonger son mandat au-delà du terme prévu. Et notre Obama devrait attendre encore des années pour pouvoir à nouveau se porter candidat.

Et l'attente pourrait être très longue, si nous tenons compte de la permanence au pouvoir en Afrique d'un même président : 41 ans au Gabon, 39 en Libye, 28 au Zimbabwe, 28 en Guinée Equatoriale, 28 en Angola, 27 en Egypte, 26 au Cameroun. Et ainsi de suite, pour une quinzaine de présidents au pouvoir sur notre continent pendant plus de 20 ans consécutifs. Mugabe aura 90 ans quand il terminera le mandat actuel qu'il a imposé au mépris du verdict populaire.

Si Obama était africain, il est probable qu'il serait le candidat d'un parti d'opposition et n'aurait, alors, même pas la possibilité de faire campagne. Les choses se passeraient comme, par exemple, au Zimbabwe ou au Cameroun : on l'agresserait physiquement, il pourrait être emprisonné et dans le même temps on lui retirerait son passeport. Les Bush africains ne tolèrent pas d'opposition, ne tolèrent pas la démocratie.

Si Obama était africain, il ne serait même pas éligible dans la majorité des pays où les élites au pouvoir on inventé des lois restrictives qui ferment la porte de la présidence aux enfants d'étrangers ou aux descendants d'immigrants. Le nationaliste Zambien Kenneth Kaunda est remis en question dans son propre pays, en tant que fils de malawites. On a ainsi découvert que l'homme qui avait conduit la Zambie à l'indépendance et l'avait gouvernée pendant plus de 25 ans, en fin de compte, étant fils de malawites, avait, pendant toute cette période, gouverné « illégalement ».

Soyons clairs, Obama est Noir aux Etats-Unis. En Afrique, c'est un métis. Si Obama était africain, on lui jetterait sa race au visage. Non pas que la couleur de la peau soit importante pour des peuples qui aspirent à trouver chez leur leaders compétence et sérieux au travail.. Mais les élites prédatrices feraient campagne contre quelqu'un qu'elles désigneraient comme n'étant « pas authentiquement africain ». Le même « frère noir » qui est salué aujourd'hui en tant que nouveau Président américain serait vilipendé chez nous comme étant un représentant des « autres », de ceux d'une autre race, d'un autre drapeau. S'il était africain, notre « frère » aurait beaucoup d'explications à fournir aux moralistes de service quand il s'apprêterait à inclure, dans son discours de remerciements, l'appui qu'il a reçu de la communauté homosexuelle. Pêché mortel pour les avocats de la soi-disant « pureté africaine ». Pour ces moralistes, si souvent au pouvoir, l'homosexualité est un inacceptable vice mortel « étranger à l'Afrique et aux africains ».

S'il gagnait les élections, il devrait probablement s'asseoir à une table de négociation en vue de partager le pouvoir avec le vaincu, dans un processus de négociations dégradant qui, dans certains pays africains, montre que le perdant peut négocier ce qui, ailleurs, paraît sacré : la volonté du peuple exprimée par les urnes. Barak Obama serait assis autour d'une table, avec un Bush quelconque, pour d'interminables séances de négociations, avec des médiateurs africains qui nous enseignent que nous devons nous contenter des miettes du processus électoral quand il n'est pas favorable aux dictateurs.

Soyons clairs, il existe des exceptions à cette situation générale. Nous les connaissons toutes ces exceptions et nous- mêmes, mozambicains, avons été capables de construire une de ces exceptions. Qu'il soit également clair que les entraves mises à un Obama africain ne seraient pas imposées par le peuple mais par les détenteurs du pouvoir qui font de l'usage du pouvoir une source d'enrichissement sans scrupules.

La vérité, c'est qu'Obama n'est pas africain. La vérité, c'est que les africains – les gens simples, les travailleurs anonymes – ont commémoré de toute leur âme, la victoire d'Obama. Mais je ne crois pas que les dictateurs et les corrompus d'Afrique aient le droit de s'inviter à cette fête. Parce que la joie ressentie par des millions d'africains le 5 novembre venait du fait qu'ils voyaient en Obama exactement le contraire de ce qu'ils voient chez leurs propres dirigeants. Pour aussi difficile que nous ayons à l'admettre, seule une minorité d'états africains connaissent ou ont connu des dirigeants soucieux du bien public.

Le jour même ou Obama confirmait sa victoire, dans les medias internationaux les mauvaises nouvelles d'Afrique continuaient à s'amonceler. Le jour même de la victoire de la majorité nord-américaine, l'Afrique continuait à être victime de guerres, de mauvaise gestion, de l'ambition démesurée de politiciens cupides. Après avoir assassiné la démocratie, ces politiciens sont en train de tuer la propre politique. Dans certains cas, il ne reste que la guerre. Dans d'autres, l'abandon et le cynisme.

Il n'y a qu'une façon de célébrer la victoire d'Obama dans les pays africains : c'est en luttant pour que de nouveaux signes d'espoir puissent naître, ici, sur notre continent. C'est en luttant pour que les Obama africains puissent aussi sortir vainqueurs. Et que, nous, africains de toutes les ethnies et de toutes les races, vainquions avec ces Obama-là, et puissions célébrer chez nous ce que nous célébrons aujourd'hui chez d'autres.

vendredi 6 février 2009

Une bonne qui circule actuellement sur le net !

"This year, taxpayers will receive an Economic Stimulus Payment. This is a very exciting new program that I will explain using the Q and A format:

Q. What is an Economic Stimulus Payment?
A. It is money that the federal government will send to taxpayers.

Q. Where will the government get this money?
A. From taxpayers.

Q. So the government is giving me back my own money?
A. Only a smidgen.

Q. What is the purpose of this payment?
A. The plan is that you will use the money to purchase a high-definition TV set, thus stimulating the economy.

Q. But isn't that stimulating the economy of China ?
A. Shut up.

Below is some helpful advice on how to best help the US economy by spending your stimulus check wisely:

If you spend that money at Wal-Mart, all the money will go to China.
If you spend it on gasoline it will go to the Arabs.
If you purchase a computer it will go to India .
If you purchase fruit and vegetables it will go to Mexico, Honduras , and Guatemala (unless you buy organic).
If you buy a car it will go to Japan .
If you purchase useless crap it will go to Taiwan .

And none of it will help the American economy.
We need to keep that money here in America . You can keep the money in America by spending it at yard sales, going to a baseball game, or spend it on prostitutes, beer and wine (domestic ONLY), or tattoos, since those are the only businesses still in the US.

mercredi 4 février 2009

Alain remet ça

Alors, un jeune auteur qui n'hésite pas à mettre les africains devant leurs responsabilités, sans mâcher ses mots (mais avec talent) et ces derniers apprécient... Oh oui, une nouvelle page s'écrit définitivement sous les tropiques littéraires.

http://www.evene.fr/livres/livre/alain-mabanckou-black-bazar-38766.php


La critique [evene]
La note evene : 5/5La note evene : 5/5 par Mathieu Menossi

Le nouveau roman de l'écrivain Alain Mabanckou s'inscrit dans le prolongement direct de 'Verre cassé', sorti en 2005. Toujours aussi truculent, l'auteur y fustige le racisme des ignorants et l'exclusion la plus détestable. Celle de votre "frère", de celui qui vous ressemble. Celle de votre voisin, tel cet hypocondriaque acariâtre surnommé “Hippocrate”, un de ces Noirs qui ne sait pas qu'il est noir. Pour Mabanckou, le bazar, c'est celui des immigrés africains qui se retrouvent dans les rues animées du quartier parisien de Château Rouge. On y vend du poisson séché. On y course les femmes tout juste débarquées. Le bazar, c'est surtout celui des communautés, de cet enchevêtrement de parcours, d'origines, de valeurs et de cultures. Enfin, c'est aussi celui d'une vie personnelle sens dessus dessous. Celle de “Fessologue”, cet anti-héros amateur de la "face B" des femmes et largué par la sienne. Parce que l'habit fait définitivement le moine, il est devenu "Sapeur", membre de la prestigieuse "Société des Ambianceurs et des Personnes Elégantes". A l'attaque en ligne, l'écrivain préfère la subtilité de la dérision et le sarcasme burlesque. Mabanckou replace l'individu au coeur du problème pour mieux le responsabiliser. Et comme dans tous ses livres, le mal est insidieux et ordinaire. La bêtise, partagée par tous, entre gauloiseries anti-négraille et vieux préjugés colonialistes. Au comptoir du Jip's, ce bar afro-cubain du Ier arrondissement de Paris, les brèves coulent à flot : la dette coloniale, le communautarisme… et les femmes, toujours. Avec 'Black Bazar', Alain Mabanckou dresse le portrait d'une Afrique étonnamment désunie, explosant au passage la flopée des mythes importés et fabriqués depuis l'Europe.


Les Extraits

La première phrase
Quatre mois se sont écoulés depuis que ma compagne s'est enfuie avec notre fille et L'Hybride, un type qui joue du tam-tam dans un groupe que personne ne connaît en France, y compris à Monaco et en Corse.

Morceau choisi
- Qu'est-ce qu'il y a, hein ? Pourquoi c'est une honte ? Tu es contre les colons ou quoi ? Moi je dis que les pauvres colons il faut leur rendre hommage ! Y en a marre qu'on les accuse à tort et à travers alors qu'ils ont fait consciencieusement leur boulot pour nous délivrer des ténèbres et nous apporter la civilisation ! Est-ce qu'ils étaient obligés de faire tout ça, hein ? Tu te rends pas compte qu'ils ont bossé comme des dingues ? Y avait les moustiques, les diables, les sorciers, les cannibales, les mambas verts, la maladie du sommeil, la fièvre jaune, la fièvre bleue, la fièvre orange, la fièvre arc-en-ciel et que sais-je encore. Y avait tous ces maux sur nos terres d'ébène, notre Afrique fantôme au point que même Tintin était contraint de faire le déplacement en personne pour notre bien ! Donc c'est pas moi qui vais avoir une rancoeur contre les colons ! Tu es bien d'accord que Tintin a été chez toi au Congo ? Et ce Tintin est-ce qu'il s'est posé mille et une questions ? Est-ce qu'il n'est pas venu avec ses amis, un capitaine barbu qui insulte tout le monde et un petit chien blanc plus intelligent que toi et moi réunis, hein ?

- chapitre : Prologue - page : 15 - éditeur : Seuil - date d'édition : 2009 -

Morceau choisi
C'est sans doute Couleur d'origine qui a accru mon obsession pour les derrières. Depuis cette première rencontre, je ne pensais plus qu'à ça. Ainsi, au lieu de marcher la tête relevée comme tout le monde, moij'avais désormais la manie de chasser dur regard les chutes de reins des passantes et de me livrer par la suite à des analyses très poussées. Je suis maintenant convaincu que comme pour les cravates on peut lire la psychologie d'un être humain par la façon dont il remue son arrière-train. Faut donc pas s'étonner qu'au Jip's la plupart de mes potes m'appelle 'Fessologue'. C'est Pierrot Le Blanc qui a inventé ce néologisme – mais moi je refus qu'on parle des néologismes parce qu'il n'y a rien de nouveau sous le soleil. La science du derrière existe depuis l'origine du monde quant Adam et Eve avaient tourné le dos au Seigneur.

- page : 66 - éditeur : Seuil - date d'édition : 2009 -