lundi 31 août 2009

Fan de Krugman

Oui, je suis définitivement une fan de Paul Krugman, Prix Nobel d'économie 2008. Il vient, dans ce billet tiré de son blog, d'expliquer d'une belle façon toute la retenue que j'ai eu face à l'élection de Barack Obama et qui a commencé avec le premier billet de ce blog, à savoir, "Se remettre d'abord de l'Obamania":

J'ai toujours douté de l'expression "un seul homme peut changer le monde". Ce sont les peuples qui décident du changement de leur destin à coup de révolutions. Les leaders qui ont la chance de vivre ces changements ne sont là qu'au bon endroit au bon moment. Question de timing !

En tout cas, bonne chance à Obama et à nous tous pour nous sortir de cette galère, car comme l'a dit un jour un ami au lendemain du 5 Novembre: "Le vrai pouvoir aujourd'hui, celui qui met les présidents américains en place et les retire, n'est pas politique." Oui, dans ce monde capitaliste dans lequel nous avons accepté de vivre, celui qui a le dernier mot n'est malheureusement pas celui qui fait les plus beaux discours mais bien celui qui a le plus gros portefeuille...

Je vous laisse lire l'article.

August 31, 2009
Op-Ed Columnist

Missing Richard Nixon

Many of the retrospectives on Ted Kennedy’s life mention his regret that he didn’t accept Richard Nixon’s offer of a bipartisan health care deal. The moral some commentators take from that regret is that today’s health care reformers should do what Mr. Kennedy balked at doing back then, and reach out to the other side.

But it’s a bad analogy, because today’s political scene is nothing like that of the early 1970s. In fact, surveying current politics, I find myself missing Richard Nixon.

No, I haven’t lost my mind. Nixon was surely the worst person other than Dick Cheney ever to control the executive branch.

But the Nixon era was a time in which leading figures in both parties were capable of speaking rationally about policy, and in which policy decisions weren’t as warped by corporate cash as they are now. America is a better country in many ways than it was 35 years ago, but our political system’s ability to deal with real problems has been degraded to such an extent that I sometimes wonder whether the country is still governable.

As many people have pointed out, Nixon’s proposal for health care reform looks a lot like Democratic proposals today. In fact, in some ways it was stronger. Right now, Republicans are balking at the idea of requiring that large employers offer health insurance to their workers; Nixon proposed requiring that all employers, not just large companies, offer insurance.

Nixon also embraced tighter regulation of insurers, calling on states to “approve specific plans, oversee rates, ensure adequate disclosure, require an annual audit and take other appropriate measures.” No illusions there about how the magic of the marketplace solves all problems.

So what happened to the days when a Republican president could sound so nonideological, and offer such a reasonable proposal?

Part of the answer is that the right-wing fringe, which has always been around — as an article by the historian Rick Perlstein puts it, “crazy is a pre-existing condition” — has now, in effect, taken over one of our two major parties. Moderate Republicans, the sort of people with whom one might have been able to negotiate a health care deal, have either been driven out of the party or intimidated into silence. Whom are Democrats supposed to reach out to, when Senator Chuck Grassley of Iowa, who was supposed to be the linchpin of any deal, helped feed the “death panel” lies?

But there’s another reason health care reform is much harder now than it would have been under Nixon: the vast expansion of corporate influence.

We tend to think of the way things are now, with a huge army of lobbyists permanently camped in the corridors of power, with corporations prepared to unleash misleading ads and organize fake grass-roots protests against any legislation that threatens their bottom line, as the way it always was. But our corporate-cash-dominated system is a relatively recent creation, dating mainly from the late 1970s.

And now that this system exists, reform of any kind has become extremely difficult. That’s especially true for health care, where growing spending has made the vested interests far more powerful than they were in Nixon’s day. The health insurance industry, in particular, saw its premiums go from 1.5 percent of G.D.P. in 1970 to 5.5 percent in 2007, so that a once minor player has become a political behemoth, one that is currently spending $1.4 million a day lobbying Congress.

That spending fuels debates that otherwise seem incomprehensible. Why are “centrist” Democrats like Senator Kent Conrad of North Dakota so opposed to letting a public plan, in which Americans can buy their insurance directly from the government, compete with private insurers? Never mind their often incoherent arguments; what it comes down to is the money.

Given the combination of G.O.P. extremism and corporate power, it’s now doubtful whether health reform, even if we get it — which is by no means certain — will be anywhere near as good as Nixon’s proposal, even though Democrats control the White House and have a large Congressional majority.

And what about other challenges? Every desperately needed reform I can think of, from controlling greenhouse gases to restoring fiscal balance, will have to run the same gantlet of lobbying and lies.

I’m not saying that reformers should give up. They do, however, have to realize what they’re up against. There was a lot of talk last year about how Barack Obama would be a “transformational” president — but true transformation, it turns out, requires a lot more than electing one telegenic leader. Actually turning this country around is going to take years of siege warfare against deeply entrenched interests, defending a deeply dysfunctional political system.

vendredi 28 août 2009

Castes

De temps à autre, je me replonge dans mes lectures de l'école primaire ou secondaire et je redécouvre complètement des oeuvres. Ci-dessous une petite note de bas de page du conte "Le chasseur et son coordonnier ou le comble de l'ingratitude ! Conte bambara", tiré de "Petit Bodiel et autres contes de la savane" (on le retrouve aussi dans "La poignée de poussière") du célèbre Amadou Hampâté Bâ. Ethnologue de formation, j'ai trouvé sa formulation de la source des castes bien faite: c'est authentique mais simple (peut-être un peu trop, comme l'auteur s'adresse d'abord à des enfants, certaines précisions manquent car il s'agit surtout ici du cas de l'Afrique Occidentale). J'ai voulu partager ça avec vous.

L'extrait est le suivant: « Dembagnouma, la mère de Zan Donso, prit l'enfant avec elle et partagea son lait entre les deux nourrissons. Bien que Soridian appartînt à la caste des garanke(2), on le considérait comme le frère jumeau de Zan Donso. »

Et la note de bas de page:
« 2. Garanke: coordonnier. En Afrique traditionnelle, les fonctions artisanales ne sont pas des métiers au sens moderne et économique du terme, mais correspondent à ce qu'on appelle des « castes ». En effet, on naît forgeron ou tisserand, que l'on exerce son art ou non.

Les « castes », qui comprennent non seulement les forgerons, cordonniers, tisserands, bûcherons, potières, etc., mais aussi les diêli (animateurs publics, dénommés couramment « griots ») sont appelés nyamakala, c'est-à-dire « antidotes du nyama » ou « maîtres du nyama », le nyama étant la force mytérieuse qui, à des degrés divers, réside en tout ce qui vit. Leur aptitude à transformer la matière pour créer des formes nouvelles est considérée comme une projection, une reproduction de la fonction créatrice du Dieu suprême. Ils sont censés entretenir des relations occultes avec les éléments de la nature qui correspondent à leurs fonctions respectives: minéraux, végétaux, feu, etc.

Dans chaque branche particulière de nyamakala on se transmet de père en fils, ou de maître à élève, un enseignement initiatique spécifique lié aux secrets de la fonction. Cet enseignement ne se partage pas avec l'extérieur. C'est pourquoi les forgerons se marient entre eux, de même que les tisserands, les bûcherons, etc., d'où la constitution de ce que, faute mot approprié, on a traduit par « castes », bien que ce mot ne comporte pas, comme dans d'autres pays, une notion d'infériorité ou de supériorité. Du moins en était-il ainsi dans les temps anciens. La société africaine était fondée sur le partage des fonctions et l'échange des services. « C'est la guerre qui a créé le horon (noble) et le djon (captif), dit l'adage; mais c'est Dieu qui a créé le nyamakala. » Ce dernier, non astreint au devoir de guerre et non réductible en esclavage, ne « vendait » pas sa production, mais était entretenu ainsi que sa famille par les nobles de son village (généralement chasseurs, agriculteurs ou éleveurs). »

dimanche 23 août 2009

Devenir adulte

Un excellent article de Porochista Khakpour:

Finally "Thirtysomething"

http://www.nytimes.com/2009/08/23/opinion/23khakpour.html?pagewanted=1

Elle exprime d'une très belle manière un des points que j'ai voulu souligner dans mon post: "Une après-midi cino-resto".

Enjoy !

lundi 17 août 2009

L'Afrique telle qu'elle s'écrit


J'ai eu la chance de tomber sur cette édition de Courrier International qui ne sera plus en vente d'ici le 19 Août prochain. Si vous avez la chance de vous le procurer et de jeter un coup d'oeil sur le dossier , cela vaut le détour !







On y trouve des articles de:

Alain Mabanckou
Abdourahman Waberi
Crispin Oduobuk MfonAbasi
Binyavanga Wainana
Wole Soyinka
Chimananda Ngozi Adichie

Ça commence comme ça:

Hebdo n° 978-979-980 du 01 août 2009
L’Afrique telle qu’elle s’écrit

“Nous savons comment meurent les Africains, mais jamais comment ils vivent”, affirme Henning Mankell, un écrivain suédois qui a jeté l’ancre au Mozambique. Pour corriger cette injustice, Courrier international a donné carte blanche à quelques-unes des plus belles plumes du continent.

http://www.courrierinternational.com/magazine/2009/978-979-980-l-afrique-telle-qu-elle-s-ecrit


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dimanche 16 août 2009

Les limites de la démocratie

Un très bel exemple des limites de la démocratie - si on accepte l'hypothèse que les États-Unis d'Amérique sont une démocratie - est illustré dans le débat actuel sur la réforme du système de santé Américain. Le plan du Président semble logique et raisonnable mais une poignée d'individus richissimes qui y voit une menace pour leurs intérêts privés font tout leur possible pour mettre les médias de leur côté et pousser la population à se positionner contre la réforme, et donc contre son propre intérêt à elle. C'est à des moments comme cela que l'on aimerait avoir un roi à la place du président. Mais dans le fond, cela ne changerait rien car si ceux qui ont réellement le pouvoir dans le pays (les lobbies) sont contre les idées du roi, ben celui-ci ne sera pas roi pendant très longtemps. Et si le roi est celui qui a véritablement les peins pouvoir, en absence d'élection, rien ne nous garantit qu'il continuera demain à avoir toutes ces belles valeurs que nous partageons avec lui aujourd'hui. Bref, le système actuel est donc le meilleur que nous avons pu trouver jusqu'à présent, mais les fondements en sont tellement forts que toute réforme devient un travail de titan. Donc yes we can, mais comme le "we" est encore indéfini, la sortie de crise n'est pas pour demain.

Intéressantes contributions de Paul Krugman sur le sujet:

Republican Death Trip
http://www.nytimes.com/2009/08/14/opinion/14krugman.html?_r=1


The Swiss Menace
http://www.nytimes.com/2009/08/17/opinion/17krugman.html?_r=1&em

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Le Défi Asiatique de Kishore Mahbubani

Un excellent ouvrage que je viens de découvrir et que l'on m'a suggéré lorsque dans une conversation j'exprimais l'idée qu'un peuple n'atteindra jamais son plein potentiel tant et aussi longtemps qu'il ne sera pas lui-même. Vous l'aurez deviné, je suis une fan de philosophies venues de l'Orient.

Le site de l'auteur:
http://www.mahbubani.net/


Voici le résumé du livre sur évène.fr:
http://www.evene.fr/livres/livre/kishore-mahbubani-le-defi-asiatique-37054.php

«Pendant des siècles, les Asiatiques ont eu le sentiment d'avoir été exclus de l'histoire mondiale. Aujourd' hui, ils sont prêts à devenir des acteurs à part entière, après avoir intégré les "bonnes pratiques" de l'Occident – l'économie de marché, les sciences et les technologies, la méritocratie, l'état de droit, le pragmatisme, la culture de la paix et le développement de l'éducation. Tels sont, selon Kishore Mahbubani, les "sept piliers de la sagesse occidentale" dont se sont inspirés les pays asiatiques pour avancer à grands pas. L'Occident saura-t-il résister à l'ascension économique vertigineuse de l'Asie ? Pour Kishore Mahbubani, l'Asie n'a nulle intention de dominer l'Occident, elle y puise simplement les solutions qui lui permettront de tourner définitivement la page de la pauvreté. Mais il nous met aussi en garde : l'Occident devra à son tour renoncer à sa domination, notamment sur les institutions internationales.»

Et celui sur esprit.presse.fr:
http://www.esprit.presse.fr/esprit/critics.php?code=288

«Né à Singapour, l’un des petits dragons qui ont anticipé la dynamique de la mondialisation et précédé l’émergence des Bric (Brésil, Russie, Inde, Chine), Mahbubani est l’un des intellectuels non européens qui invitent l’Europe à se décentrer. Qu’est-ce à dire ? Il se demande d’abord quels sont les atouts de l’Asie et de quelques autres mondes (Inde, Chine, monde islamique), et les raisons pour lesquelles ils sont sortis de ce qui apparaissait aux yeux des Européens comme un long sommeil ou une pré-histoire. Ensuite, il observe l’Europe depuis l’Asie, s’interroge sur l’affaiblissement du monde occidental et sur les résistances contemporaines à sa domination. De ces observations, faut-il conclure à un relativisme historique ? Non, pour Mahbubani, la désoccidentalisation du monde ne signifie pas que les nouveaux impératifs du leadership mondial induisent un renoncement à des valeurs universelles, à l’État de droit et à la justice sociale. Dans ce contexte d’un décentrement du monde, voire d’un durcissement du monde, les valeurs asiatiques ne sont pas celles que préconisaient Lee Kuan Yew il y a plus d’une décennie maintenant. Elles sont pour Mahbubani, en cela très pragmatique, une mise en situation de valeurs partageables. Merleau-Ponty ne parlait-il pas d’un « universel latéral » invitant à traduire les langues et les pensées ? Mahbubani opère pour sa part une traduction historique en se réclamant d’un pragmatisme philosophique auquel il reproche à l’Amérique d’avoir renoncé. « Nous avons accordé beaucoup d’attention aux philosophies britanniques et européennes, et trop peu à la doctrine pragmatique américaine, jugée moins sérieuse parce qu’elle n’aspirait pas à la vérité absolue, chère à Kant ou à Hegel. Le pragmatisme est pourtant le meilleur guide que nous puissions avoir en ce début de siècle. »

O. M.»

AYA

Vendredi dernier, je suis allée en ville faire une course. Donc trajet habituel, bus/métro. Mais j'avais auparavant commencé la lecture de la bande dessinée Aya, que j'avais réservée depuis un bon moment, attendant d'être inspirée pour bien la savourer. Je l'amène donc avec moi, car quand je commence un bouquin au moment où il m'inspire, il m'est difficile d'arrêter, je me met même parfois à finir un chapitre en marchant lentement dans les couloirs en sortant du métro jusqu'à ma destination... Là, il ne me restait que quelques pages pour finir le livre en entier, mais ce ne fut pas possible: trois personnes au moins m'ont arrêté au fil de ma lecture pour me demander qu'est-ce que c'était cette bande dessinée avec des jeunes Africains ?! Alors je leur passais le livre, ils regardent la couverture, lisent le résumé en arrière, me le remettent, toujours les yeux rivés sur la bande dessinée. En plus cela se passe en Afrique, et ça ne parle pas de famine, de coup d'État, de génocide ou de sida... Wow ! Bravo donc à Marguerite Abouet et Clément Oubrerie pour cette série (ils en sont au Tome 4 je crois) dont la version originale est française, mais c'est la version anglaise que j'ai lu et j'ai adoré. Eh oui, durant la journée dans les quartiers populaires des capitales Africaines, il peut souvent manquer d'eau courante ou d'électricité, et puis tous les enfants n'ont pas la chance d'aller à l'école, mais les gens savent vivre comme on vivrait n'importe où. Ils s'enjaillent bien même !

Un article sur Aya:

http://www.afrik.com/article9668.html

Bonne lecture !