vendredi 3 avril 2009

Génération X - Tout un roman !

Je viens de découvrir que l'expression Génération X a été popularisé par l'écrivain canadien Douglas Coupland et que le X se réfère aux noirs américains qui signent leur nom d'une croix (on se rappelle de Malcom X) et représente une jeunesse sans identité.

Il me faudra trouver ce bouquin. En attendant, en voici un résumé provenant du "Buzz littéraire".

PS: Je trouve les illustrations géniales !

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http://www.buzz-litteraire.com/index.php?2006/02/22/64-generation-x-de-douglas-coupland-le-manifeste-idealiste-anti-yuppie


mercredi 22 février 2006

Génération X de Douglas Coupland : le manifeste idéaliste anti-yuppie

Génération X fait partie de ces petites bibles, de ces guides de survie qui vous donnent soudain l'impression d'y voir clair. Ces livres qui renversent les perspectives et soulèvent le voile poussièreux du prêt-à-penser. Publié en 1989 par Douglas Coupland alors jeune auteur canadien pour la presse, le roman, initialement un feuilleton dans le Vancouver Magazine strictement alimentaire, n'a rien perdu de son actualité. La génération Y ou Z s'y retrouvera. Et c'est même un pur bonheur de le relire régulièrement et de s'émerveiller de l'avant-gardisme de l'auteur, de sa lucidité et de son humour à la fois cynique et tendre.


Difficile de chroniquer ce livre dont on aurait envie de citer chaque phrase ou chaque tête de chapitre...
Pour résumer, il dresse le portrait de trois enfants de la révolution post-soixante huitarde, "nés après la bataille", après l'âge d'or...
Une génération coincée entre les modèles de réussite matérielle exhibée par les baby-boomers (leurs parents) et l'envie de se réaliser vraiment.

Dag, Claire et Andy en sont les trois (anti-)héros, trentenaires, à la recherche de nouveaux repères et bien décidés à ne pas "collaborer" ou "à jouer le jeu".
Retirés dans des bungalows rudimentaires à Palm Springs ("petite ville où des vieux essaient de se racheter une jeunesse et quelques barreaux à l'échelle sociale"), ils ont tous fui leur destinée toute tracée de parfait yuppie de publicitaire ou de courtier... "Nos systèmes centraux avaient disjoncté, brouillé par l'odeur des photocopies, du correcteur, le parfum des titres de bourse et le stress sans fin des boulots absurdes faits à contre-coeur et sans gloire."

Vivotant de petits jobs ou "macjobs"* comme ils les surnomment (vendeuse, barman...), ils déroulent leurs journées paresseuses autour des piscines de leur quartier, de pique-nique dans le désert, de soirées où ils réinventent le monde et maudissent le bourrage de crâne social. Cultivant leur successphobie ("peur que le succès ne fasse oublier les désirs personnels et donc rende incapable d'assouvir ses rêves d'enfance"), ils interrogent leurs anciens collègues : "En quoi méritons-nous nos crèmes glacées, nos chaussures de jogging et nos costumes italiens pure laine ?". Des collègues qui n'auront jamais "les trips de vivre la liberté absolue", "effrayés par l'absence de règles".

Leur programme pour les décennies à venir ? Rien...et surtout pas de plan de carrière ou de crédit immobilier ! Chapitre après chapitre (aux titres en forme de credo : "Je ne suis pas un coeur de cible", "Quitte ton boulot", "Mort à 30, enterré à 70", "Acheter n'est pas créer"...), Coupland démonte, dans un style vif et hilarant, la mécanique hypocrite du système et les mesquineries des bureaux. Outre l'originalité du propos, la forme du livre est elle aussi innovante puisqu'elle reprend, dans les marges, les illustrations pop d'origine signées Paul Leroche, accompagnées de notes parodiant les études sociologiques ou d'aphorismes subliminaux. Notre préférée : La "substituion de statut" qui consiste à "se servir d'un objet à profil intellectuel ou mode pour faire contrepoids à un objet qui ne vaut que du fric : "Brian, tu as laissé ton exemplaire de Camus dans la BMW de ton frère."

Un roman culte, fondateur, à lire et relire, qui préfigure le succès de romans des années 90 tels que Fight Club de Chuck Palahniuk et sa devise "Les objets que nous possèdons finissent par nous posséder" et même "American Psycho" de Brett Easton Ellis.

Un roman qui encore une fois conserve toute sa pertinence aujourd'hui, à l'heure où les consultants en stratégie s'exilent en campagne profonde pour devenir boulanger, ouvrir un gîte au vert ou encore les avocats qui deviennent écrivains...
Le "modèle" aurait-il fait son temps ?

*Mcjob : "boulot à petit salaire, petit prestige, petite dignité, petit profit et sans aucun avenir dans la branche des services."

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