mardi 22 septembre 2009

« À cœur ouvert » avec M. Ousseynou Diop


Voici une entrevue avec M. Ousseynou Diop que j'ai trouvée sur le site du Regroupement Général des Sénégalais du Canada (RGSC). Je la partage avec vous (Tous droits réservés par le RGSC).





3 septembre 2005

Entrevue avec : M. Ousseynou Diop

M. Ousseynou Diop est d’origine sénégalaise et il est très attaché à son identité culturelle et à sa Terre d’Afrique, et c’est avec fierté que le Québec peut le compter parmi les siens depuis plus de 30 ans! Toujours présent lors des grands événements du RGSC, Ousseynou Diop ne laisse personne indifférent, tant par sa personnalité chaleureuse que par sa présence agréable et accueillante.

Il a laissé sa trace au Québec au fil des ans : Journaliste dans ses débuts de carrière, il fut directeur des opérations à « Radio-Canada International » pendant de très nombreuses années. Il y a plus de 21 ans, il a co-créé le festival « Vues d’Afrique » dont la renommée n’est plus à faire et qui jouit d’un prestige mondial. Il est maintenant Président du Conseil d’Administration et mets toujours autant d’ardeur et de passion à faire la promotion du Cinéma Africain. Il a également mis sur pied la « Chambre de commerce et d’industrie africaine au Canada ». Entre temps, nous avons eu le grand plaisir de le voir au cinéma dans divers films, tel que le récent film « Madame Brouette » qui a été projeté sur nos écrans de cinéma au Québec (ce qui n’est pas courant – malheureusement – pour les films africains). Il a également joué dans les films « Pour ceux qui savent » et « Touki-Bouki (Le voyage de la hyène) ». Ce n’est pas tout, la télévision québécoise a également profité de ses talents lorsqu’il a fait apparition dans la très populaire émission « La petite vie » ainsi que dans quelques autres émissions de télévisions.

M. Diop est un « pince-sans-rire » qui aime mettre les gens à l’aise autours de lui. C’est un très grand communicateur qu’il fait plaisir à écouter, son amour pour la langue française ne fait aucun doute. Il semble qu’il adore faire la cuisine, alors espérons qu’il nous fera part de sa recette préférée…

M. Ousseynou Diop, merci infiniment de bien vouloir répondre « À cœur ouvert » à nos nombreuses questions afin de nous permettre de mieux vous connaître et partager votre expérience avec vos frères et sœurs sénégalais et sénégalophiles. Nous savons qu’il n’est pas toujours facile de se livrer à cœur ouvert comme vous allez le faire, mais quelle joie de pouvoir partager son expérience personnelle de vie et de permettre à la communauté sénégalaise de se connaître mieux!


RGSC : Racontez-nous un peu votre vie au Sénégal.

En fait je dois commencer par raconter qu’à l’inverse de la majorité de mes compatriotes, je suis né sur un paquebot, en haute mer alors que mes parents revenaient au Sénégal en pleine deuxième guerre mondiale. Ma prime jeunesse s’est déroulée en Guinée, alors colonie française et nous vivions dans la ville de Kindia. J’y ai commencé l’école primaire chez les Pères Blancs, bien que notre famille soit musulmane. C’est en 1949 que mon père a regagné son poste à Dakar et que mes frères et moi avons vraiment découvert notre pays : Le Sénégal ! Nous vivions dans le quartier de la Médina (Tillène), près de la résidence de Médine et de la fameuse école Médine immortalisée par André Demaison. Mes copains de jeux vivaient entre Diekko et la Gueule tapée. À l’école primaire, j’allais au ‘Petit Lycée’ de la Rue Thiers; le secondaire s’est fait en deux temps; d’abord au Lycée Van Vollenhoven jusqu’au brevet puis à Delafosse puisqu’ils avaient ouvert un département de chimie et mes aspirations étaient scientifiques ! Les études supérieures se sont brièvement poursuivies à la faculté de sciences de l’Université de Dakar puisque j’ai réussi au concours qui devait me mener en France recevoir ma formation en pétrochimie.

Les hasards de la vie (sic) m’ont mené vers les communications et au lieu de la raffinerie de Mbao, ce fut Radio Sénégal qui m’accueillit pour mon premier emploi ! Je suis retourné en France pour étudier la radio et le journalisme puis, de retour je me suis fait un nom à Radio Sénégal en animant de nombreuses émissions pour les jeunes dans les années 60 (l’époque des « idoles » et les jeunes se cherchaient une identification avec des vedettes des arts dans ce foisonnement de stars et d’idoles -fabriquées ou réelles-)! J’ai eu la chance de frapper dans le mille et surtout d’avoir été sincère dans ce monde artificiel !

À cette époque, j’ai aussi la chance de me trouver proche du cratère qui vit la naissance de notre cinéma national et j’ai participé comme acteur à plusieurs films devenus des classiques.

Tout au long de ce parcours, j’ai eu la chance de bénéficier d’une ambiance familiale exceptionnelle : bien que bigame, mon père, fonctionnaire dans l’administration coloniale française, avait des idées très libérales et très ouvert sur le multiculturalisme, ce qui se reflétait dans la variété des visiteurs qui venaient à la maison.

Nos ‘deux’ mères nous entouraient de la même affection, sans rivalité ni jalousie ! (nous étions 6 enfants, tous de la même mère). Vraiment une jeunesse heureuse que beaucoup de nos amis nous enviaient.

RGSC : Avez-vous voyagé avant d'arriver au Canada?

Oui, d’abord, j’ai abondamment voyagé au Sénégal pour retrouver durant les vacances mes copains de classe, mais aussi parce que je faisais partie des Routiers (scouts) de Delafosse. Plus tard quand je suis allé en Europe, j’ai mis à profit mon séjour et les facilités de voyage et d’échanges offerts aux étudiants pour découvrir les pays limitrophes de la France. De retour au Sénégal, j’ai eu très vite l’envie de découvrir nos pays voisins : la Mauritanie, la Gambie, le Mali, malheureusement pas la Guinée, pays de ma prime enfance (Sékou Touré était toujours là avec ses chiens de garde). Je n’y suis retourné qu’en 1981 (pour Vues d’Afrique).

RGSC : Quel fut votre cheminement pour arriver au Canada ? Pourquoi l'avoir choisi ?

Quand j’étais jeune, le Canada c’était très loin ! Mon jeune frère a ouvert le chemin quand il est venu perfectionner l’art et la science du pilotage des avions à Cartierville. C’était durant l’Expo 67. Comme nous avions nos licences de radio amateur (6W8DQ) et qu’il y avait une station d’émission à l’Expo, nous avions de fréquentes conversations sur les ondes courtes et il nous racontait sa perception des grands espaces qu’il voyait des airs !

C’est là que la fascination pour le Canada a pris naissance.

Dans les années 70, il y avait beaucoup d’incertitudes au Sénégal surtout si on voulait demeurer hors du cercle des politiquement « déclarés » tout en restant un personnage public… et j’en étais un ! Alors, je me suis souvenu des grandes étendues du nord américain et j’ai fait mon choix !

RGSC : Quand êtes-vous arrivé au Canada et comment s'est passée cette arrivée?

Je suis arrivé à la fin du mois de Février 1973… J’ai tout de suite su qui était le Général Hiver. J’étais motivé, je suis passé à travers cette première épreuve et j’ai trouvé du travail comme réalisateur à Radio Canada International et ma première grande mission fut de couvrir avec l’équipe, la Superfrancofête de 1974 à Québec. Quelle expérience ! Je suis bien sûr passé par tous les problème des immigrants, à part le climat, trouver un bon appartement, s’équiper en conséquence et fonder sa famille (dans mon cas, ma deuxième famille; j’avais essayé déjà au Sénégal).

RGSC : Le Québec : quelles sont vos impressions?

J’ai tout de suite aimé le Québec, il faut dire que dès mon arrivée, j’ai été actif au niveau du « rapprochement interculturel » très important à l’époque; le Québec s’ouvrait au monde et à la francophonie ! J’ai gardé de nombreux amis Québécois avec lesquels j’ai partagé de grandes expériences humaines qui nous ont permis de bien se comprendre mutuellement. Nous avons partagé nos passions, nos rêves.

RGSC : Pourriez-vous nous présenter votre famille?

Mon épouse Aïssatou est d’origine Guinéenne et a grandi au Sénégal. Elle a également beaucoup voyagé aussi bien pour ses études que pour suivre sa famille qui était dans la diplomatie et plus tard son travail d’interprète de conférences. J’ai quatre enfants, béni de dieux, j’ai trois filles et un fils vivant tous ici au Québec. Il/elles sont tous adultes et autonomes.

RGSC : Votre épouse vous a fait un très grand cadeau, pourriez-vous nous raconter ?

Bien sûr, je n’arrête pas de la louer sur tous les tons, car Aïssatou m’a fait un don inestimable puisqu’en me donnant un de ses reins, elle m’a donné une ‘seconde hypothèque’ sur la vie. Que Dieu lui rende au centuple cette générosité ! Effectivement, il y a quatre ans, ma fonction rénale a commencé à décliner dangereusement et j’allais faire face à l’hémodialyse ! En bonne épouse, Aïssatou a rencontré mes médecins et a offert à mon insu de donner un de ses reins pour la transplantation ! Il se trouve que nous sommes biologiquement compatibles en plus de l’être matrimonialement… Elle s’est battue avec les toubibs qui craignaient un mouvement de pression de ma part et finalement les a convaincus que sa démarche était délibérée et sans obligations.
Voilà, maintenant je peux dire que « je l’ai sous ma peau » (au moins une partie.)

RGSC : Parlez-nous de votre domaine professionnel et des beaux projets qui ont jalonnés votre vie.

Quand je suis arrivé à Montréal, j’avais déjà fait mes ‘classes’ dans le métier de journaliste et en réalisation au Sénégal tout comme en France; je disais alors que je venais apprendre le pragmatisme et l’esprit de méthode nord-américains. Mon ouverture d’esprit m’a permis de m’insérer facilement dans l’équipe de Radio Canada International. De plus, curieux de connaître ‘mon nouveau pays’, je me suis porté volontaire pour tous les reportages au quatre coins du Canada et j’en ai fait des kilomètres en avion, auto, motoneige, bateau… Ce faisant, j’accumulais une grosse expérience canadienne. J’ai forcément développé une grande polyvalence puisque je couvrais aussi bien les sujets scientifiques, culturels, sportifs que l’anthropologie, la politique ou encore le développement. L’occasion m’a été donnée (en 1981-82) de faire le point sur toutes ces expériences quand j’ai été invité à aller donner un cours de journalisme et d’expression radiophonique au CESTI (Centre des études des sciences et techniques de l’information) de l’Université C.A. Diop de Dakar. La boucle se bouclait pour la première fois, je pouvais enfin partager avec une génération plus jeune, mes expériences, et me livrer à une réflexion ordonnée sur le chemin que j’avais parcouru.

RGSC : Quels sont vos intérêts et passions ? Qu'aimez-vous particulièrement?

Outre ma famille, je mettrais en tête la nature; je ne me considère pas comme un écolo acharné, je suis bien dans la nature et je "récolte" avec sagesse ce qu’elle m’offre. Je pratique la pêche et la chasse…aux grands gibiers comme aux migrateurs; des fois, cela crée une certaine commotion chez les Nemrod québécois…. quand ils me rencontrent dans les étendues enneigées et désertiques de la Baie James par –40C en train de poursuivre les caribous!

J’ai fait ma carrière comme journaliste, animateur et réalisateur en radio. Ce métier m’a permis de me réaliser comme communicateur. Je suis arrivé à Radio Sénégal avec le première vague des Sénégalais qui, à l’indépendance, ont pris la relève des Français qui servaient dans leur ancienne colonie. Mes études scientifiques m’ont d’abord permis de vulgariser efficacement des connaissances en sciences pour un auditoire avide d’apprendre. Mon amour de la musique et ma fougueuse jeunesse m’ont fait animer avec grand succès pendant des années INTER JEUNES VARIÉTÉS qui fut longtemps un point de référence sur la musique soul et le R’N’B. Le microphone semblait être un appendice naturel de ma personne ! J’ai toujours cette flamme et cet amour du public quand j’ai un micro et un auditoire devant moi

L’aviation m’a toujours fasciné. À Dakar, j’étais membre de l’Aéro-club de Dakar. J’ai appris à construire et faire voler des modèles de planeurs et de moto modèles, puis j’ai eu l’occasion de piloter des vrais avions légers. J’ai semé cette passion de l’air dans ma famille et deux de mes jeunes frères sont devenus des pilotes de jet commerciaux. Tous les deux ont eu leur formation de pilotes commerciaux ici au Québec… C’est l’un de ces frères, d’ailleurs, qui m’a incité à visiter le Canada et j’y suis toujours !

Mon autre passion, c’est le cinéma. J’ai eu la chance d’assister et de participer en quelque sorte à la naissance du cinéma sénégalais. Arrivé au Canada, j’ai fait partie du groupe qui a créé les Journées du cinéma africain et créole (Vues d’Afrique) qui vient de clore sa 21ème édition qui rendit hommage au cinéma sénégalais. J’ai aussi participé, comme acteur, à cinq films. J’écris des scénarios et je fréquente les festivals de cinéma.

RGSC : Il semble que vous aimez beaucoup faire la cuisine…

Là, c’est purement par gourmandise ! Mes deux ‘mères’ étaient d’excellentes cuisinières et j’ai toujours mangé une variété de bons plats, même quand les choses étaient difficiles au pays. Plus tard, étudiant en France, ma bourse ne me permettait pas de m’asseoir à la table de la réputée bonne bouffe française et j’avais horreur de la bouillie des restau-u! Alors, j’ai commencé timidement et laborieusement à apprendre à me faire ma propre nourriture. Puis, j’ai travaillé pour arrondir la bourse dans des cuisines de restaurants me faisant copain avec des vrais chefs qui m’ont vite appris les rudiments de base d’une bonne cuisine… ensuite le goût, la curiosité et le succès auprès des copains et copines ont fait le reste ! Mais jamais je n’ouvrirais de restaurant à moi… c’est certainement l’un des métiers les plus durs !

RGSC : Quelles sont vos idoles? Quelles personnes admirez-vous profondément?

Philosophiquement, je ne crois pas à l’idolâtrie, je peux dire qu’il y a des personnes qui m’ont impressionné et dont j’ai essayé de retenir les enseignements. J’ai beaucoup admiré Léopold Senghor et Cheikh Anta Diop même si leurs credo politique divergeaient, Nelson Mandela m’a impressionné par son courage politique et son attachement à son engagement tout comme Martin Luther King d’ailleurs. Sur le plan cinéma, les noms de Ousmane Sembène, Djibril Diop Mambety Safi Faye et Johnson Traoré reviennent souvent dans mes cogitations; j’aurais aimé pouvoir admirer chez moi des tableaux de Bocar Diong, Ibou Diouf ou Viyé Diba; en musique incontestablement Otis Redding et James Brown m’ont toujours accompagné suivis de Bob Armstrong (Guinéa Jazz Band) et Dexter Johnson (Star Band de Dakar) qui m’ont initié par leur musique aux nuits de Dakar ! Des femmes de tête de chez nous ont fait de moi l’homme que je suis devenu : Hadja Fatime Ndiaye ma mère, Annette Mbaye D’Erneville à la couronne d’argent l’écrivaine Nafissatou Niang, Christiane Diop de Présence Africaine.

RGSC : De quelle façon avez-vous entendu parler du RGSC ? Comment vous y êtes-vous intéressée?

Je fais partie des anciens Sénégalais de Montréal qui ont fondé avec le leadership de Bara Mbengue de Mountaga Diallo et de Pape Diop la première association des Sénégalais à Montréal; avec l’évolution, la naissance du RGSC était tout à fait naturelle et adéquate. Le RGSC fait du bon travail et je les encourage a persévérer.

RGSC : Enrichi de votre expérience personnelle, quels conseils donneriez-vous aux nouveaux arrivants?

Il y a beaucoup de choses à dire à ce chapitre. D’abord au Sénégal on a la tradition du « donner et du recevoir », nous sommes les champions de la Téranga; il ne faut pas perdre ces notions de vue. À partir du moment qu’on a choisi de vivre dans un autre pays, la moindre des choses est « d’apprendre » ce pays qui va devenir le nôtre à brève échéance. C’est à nous de créer les conditions qui vont faciliter une adaptation harmonieuse. Le grégarisme et le retournement sur soi ne faciliteront pas les choses. On sait au départ qu’on a choisi un pays au climat rude; il faudra vivre avec ce climat et non pas contre lui ! (un ennemi de moins !) Au niveau de la société dans laquelle on évolue, on aura souvent à faire face à des individus très ignorants de nos us et coutumes (tout comme nous le sommes des leurs d’ailleurs!) Un pont de bonne volonté doit être jeté qui permettra une compréhension mutuelle. Pour le travail qui est la partie la plus difficile pour tout immigrant (noir ou autre) qui arrive au Québec, il faut s’assurer d’avoir toutes les armes et outils avec soi pour défendra sa candidature. Nous sommes très orgueilleux de nature, mais il faudra au début accepter parfois des conditions qui ne sont pas idéales afin d’avoir au moins le pied à l’étrier et une fois qu’on est dans la place, la diligence, les compétences personnelles seront mises en valeur et permettront aux employeurs d’avoir une autre vision sur nous au delà des idées reçues. Le Québec est un beau pays et, malgré ce qu’en disent certains, chacun peut y créer sa niche. Dites-vous qu’au bout du compte, nous allons changer sans perdre notre identité mais tout seul, c’est illusoire de croire que l’on imposera une vision unique (et peut-être déraisonnable).

Finalement, écoutez ce que vous disent ceux qui vous ont précédés dans ce pays tout en vous gardant des idées noires et négatives de ceux qui ne s’adapteront jamais nulle part (fut-ce au Sénégal même). Rien ne vaut sa propre expérience.

RGSC : Quel message aimeriez-vous communiquer à l’ensemble des sénégalaises et sénégalais qui sont au Canada?

Mon message sera un message de fraternité. Toutes les communautés culturelles montrent une grande cohésion et leur présence au Québec est remarquée et certaines de ce communautés sont très efficaces et deviennent des partenaire notables avec lesquels les dirigeants sont obligés de compter. Nous devons nous en inspirer, le RGSC a commencé un travail de rapprochement avec les autres Africains; cette démarche doit être soutenue par toute la communauté afin que nous devenions en tant que groupe une force de par notre présence.

J’ose aussi lancer une pierre dans le marigot : nous vivons au 21ème siècle et nous sommes en Amérique du Nord. Nos compagnes doivent recevoir le traitement qui leur est dû. Ici, les femmes n’ont pas le soutien familial qu’elles ont au pays donc, nous sommes généralement, nous les maris, les frères, leur seul support; nous leur devons aide et assistance, nous devons les respecter, les considérer égales à nous et ensemble, travailler à s’intégrer dans ce pays afin qu’elles ne soient pas seulement des spectatrices muettes qui n’auront pas autre chose à raconter au pays que les programmes qu’elles voient à la télé. Ce n’est pas parce qu’elles apprendront à vivre avec une certaine liberté en Amérique du nord qu’elles perdront leurs valeurs, bien au contraire; elles seront nos partenaires dans toutes les démarches que nous entreprendrons, nos chances seront doublées et vous serez étonnés de la rapidité avec laquelle nos sœurs comprennent le système, le maîtrisent et le met à notre profit commun.

RGSC : Parlez-nous de votre vision du Sénégal d'aujourd'hui et de demain

Je ne veux pas étaler ici mes convictions politiques, mais je peux dire que je suis, comme certainement de nombreux Sénégalais de l’étranger, très attentif à propos de la situation qui prévaut chez nous. Il y avait beaucoup d’espoirs… j’espère que la déception ne sera pas notre lot. Le monde parfait n’existe pas et seul le temps permet de porter un jugement. Notre pays demeure encore un pays jeune et bien que nous ayons été épargnés par les grosses calamités politiques ou autres, il ne faudrait pas que l’on permette que le désordre entre dans la maison. Toutefois, je vois de nombreux jeunes Sénégalais diplômés, avec une conscience politique et sociale bien ancrée qui seront les prochains décideurs. Leur expérience à l’étranger devrait faire la différence cette fois. Leurs pères et mères n’avaient peut-être pas acquis cette maturité quand ils ont pris les rênes à leur tour… je suis un éternel optimiste !

RGSC : Quels sont vos rêves, vos ambitions et vos projets?

D’abord pour notre communauté, je rêve d’une plus grande cohésion, une entente sans arrière-pensées, je rêve d’une plus grande présence de notre pays ici (au Québec et au Canada). Nous avons de nombreuses réalisations dont nous pouvons êtres très fiers que nous aurions intérêt à montrer à nos nouveaux compatriotes d’Amérique du nord. Nos hommes et femmes d’affaires auraient aussi un grand intérêt à travailler plus assidûment à créer un flux commercial vers le Canada. Mon ambition est de voir nos jeunes Séné-béquois prendre leur place à la barre des plus grandes institutions de ce pays qui est maintenant le nôtre !

En terme de projets, j’en ai beaucoup et il est plus facile d’en parler quand on les a menés à terme ! Toutefois, Vues d’Afrique que nous avons créé il y a 22 ans continuera son chemin et suivra toujours sa mission de faire connaître par des manifestations publiques les cultures de notre continent d’origine. Nous allons greffer de nouvelles activités qui augmenteront notre rayonnement et l’on parlera toujours d’Afrique ici. Ce que je regrette, c’est de ne pas avoir assez de jeunes compatriotes qui s’intéressent assez à l’organisme pour venir participer, amener des idées novatrices et pousser les « vieux » dinosaures que nous sommes pour prendre la place. La porte est ouverte et c’est un défi que je lance aux jeunes !

Merci d’avoir pris le temps de lire mes élucubrations… je les partage et je les assume!

RGSC :

Un grand merci Ousseynou d’avoir bien voulu participer à cette entrevue et d’avoir accepté de vous livrer ouvertement au profil de nos lecteurs sénégalais et sénégalophiles. Merci de nous avoir permis de vous connaître mieux.

Au nom du Bureau Exécutif et du Conseil d’Administration, nous vous redisons merci pour votre attachement envers le RGSC et toute notre gratitude de bien vouloir animer bénévolement certaines de nos soirées. Votre professionnalisme rehausse la qualité de ces soirées. Nous vous en remerçions.

Votre expérience et votre vécu en Terre Québécoise sont des éléments de motivation pour beaucoup de sénégalais(es). Merci encore une fois d'avoir bien voulu partager avec nous, "À coeur ouvert" !

Propos recueillis par Julie "Bintou" Bienvenue webmaster@rgsc.ca


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