lundi 20 juillet 2009

The Wire

Hier soir, j'ai fini de regarder la série The Wire et je peux le dire, c'est une des meilleures séries, sinon la meilleure série que j'ai jamais vue et il y a de bonnes chances que ça le reste car elle sera difficile à battre. Pourtant l'idée de base n'est pas nouvelle: un ghetto, des trafiquants de drogue, la police qui essaie de les coincer. L'originalité de The Wire ? Les personnages sont développés lentement, au fil de la série, et à la fin on se retrouve avec une fresque étonnante et frappante de vérité de la vie de tous les jours dans une ville américaine à majorité noire et démocrate de la Côte Est du pays. Tout est authentique, les quartiers, les histoires sont plus que basées sur des faits réels, et surtout les personnages le sont plus que tout. Il n'y a pas de héros, que des Hommes.

Prenons le camp des policiers par exemple: on y retrouve des hommes intègres qui ne cherchent qu'à faire leur travail coûte que coûte par qu'enfin, il faut bien que quelqu'un le fasse. Mais il y a aussi des gens qui ne sont là que pour calmer les vagues et qui, rendus cyniques et las par le métier, ne cherchent qu'à passer le temps le plus tranquillement possible d'ici la retraite. Et enfin il y a ceux qui calment aussi les vagues mais qui s'approprient une petite part du gâteau au passage, et cherchent à aller à la retraite avec le plus de galons possible quitte à se salir les mains et surtout la conscience de temps en temps.

Dans le cas des trafiquants, c'est pareil: on y retrouve des hommes qui vivent avec le code d'honneur de la rue, qui sont constants et cohérents dans ce qu'ils font, et il y a ceux qui vivent avec leurs propres règles qu'ils changent selon la direction des vents, ne reculant devant rien, pas même la traîtrise.

Ma saison préférée, c'est la saison 4. Aux personnages des policiers et des trafiquants de drogue se sont ajoutés les personnages des enfants, des jeunes - qui sont censés n'être qu'à l'école et qui finissent dans la rue à vendre de la drogue - et aussi les personnages des politiciens - qui ont été développés d'une main de maître. C'est le camp de ces derniers que j'ai le plus apprécié: là-dedans pas d'extrême, tout le monde est flexible et nage plus ou moins dans le gris. Il y a une loi de physique qui y est bien décrite: il est difficile de s'envoler sans lâcher du lest. La saison 5 a ensuite brillamment conclu la série avec l'ajout des journalistes, des médias. Chez eux aussi, il faut avoir le courage de tordre la vérité pour se faire une place au soleil. Mais on ne tort que la vérité, pas la réalité.

Qu'est-ce qui m'a marqué le plus ? C'est de voir un enfant calme et intelligent qui a eu la malchance de ne pas connaître son père et d'avoir une mère alcoolique. Il allait à l'école sans rien dans le ventre et sans avoir même pris une douche. Sa mère l'a finalement abandonné en partant avec un autre homme et au même moment, il était censé s'inscrire au secondaire. Évidemment, quand on n'a même plus un endroit pour dormir, c'est difficile de s'inscrire au secondaire. Il est plus rationnel de travailler dans la rue à vendre de la drogue et en échange se faire héberger par un pote pas tellement plus âgé mais qui vit aussi le même type de situation, parfois en pire. N'étant pas assez solide pour le milieu de la drogue, il finit par commencer à chercher du travail, mais il est mineur et ne peut se procurer un permis de travail. Il finit alors littéralement dans la rue, et la drogue il ne la vend toujours pas, non, il l'achète... Le rêve américain existe bel et bien. C'est juste que la probabilité pour qu'il se réalise pour certains est infime. C'est pourquoi je n'ai jamais pu comprendre comment on pouvait s'asseoir dans son salon et dire des phrases du genre "quand on veut, on peut", "il faut arrêter de blamer le système", etc. Les gens qui tentent de survivre, ils font ce qu'ils peuvent tous les jours. Et aux États-Unis comme partout ailleurs dans le monde, certains d'entre eux s'en sortent (comme Jay-Z ou Colin Powell pour prendre des gens célèbres) et d'autres non, c'est tout. Et personne ne s'en sort tout seul. Dans la série, un de ces jeunes qui n'était pas fait non plus pour le dur milieu de la rue et qui était doué à l'école a été adopté par un retraité de classe moyenne et il a pu continuer d'aller à l'école pour faire son secondaire. Ça c'est du concret. Le reste, de la théorie.

Bon, c'est vrai, c'est un peu sombre comme série. Mais que voulez-vous ? That's life ! Et il faut la prendre comme elle est. Toujours.

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Un résumé de The Wire sur un autre blog:
http://blog.mondediplo.net/2008-12-05-Shakespeare-a-Baltimore

The Wire sur Envoyé Spécial:
http://www.dailymotion.com/video/x1vwy3_the-wire-saison-5-envoye-special_creation

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